27.12.2013 Views

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

343<br />

- les sentiments <strong>de</strong> culpabilité explicitement exprimés par le sujet, donc non inconscients, consistant<br />

en <strong>de</strong>s auto-reproches multiples quant à son comportement durant l’agression (ne pas avoir su se<br />

défendre, ne pas avoir été assez vigilant…), ou après (<strong>de</strong> manquer <strong>de</strong> la force néc<strong>essai</strong>re pour d’en<br />

sortir, d’y penser sans cesse…), voire même bien avant l’événement, selon le mécanisme décrit par L.<br />

Crocq sous le terme d’ « illusion rétrospective » consistant en une réinterprétation <strong>de</strong> leur passé au<br />

regard <strong>de</strong> l’événement traumatique… ;<br />

- la culpabilité œdipienne : elle représente pour F. <strong>Le</strong>bigot le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> dégagement par excellence du<br />

registre du traumatique, l’angoisse <strong>de</strong> castration offrant une issue à l’angoisse <strong>de</strong> néantisation à<br />

laquelle le trama a renvoyé le sujet.<br />

- la culpabilité du survivant qui a été pour la première fois observée et décrite chez les survivants <strong>de</strong>s<br />

camps nazis 1 et que l’on peut retrouver, éprouvée <strong>de</strong> façon plus ou moins intense, chez nombre <strong>de</strong><br />

<strong>victime</strong>s d’événements impliquant d’autres personnes.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

- la « culpabilité originaire » liée au fait que le traumatisme a renvoyé le sujet au sta<strong>de</strong> archaïque <strong>de</strong>s<br />

premières expériences <strong>de</strong> jouissance, retour éprouvé comme une transgression majeure<br />

engendrant un vécu aigu <strong>de</strong> faute dont le sujet ignore l’origine (F. <strong>Le</strong>bigot, 2005).<br />

Mentionnons également les réflexions <strong>de</strong> D. Cremniter (2004) qui s’attache, dans le prolongement<br />

<strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong> F. <strong>Le</strong>bigot et C. Damiani, à différencier la culpabilité et la faute : la première, revoie à<br />

l’imaginaire du sujet, expression d’un vécu <strong>de</strong> transgression (celle d’avoir vu ou entendu ce qui<br />

n’aurait jamais dû être), la secon<strong>de</strong> à l’éventuelle réalité d’une faute juridiquement sanctionnable<br />

chez l’un <strong>de</strong>s protagonistes <strong>de</strong> l’événement. Il écrit ainsi : « A cette culpabilité imaginaire se rajoute<br />

la notion <strong>de</strong> faute réelle qui envahit la problématique du sujet, phénomène particulièrement en jeu<br />

lors <strong>de</strong> catastrophes acci<strong>de</strong>ntelles. » (D. Cremniter, 2004, p. 37) Ce à quoi il adjoint les formes <strong>de</strong><br />

culpabilité empruntant <strong>de</strong>s voies d’expressions autres, comme la projection sur autrui (au lieu d’une<br />

intériorisation) ou encore la recherche d’une faute chez ce <strong>de</strong>rnier, et enfin le déni <strong>de</strong> toute<br />

culpabilité.<br />

Ces différents registres <strong>de</strong> culpabilité sont analysés par les auteurs comme <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong><br />

dégagement par le victimé <strong>de</strong> la toute puissance <strong>de</strong> l’auteur ou <strong>de</strong> l’événement auquel il a été<br />

confronté : se culpabiliser prend ici le sens d’un effort <strong>de</strong> réappropriation <strong>de</strong> l’événement en se<br />

donnant une place active dans sa survenue et/ou son déroulement. <strong>Le</strong>s développements les plus<br />

achevés d’une telle position sont offerts par A. Ciccone et A. Ferrant (2009) sous le terme <strong>de</strong><br />

« fantasmes <strong>de</strong> culpabilité », « scénarios reconstruits dans lesquels le sujet se désigne comme<br />

coupable du traumatisme qu’il subit ». Ils précisent :<br />

1 L’on trouve un recensement très complet <strong>de</strong>s premiers travaux consacrés à cette culpabilité dans un article <strong>de</strong><br />

M. Porot et al. (1985).<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!