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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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qui les apparenterait plutôt aux névroses actuelles. Elles échapperaient ainsi à l’étiologie sexuelle <strong>de</strong>s<br />

névroses <strong>de</strong> transfert.<br />

Mais c’est finalement aux névroses narcissiques qu’il les rattache car elles ouvrent à une solution,<br />

celle offerte par le concept <strong>de</strong> « libido narcissique » :<br />

C’est seulement par l’établissement et le maniement du concept <strong>de</strong> « libido narcissique », c’est-à-dire<br />

d’une quantité d’énergie sexuelle qui est attachée au moi lui-même et s’en rassasie comme elle ne le<br />

fait habituellement que <strong>de</strong> l’objet, qu’on a réussi à étendre la théorie <strong>de</strong> la libido même aux névroses<br />

narcissiques, et ce développement ultérieur tout à fait légitime du concept <strong>de</strong> sexualité promet <strong>de</strong><br />

réaliser pour ces névroses plus grave et pour les <strong>psycho</strong>ses tout ce que l’on peut attendre d’une<br />

théorie progressant empiriquement par tâtonnements. La névrose traumatique (<strong>de</strong> paix) s’insérera<br />

elle aussi dans cet ensemble une fois que les recherches sur les rapports indubitablement existants<br />

entre frayeur, angoisse et libido narcissique seront parvenues à un résultat. 1<br />

Il ajoute :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Alors que les névroses traumatiques et les névroses <strong>de</strong> guerre parlent à tout rompre <strong>de</strong> l’influence du<br />

danger menaçant la vie, et pas du tout ou pas assez clairement <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la « frustration d’amour »,<br />

en revanche toute revendication étiologique du premier <strong>de</strong> ces facteurs, si puissant là où il apparaît,<br />

est absente dans les névroses <strong>de</strong> transfert habituelles du temps <strong>de</strong> paix. 2<br />

En raison <strong>de</strong> cette différence essentielle, l’on pourrait penser que l’on n’a pas affaire à <strong>de</strong> véritables<br />

névroses, que les « névroses <strong>de</strong> danger » n’en sont pas véritablement, pas plus que les troubles<br />

consécutifs à un effroi. Ce à quoi Freud oppose :<br />

Dans les névroses traumatiques et les névroses <strong>de</strong> guerre, le moi <strong>de</strong> l’homme se défend contre un<br />

danger, qui le menace <strong>de</strong> l’extérieur ou qui, par une modification du moi, va jusqu’à prendre corps<br />

pour lui ; dans les névroses <strong>de</strong> transfert du temps <strong>de</strong> paix, le moi voit dans sa libido elle-même<br />

l’ennemi, dont les revendications lui paraissent menaçantes. Dans les <strong>de</strong>ux cas le moi a peur d’être<br />

endommagé : ici par la libido, là par les violences extérieures. Bien plus, on pourrait dire que dans les<br />

névroses <strong>de</strong> guerre, à la différence <strong>de</strong>s névroses traumatiques pures et par rapprochement avec les<br />

névroses <strong>de</strong> transfert, ce qui fait peur, c’est bel et bien un ennemi intérieur. <strong>Le</strong>s difficultés qui font<br />

obstacle à une telle conception unifiante ne semblent pas insurmontables ; on peut tout <strong>de</strong> même à<br />

juste titre caractériser le refoulement, qui est à la base <strong>de</strong> toute névrose, comme une réaction à un<br />

traumatisme, comme une névrose traumatique élémentaire. 3<br />

b) La pulsion <strong>de</strong> mort ou l’au-<strong>de</strong>là du principe <strong>de</strong> plaisir<br />

<strong>Le</strong>s problèmes théoriques soulevés par la question <strong>de</strong>s névroses <strong>de</strong> guerre semblent avoir<br />

réactualisé l’intérêt pour une entité clinique, la névrose traumatique, qui paraissait pourtant avoir<br />

été définitivement écartée par sa réduction en 1892 dans la Communication Préliminaire à une<br />

simple variante <strong>de</strong> l’hystérie. C’est sur celles-ci que Freud en 1920 fait retour avec un texte qui<br />

marque un nouveau tournant dans son œuvre, Au-<strong>de</strong>là du principe <strong>de</strong> plaisir.<br />

L’écrit s’attache à examiner tout un ensemble <strong>de</strong> faits qui semblent échapper au moins en partie à ce<br />

qu’il considérait comme l’unique principe régissant la vie <strong>psychique</strong>, le principe <strong>de</strong> plaisir :<br />

1 Freud S. (1918) : L’introduction à la psychanalyse <strong>de</strong>s névroses <strong>de</strong> guerre, In S. Freud (1998), Résultats, Idées<br />

problèmes, tome 1, PUF, Paris, p. 246.<br />

2 Ibi<strong>de</strong>m, p. 246.<br />

3 Ibi<strong>de</strong>m, p. 247.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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