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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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<strong>Le</strong>s obstacles administratifs s’opposant à l’obtention d’une pension étaient tels qu’ils semblent avoir<br />

été eux-mêmes à l’origine <strong>de</strong> troubles contre lesquels s’alarmèrent également les critiques qui en<br />

conçurent ironiquement une nouvelle forme <strong>de</strong> névrose, « la névrose <strong>de</strong> lutte pour une pension »<br />

(Rentenkampfneurosen).<br />

b. Hermann Oppenheim 1<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

H. Oppenheim naît en 1857 d’une famille juive alleman<strong>de</strong> aisée <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Westphalie.<br />

En 1881 il passe ses examens doctoraux avec les plus hauts honneurs et entame la même année sa<br />

formation <strong>de</strong> psychiatre à Berlin sous la direction d’Eduard <strong>Le</strong>winstein. Celui-ci, comme l’autre<br />

mentor d’Oppenheim, Carl Westphal, avait été l’étudiant <strong>de</strong> Wilhelm Griesinger, reconnu comme<br />

l’un <strong>de</strong>s fondateurs <strong>de</strong> l’école alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> psychiatrie. Après une année, il rejoint l’hôpital Charité<br />

attaché à l’université <strong>de</strong> Berlin et <strong>de</strong>vient l’assistant <strong>de</strong> Westphal qui a succédé en 1869 à Griesinger<br />

à la très prestigieuse chaire <strong>de</strong> psychiatrie <strong>de</strong> Berlin et à la direction <strong>de</strong> la clinique.<br />

C’est à partir <strong>de</strong> 1884 qu’Oppenheim se consacre à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s névroses et entame une<br />

correspondance avec Jean-Martin Charcot. Deux ans lui sont ensuite néc<strong>essai</strong>res à compléter sa<br />

thèse d’habilitation intitulée Importance du choc dans les pathologies du système nerveux. C’est à<br />

cette époque qu’il développe sa théorie <strong>de</strong> la névrose traumatique à partir <strong>de</strong> ses observations <strong>de</strong><br />

patients accumulées pendant cinq années à la clinique et qui le convainquirent progressivement du<br />

caractère <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> nombreux symptômes consécutifs à certains acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong><br />

<strong>travail</strong> en usine.<br />

En 1884, un article conjointement rédigé avec Thomsen pose les premières bases <strong>de</strong> la future<br />

névrose traumatique : <strong>Le</strong>hrbuch <strong>de</strong>r Nervenkrankheiten für Arzte und Studieren et, en 1888 parait son<br />

texte majeur, Die Traumatischen Neurosen, qui s’appuie sur l’étu<strong>de</strong> approfondie <strong>de</strong> 42 patients issus<br />

<strong>de</strong> la classe laborieuse berlinoise, la plupart employés <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer, d’usine ou <strong>de</strong> la<br />

construction, tous ayant été <strong>victime</strong> d’un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>travail</strong>, dont 16 cas d’acci<strong>de</strong>nts ferroviaires.<br />

c. Die Traumatischen Neurosen<br />

La préface <strong>de</strong> l’ouvrage est l’occasion <strong>de</strong> préciser son objectif : présenter « <strong>de</strong>s troubles du<br />

système nerveux provoqués par <strong>de</strong>s blessures qui ne relèvent pas d’une atteinte directe <strong>de</strong>s organes<br />

nerveux centraux ni <strong>de</strong> l’appareil nerveux périphérique, mais qui sont engendrés par <strong>de</strong>s<br />

traumatismes, au sens large du terme. » 2<br />

Troubles difficiles à repérer, à ne confondre ni avec l’hystérie, ni avec la neurasthénie pas plus<br />

qu’avec la simulation vis à vis <strong>de</strong> laquelle Oppenheim se montre très critique, troubles<br />

insuffisamment étudiés et dont la connaissance s’appuie bien trop souvent, comme chez Erichsen,<br />

sur <strong>de</strong>s cas d’acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer ; et d’ajouter que le manque <strong>de</strong> connaissances <strong>de</strong>s névroses<br />

fonctionnelles et <strong>de</strong>s <strong>psycho</strong>ses chez certains mé<strong>de</strong>cins a conduit à <strong>de</strong>s diagnostics et <strong>de</strong>s conclusions<br />

erronés.<br />

1 Pour une biographie très complète d’H. Oppenheim, voir G. Trehel (2005).<br />

2 Traduction <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong> l’ouvrage d’Oppenheim : A. Hirschelmann et P. Pignol<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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