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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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libérale, comme juste, parce qu’elle tient ce qui est pour ce qui doit être. Il n’y a donc nul besoin d’une<br />

action correctrice <strong>de</strong> la société sur la nature, d’une justice sociale opposée à celle <strong>de</strong> la nature. 1<br />

56<br />

Si le libéralisme naissant pose l’égalité entre citoyens, celle-ci est à entendre dans une stricte et<br />

étroite acception : elle garantit un ensemble <strong>de</strong> droits minimums mais ne contraint à aucune<br />

obligation, sinon celle <strong>de</strong> ne pas empiéter sur la liberté d’autrui. Et si une responsabilité existe bien,<br />

dont chaque citoyen doit rendre compte à la collectivité, elle est exclusivement rattachée à la<br />

commission d’une faute. Quant à la fraternité et la solidarité, elles sont certes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs au<br />

fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’ordre social nouveau, mais il semble exclu d’en faire une source d’obligations légales<br />

car, selon ces mêmes principes, le droit ne saurait contraindre quiconque à faire quoique ce soit ; la<br />

loi n’a <strong>de</strong> légitime qu’à faire obstacle à ce qui nuit aux individus et à la collectivité, mais certainement<br />

pas d’obliger quiconque à quoique ce soit.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Il en ressort en toute logique « …que personne ne peut se décharger sur autrui du poids <strong>de</strong><br />

son existence, <strong>de</strong>s coups du sort ou <strong>de</strong>s malheurs qu’il peut subir, sauf au cas où ils auraient été<br />

causés par quelqu’un qui aurait enfreint la règle suprême <strong>de</strong> la coexistence <strong>de</strong>s libertés. » (F. Ewald,<br />

p 64). Et même s’il peut être reconnu que <strong>de</strong>s causes non imputables à notre volonté ou à nos<br />

actions puissent engendrer <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts (maladies blessures, catastrophe, guerres…) allant à<br />

l’encontre <strong>de</strong> notre bonne fortune, la responsabilité incombe à chacun d’avoir été ou non prévoyant :<br />

Au premier rang <strong>de</strong>s vertus figure la prévoyance, qui n’est que l’empire exercé sur notre propre sort.<br />

La prévoyance est cette vertu, corrélative <strong>de</strong> la liberté, par laquelle l’homme cesse <strong>de</strong> vivre au jour le<br />

jour, connaît l’avenir et sort <strong>de</strong> l’immédiateté <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> nature. C’est par elle qu’il lui est donné <strong>de</strong><br />

renverser à son profit le rapport <strong>de</strong> dépendance qui le lie primitivement à la nature, <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s<br />

caprices <strong>de</strong> la fortune, dégager son autonomie et sa souveraineté. 2<br />

1.2.2. La laïcisation du mal<br />

La philosophie libérale n’a pas pour autant évacué la question du mal, <strong>de</strong> son existence et <strong>de</strong><br />

sa nature : elle affirme ainsi <strong>de</strong> l’homme que... « Quoi qu’il lui arrive, victoires et défaites, il ne peut<br />

les attribuer qu’à lui-même » (F. Ewald, 1986, p. 85). Celui-ci fait ainsi partie intégrante <strong>de</strong> l’ordre du<br />

mon<strong>de</strong> ; bien plus, il participe activement <strong>de</strong> celui-ci :<br />

<strong>Le</strong> mal, dans la philosophie libérale, occupe une fonction provi<strong>de</strong>ntielle. Il n’est pas question<br />

d’entreprendre <strong>de</strong> le réduire définitivement. Non pas que ce soit une tache impossible, mais parce que<br />

ce serait une faute. <strong>Le</strong> mal, l’insécurité, la souffrance, la misère ont une fonction dans l’ordre ; ils ont<br />

une « mission » : provoquer leur propre éradication. 3<br />

Position dont la dialectique subtile emprunte dans les faits à la théodicée, puisque « la possibilité du<br />

mal est la condition inhérente à la liberté » comme l’imperfection du mon<strong>de</strong> pouvait être chez<br />

<strong>Le</strong>ibniz inhérente à la Création elle-même. Etre un citoyen libre c’est être libre, aussi, d’être<br />

1 F. Ewald (1986) : L’état provi<strong>de</strong>nce, Paris, Grasset, p. 67.<br />

2 Ibi<strong>de</strong>m, p. 67.<br />

3 Ibi<strong>de</strong>m, p. 86.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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