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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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participation avec jouissance aux rapports sexuels (en cas <strong>de</strong> petite fille) » (S. Freud, 1896, p. 93).<br />

Une autre est celle <strong>de</strong>s névroses actuelles ; une autre encore est le cas <strong>de</strong>s perversions qui, dans le<br />

modèle freudien, sont la conséquence d’une fixation à la sexualité infantile distincte dans son<br />

mécanisme <strong>de</strong> celle à laquelle obéissent les névroses.<br />

Mais que dire, et que faire, <strong>de</strong> toutes celles ne répondant aux critères retenus : postérieures à l’âge<br />

<strong>de</strong> 5 ans, n’ayant pas donné lieu à oubli, n’ayant pas engendré <strong>de</strong> processus <strong>de</strong> refoulement ou qui,<br />

ayant été refoulées et réémergeant après-coup, dont le « refoulement » n’est alors pas suivi <strong>de</strong><br />

manifestations symptomatiques <strong>de</strong> type névrotique, etc. ?<br />

Avec l’hystérie, l’on se trouve ainsi face à un espace clinique délimité excluant <strong>de</strong> son domaine un<br />

ensemble <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> figures dont, pour une part, l’on peut penser qu’ils ne relèvent pas <strong>de</strong> la<br />

<strong>psycho</strong>pathologie, mais pour une autre part qu’ils forment autant problématiques dont le statut<br />

clinique et <strong>psycho</strong>pathologique reste à concevoir, et enfin, pour ce qui concerne la névrose<br />

traumatique, d’une entité n’ayant pas encore <strong>de</strong> statut méta<strong>psycho</strong>logique établi.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Or cette clinque <strong>de</strong> la « non <strong>psycho</strong>névrose », si l’on ose dire, il est clair que l’on en trouve<br />

une gran<strong>de</strong> partie développée chez S. Ferenczi et c’est sans doute là qu’il convient <strong>de</strong> situer l’origine<br />

du malentendu entre les <strong>de</strong>ux hommes.<br />

La reconnaissance tardive <strong>de</strong> Ferenczi en France a, nous l’avons vu, participé à réactualiser une<br />

question qui semblait avoir été définitivement tranchée, celle <strong>de</strong>s rôles respectifs <strong>de</strong>s fantasmes et<br />

<strong>de</strong> la réalité dans l’étiologie <strong>de</strong>s « névroses » (P. Sabourin, 1985, chap. VI ; T. Bokanowski, 1988 ; P.<br />

Herlem, 2009) sans que les <strong>essai</strong>s <strong>de</strong> réponses n’aient pour la plupart modifié les termes dans<br />

lesquels s’était initialement posé le problème ; et l’on a vu <strong>de</strong>ux thèses s’opposer, celle <strong>de</strong><br />

l’irréductibilité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux approches, celle <strong>de</strong> leur possible conciliation, les <strong>de</strong>ux facteurs jouant<br />

simultanément en plus ou moins gran<strong>de</strong> proportion selon les cas.<br />

Une autre analyse en est possible, celle d’un vrai malentendu, au moins au plan clinique et<br />

théorique, car nul doute que la rupture a bien eu lieu entre les <strong>de</strong>ux hommes. Cette hypothèse<br />

trouve une première justification dans le constat souvent fait que les patients auxquels ils font<br />

référence à l’appui <strong>de</strong> leurs élaborations, ne relèvent pas <strong>de</strong>s mêmes problématiques, même si l’un<br />

et l’autre (Freud beaucoup plus que Ferenczi) les qualifient i<strong>de</strong>ntiquement <strong>de</strong> névrosés. S. Korff-<br />

Sausse note ainsi :<br />

<strong>Le</strong>s patients <strong>de</strong> Ferenczi ne sont pas <strong>de</strong>s névrosés classiques et sa clinique offre d’importantes<br />

perspectives sur la pathologie et les traitements <strong>de</strong>s états-limites, qui font l’objet <strong>de</strong>puis quelques<br />

décennies d’un intérêt grandissant. 1<br />

<strong>Le</strong>s abus et leur violence, Ferenczi en décrit les effets immédiats chez l’enfant, dans le temps même<br />

<strong>de</strong> leur déroulement, là où Freud, même au temps <strong>de</strong> sa neurotica, n’en avait développé aucune<br />

<strong>de</strong>scription clinique véritable (évoquant <strong>de</strong> « véritables attentats » pour un peu plus loin n’en retenir<br />

qu’une irritation sexuelle aux « effets minimes ou nuls à leur date »), et tout juste leur avait-il donné<br />

le nom <strong>de</strong> séduction, terme <strong>de</strong>venu avec le temps <strong>de</strong> plus en plus ambigu ; alors qu’avec Ferenczi,<br />

1 S. Korff-Sausse (2006), Préface à S. Ferenczi, <strong>Le</strong> traumatisme, op.cit., p. 26.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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