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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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fonction est la perception <strong>de</strong>s excitations provenant du mon<strong>de</strong> extérieur et <strong>de</strong>s sensations <strong>de</strong><br />

plaisir/déplaisir émanant <strong>de</strong> l’intérieur <strong>de</strong> l’appareil <strong>psychique</strong>.<br />

Ce système, dénommé Cs, consiste en une couche corticale sensible et présente les caractéristiques<br />

principales suivantes : d’être à la frontière <strong>de</strong> l’intérieur et <strong>de</strong> l’extérieur, d’être tourné vers<br />

l’extérieur et d’envelopper les systèmes <strong>psychique</strong>s internes, et enfin d’être doté d’un système <strong>de</strong><br />

pare-excitations. Ce <strong>de</strong>rnier consiste en une sorte d’enveloppe protectrice « qui tient l’excitation à<br />

l’écart », <strong>de</strong> sorte que « les énergies du mon<strong>de</strong> extérieur ne peuvent ainsi transmettre qu’un<br />

fragment <strong>de</strong> leur intensité aux couches voisines ». Cette fonction pare-excitatrice « est presque plus<br />

importante que la réception d’excitations » car elle protège <strong>de</strong>s énergies excessives et a pour tâche<br />

<strong>de</strong> ne prélever <strong>de</strong> l’extérieur que la juste quantité d’excitation néc<strong>essai</strong>re à l’organisme pour en<br />

connaître la nature et la direction. L’image d’une vésicule vivante est employée à plusieurs reprises<br />

pour illustrer l’ensemble <strong>de</strong> ce système.<br />

Quant aux excitations internes elles ne sont pas soumises au pare-excitations et consistent en les<br />

sensations <strong>de</strong> plaisir/déplaisir :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Face à l’extérieur il y a un pare-excitations et les sommes d’excitation qui arrivent n’agiront que dans<br />

une mesure réduite ; du côté <strong>de</strong> l’intérieur, il ne saurait y avoir <strong>de</strong> pare-excitations, les excitations<br />

provenant <strong>de</strong>s couches plus profon<strong>de</strong>s se transmettent directement au système sans subir <strong>de</strong><br />

diminution, en même temps que certains caractères <strong>de</strong> leur cours engendrent la gamme <strong>de</strong>s<br />

sensations <strong>de</strong> plaisir/déplaisir. Il est vrai que les excitations internes seront par leur intensité et par<br />

d’autres caractères qualitatifs (peut-être par leur amplitu<strong>de</strong>) plus adéquates au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>travail</strong> du<br />

système <strong>de</strong> celles qui affluent du mon<strong>de</strong> extérieur. Mais les <strong>de</strong>ux conséquences décisives <strong>de</strong> cet état<br />

<strong>de</strong> chose sont : premièrement, la prévalence sur toutes les excitations externes <strong>de</strong>s sensations <strong>de</strong><br />

plaisir-déplaisir qui servent d’in<strong>de</strong>x aux processus intérieurs à l’appareil ; <strong>de</strong>uxièmement, un<br />

comportement dirigé contre les excitations internes susceptibles <strong>de</strong> produire une trop gran<strong>de</strong><br />

augmentation <strong>de</strong> déplaisir. De là une tendance à les traiter comme si elles n’agissaient pas <strong>de</strong><br />

l’intérieur mais <strong>de</strong> l’extérieur pour pouvoir utiliser contre elles le moyen <strong>de</strong> défense du pareexcitations.<br />

Telle est l’origine <strong>de</strong> la projection qui joue un si grand rôle dans le déterminisme <strong>de</strong>s<br />

processus pathologiques. 1<br />

D’où une première définition du traumatisme, version « névrose traumatique » :<br />

Nous appelons traumatiques les excitations externes assez fortes pour faire effraction dans le pareexcitations.<br />

Je crois qu’on ne saurait comprendre le concept <strong>de</strong> traumatisme sans le mettre ainsi en<br />

rapport avec la notion d’une mise à l’écart, d’ordinaire efficace, <strong>de</strong>s excitations. Un événement<br />

comme le traumatisme externe provoquera à coup sûr une gran<strong>de</strong> perturbation dans le<br />

fonctionnement énergétique <strong>de</strong> l’organisme et mettra en mouvement tous les moyens <strong>de</strong> défense.<br />

Mais ici le principe <strong>de</strong> plaisir est tout d’abord mis hors d’action. Il n’est plus question d’empêcher<br />

l’appareil <strong>psychique</strong> d’être submergé par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s sommes d’excitation ; c’est bien plutôt une autre<br />

tâche qui apparaît : maîtriser l’excitation, lier <strong>psychique</strong>ment les sommes d’excitation qui ont pénétré<br />

par effraction pour les emmener ensuite à la liquidation. 2<br />

Quant à la « névrose traumatique commune », elle serait la « conséquence d’une effraction étendue<br />

du pare-excitations ». Mais contrairement aux anciennes théories privilégiant comme étiologie le<br />

choc mécanique, c’est un facteur purement <strong>psychique</strong> qui en constitue la cause : « l’effroi ». Et celuici<br />

« trouve sa condition dans le manque <strong>de</strong> préparation par l’angoisse ». Dans cette logique,<br />

l’angoisse a pour fonction la préparation <strong>de</strong>s systèmes récepteurs <strong>de</strong> l’excitation, et une effraction<br />

1 Ibi<strong>de</strong>m, p. 77-78.<br />

2 Ibi<strong>de</strong>m, p. 78.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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