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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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envie <strong>de</strong> rien, au <strong>travail</strong> y’a pas grand-chose donc je pense,<br />

faudrait que je m’occupe tout le temps, dès que je me pose 5<br />

minutes j’ai quelque chose qui me passe dans la tête…<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

P : Ca peut être quoi qui passe comme ça ?<br />

- Je sais pas, la violence… sa tête même, j’arrête pas <strong>de</strong> voir sa<br />

tête tout le temps, c’est une obsession… Plus j’y pense plus ça<br />

m’énerve. Ca m’énerve ! J’aimerais bien avoir un lavage <strong>de</strong><br />

cerveau ! (rire nerveux)<br />

P : Y’en a trop marre <strong>de</strong> penser ?<br />

- Ah ouais, c’est lourd quoi ! J’ai été opérée et quand on m’a<br />

endormie je me suis dit pourvu que ça dure longtemps. Et<br />

quand je me suis réveillée j’ai été trop déçue ! Y m’faut un<br />

lavage <strong>de</strong> cerveau, ça s’rait pratique !<br />

P : Oui un petit coup <strong>de</strong> karcher ! Oui donc ça vous envahit la<br />

tête… Quand vous parlez <strong>de</strong> violence, c’est la violence envers<br />

vous ?<br />

- Tout… tout oui, même la violence quand il criait tout seul,<br />

parce qu’il s’énervait tout seul pour x ou y, parce qu’il<br />

s’énervait pour un rien.. y’avait un verre, y’avait une trace sur<br />

la table, ça y est il criait, à la limite, on tenait tous les meubles<br />

pour qu’il lance rien… Même ces violences là, ça me.. tout,<br />

tout, être sur le qui vive, j’ai l’impression d’être encore sur le<br />

qui vive, d’avoir encore comme quand j’me couchais quand<br />

j’étais petite, j’avais peur <strong>de</strong> me faire réveiller par <strong>de</strong>s cris, ou<br />

par quelque chose <strong>de</strong> cassé <strong>de</strong> lacéré, <strong>de</strong> brisé…Ouais, toujours<br />

être sur le qui vive c’est ça et même tellement j’y pense, ça<br />

<strong>de</strong>vient une situation matérielle autour <strong>de</strong> moi, j’ai l’impression<br />

d’avoir peur, à un moment ou à un autre, que quelque chose<br />

casse. Et d’ailleurs quand je casse quelque chose, je m’en veux<br />

et j’me, je sais pas, je…<br />

P : Quelque chose qui casse, c’est… ?<br />

- Y’a <strong>de</strong>ux mois, on s’est coursés dans l’appart avec mon<br />

copain, et la porte du salon, elle est vitrée, et y s’est enfermé<br />

dans le salon et moi j’ai cogné dans la porte et je l’ai cassée,<br />

j’en ai fait une pantomime pendant 3 jours , et une autre fois, il<br />

m’a lancé un coussin et y’avait un petit vase qu’il m’a offert et<br />

il est tombé par terre et il s’est cassé, et c’est lui qui l’avait<br />

cassé, normalement j’aurais pas dû m’en vouloir, je l’ai<br />

ramassé et je l’ai recollé, je m’en suis voulue alors que c’était<br />

lui…Chaque fois, c’est <strong>de</strong>s petites choses comme ça, et ça me<br />

met dans tous mes états parce que chaque fois que quelque<br />

chose était cassé ou qu’c’était <strong>de</strong> la violence….<br />

P : Il ne supportait pas que quelque chose soit cassé ?<br />

- Non moi, moi je supporte pas à cause que lui, il cassait tout !<br />

P : D’accord, que lui cassait tout…<br />

- Je pense qu’il y a plusieurs choses. Une fois, ma mère y’a eu<br />

une grosse altercation et elle a failli prendre un cendrier en<br />

verre gros comme ça. Il l’a lancé dans le mûr et quand j’ai vu<br />

l’impact dans le mûr, y’avait au moins 6cm<br />

d’épaisseur d’enfoncé ! Elle se le serait prise dans la tête ! Et<br />

en plus, comme c’était à hauteur <strong>de</strong> tête, quand j’ai vu ça j’ai<br />

Nouvelle tentative.<br />

Même forme <strong>de</strong> réponse.<br />

I<strong>de</strong>m.<br />

Redit son vécu <strong>de</strong> répétition.<br />

Remarque mi- désespérée, mi-humoristique<br />

Après une reprise, sur le même ton, <strong>de</strong> sa<br />

<strong>de</strong>rnière remarque, la question ne se centre<br />

plus sur ses éprouvés mais est cette fois<br />

invitation directe à décrire <strong>de</strong>s<br />

comportements.<br />

Elle parvient à la faire sienne et à relater <strong>de</strong>s<br />

éléments <strong>de</strong> scènes et <strong>de</strong> comportements<br />

violents.<br />

Hypothèse complémentaire prématurée<br />

émanant <strong>de</strong> l’impression que le « cassé »<br />

constitue une catégorie signifiante soustendant<br />

différents registres du quotidien.<br />

<strong>Le</strong> « cassé » semble lui permettre <strong>de</strong> donner<br />

un sens à tout un ensemble <strong>de</strong> souvenirs qui<br />

peuvent dès lors se relater, et l’effet en<br />

semble gran<strong>de</strong>ment libérateur.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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