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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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à en assumer le risque. Sortant <strong>de</strong> la position d’objet <strong>de</strong> complétu<strong>de</strong>, le traumatisme <strong>de</strong>vient le point<br />

<strong>de</strong> départ du processus associatif. Il en subit d’ailleurs les effets directement perceptibles dans les<br />

modifications <strong>de</strong>s cauchemars, par exemple. Puis il est oublié au profit <strong>de</strong> la problématique névrotique<br />

du sujet.<br />

<strong>Le</strong>s patients passent d’une clinique à l’autre, chacun à sa manière, mais le langage les mène toujours<br />

dans les parages d’une question sur la faute et leur culpabilité. 1<br />

<strong>Le</strong> premier temps <strong>de</strong> verbalisation <strong>de</strong> l’événement, ou phase <strong>de</strong> débriefing, y apparaît comme un<br />

temps <strong>de</strong> rencontre presque incontournable parce que, d’abord il permet au sujet un premier<br />

dégagement <strong>de</strong> la toute puissance <strong>de</strong> l’événement pouvant d’ailleurs dans un certain nombre <strong>de</strong> cas<br />

suffire à assurer l’efficacité thérapeutique <strong>de</strong> la prise en charge, ensuite, par ses effets presque<br />

toujours apaisants, qui sont très favorable au développement d’une relation transférentielle positive<br />

permettant <strong>de</strong> développer, si néc<strong>essai</strong>re, un <strong>travail</strong> plus approfondi.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

L’on peut mentionner également dans cette lignée <strong>de</strong> praticiens G. Briole qui, quoique ayant<br />

souvent affirmé son opposition à toute forme d’ai<strong>de</strong> spécialisée (voir partie III l’une <strong>de</strong> ses citations),<br />

reconnaît une dimension singulière à ces configurations traumatiques résultées <strong>de</strong> la rencontre avec<br />

le « réel <strong>de</strong> la mort » (G. Briole, 1998) ; il insiste notamment sur la centralité du « syndrome <strong>de</strong><br />

répétition traumatique » ainsi que sur les aménagements, ou « suppléances », développées par les<br />

sujets, particulièrement dans la phase <strong>de</strong> latence qui « se signale d’être en elle-même une effraction<br />

supplée » (G. Briole, 1995, p. 111). Ces suppléances, qui prennent généralement la forme d’une<br />

« autre rencontre », font « alternative pour le sujet et non solution <strong>de</strong> compromis, qui serait le<br />

symptôme » (ibid., p. 112). Ce peut être <strong>de</strong> s’en remettre à l’idéal <strong>de</strong> groupe, <strong>de</strong> s’i<strong>de</strong>ntifier à une<br />

<strong>victime</strong>, <strong>de</strong>s désirs <strong>de</strong> vengeance, <strong>de</strong> se vouer à une cause, à toute forme <strong>de</strong> militantisme, l’adhésion<br />

à une secte, à une société secrète, la sublimation par le témoignage.<br />

L’importance accordée aux entretiens préliminaires « souvent très prolongés dans le temps » (ibid.,<br />

p.119), l’attention toute particulière portée aux cauchemars et aux rêves <strong>de</strong>s sujets traumatisés et à<br />

leur évolution, semblent attester d’une approche thérapeutique ajustée à ces formes <strong>de</strong> trauma (G.<br />

Briole, 1988, 1995), même s’il ne cesse d’affirmer que la rencontre traumatique « reste aussi, pour<br />

une part, <strong>de</strong> la responsabilité du sujet » (ibid., p. 117) 2 , et que, le plus rapi<strong>de</strong>ment possible, « ce ne<br />

soit plus l’événement mais une question du sujet qui soit en jeu » (ibid., p. 119).<br />

b) <strong>Le</strong> réel, tout simplement ?<br />

Si, chez F. <strong>Le</strong>bigot et sans doute chez G. Briole, le traumatisme <strong>psychique</strong> justifie le<br />

développement d’une approche <strong>psycho</strong>thérapique originale, il en est tout autrement d’un ensemble<br />

<strong>de</strong> praticiens se revendiquant également <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> J. Lacan. Ceux-ci, quand bien même<br />

ils font explicitement référence à la notion <strong>de</strong> trauma <strong>psychique</strong> et semblent a priori lui accor<strong>de</strong>r le<br />

1 F. <strong>Le</strong>bigot (2006) : <strong>Le</strong> trauma sous transfert, Stress et Trauma, 6(2), p. 73.<br />

G. Briole (1998) : Emoi et traumatisme <strong>psychique</strong>, Ann. Méd.-Psychol., 156, N° 1, p. 4-7.<br />

G. Briole, F. <strong>Le</strong>bigot, M.H. Blanchard (1988) : Traumatisme, répétition, rêve et désir dans la névrose<br />

traumatique, Annales <strong>de</strong> Psychiatrie, 3, 2, p. 122-126.<br />

2 <strong>Le</strong> « aussi » semble l’indiquer puisqu’il suppose implicitement un « pas seulement ».<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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