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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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Vaiva, 2006). <strong>Le</strong> sujet, même déstabilisé, mobilise <strong>de</strong>s capacités qui le prémunissent <strong>de</strong> tout <strong>de</strong>venir<br />

problématique. L’événement a eu un impact sur lui mais il a pu y faire face et le cours <strong>de</strong> son<br />

existence n’en a pas été profondément infléchi. Dans la terminologie <strong>psycho</strong>traumatique, l’on dirait<br />

qu’au terme d’un temps <strong>de</strong> latence caractérisé par une perturbation <strong>de</strong> l’état <strong>psychique</strong> du sujet, il<br />

revient sans dommages à son équilibre antérieur. Ailleurs l’on dira qu’il est résilient. <strong>Le</strong>s coordonnées<br />

personnelles et sociales du sujet (ses « tuteurs <strong>de</strong> résilience ») lui ont permis d’inscrire l’événement<br />

dans son histoire <strong>de</strong> vie sans que celle-ci n’en ait été profondément affectée et encore moins<br />

infléchie ; tout au plus en ressort-il avec une discrète modification <strong>de</strong> sa vision du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> ses<br />

valeurs personnelles, comme par exemple d’être <strong>de</strong>venu plus sensible à certains événements et plus<br />

indifférent à d’autres.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

b) une résolution impliquant cette fois un <strong>travail</strong> long et douloureux parce qu’il passe par une<br />

véritable conversion réalisant une rupture dans l’histoire <strong>de</strong> vie, dans un double mouvement <strong>de</strong><br />

renoncement aux valeurs antérieures et d’un réengagement sur <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments renouvelés. Cette<br />

conversion se concrétise dans et par un changement significatif du projet <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong>s valeurs<br />

existentielles : conversion religieuse, engagement humanitaire, associatif, militance, etc., en sont les<br />

formes les plus fréquentes. Elles impliquent souvent une transformation du mo<strong>de</strong> d’existence dans<br />

ses aspects les plus quotidiens. L’événement a fait rupture et la rupture donné lieu à un nouveau<br />

projet (ou pari) existentiel. S’il fallait en donner un exemple connu et bien documenté, ce serait celui<br />

du Baron Ampain. L’on peut également évoquer le cas <strong>de</strong> F. Ru<strong>de</strong>tzki (2004), fondatrice d’une<br />

association qui a joué un grand rôle dans l’accès <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s d’attentats à <strong>de</strong> nouveaux droits : SOS<br />

Attentats.<br />

Il faut ici concevoir une expérience <strong>de</strong> nature traumatique jamais véritablement dépassée, mais<br />

surmontée, sur les bases <strong>de</strong> laquelle une nouvelle existence s’édifie avec toute la fragilité que cela<br />

suppose. L’intégration <strong>de</strong> l’événement à l’histoire personnelle n’a pu se faire qu’au prix d’une<br />

recherche <strong>de</strong> nouvelles normes et valeurs d’existence. L’on peut imaginer qu’il restera toujours<br />

malgré tout quelque chose <strong>de</strong> la victimisation traumatique initiale, ne serait-ce que parce que le<br />

nouveau projet existentiel s’est en partie conçu en résistance à-, ou en tentative <strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong><br />

celle-ci ; l’on dira alors du sujet qu’il a su trouver <strong>de</strong>s tuteurs <strong>de</strong> résilience mais que ceux-ci ne<br />

sauraient néc<strong>essai</strong>rement valoir pour toute son existence, tant dans sa durée que dans toutes ses<br />

dimensions et conditions.<br />

c) la troisième forme d’issue est présentée par les sujets n’ayant pu élaborer d’autre<br />

possibilité que celle <strong>de</strong> donner sens à l’événement sur un mo<strong>de</strong> défaillant. L’événement a fait<br />

rupture mais ils ne parviennent pas à en surmonter, et encore moins en dépasser, les effets<br />

délétères. <strong>Le</strong> sens prêté à l’événement est un sens problématique parce que ne pouvant jamais se<br />

conflictualiser, et donc se mettre en débat, se contester, se contredire ; si bien que le TPV, en restant<br />

bloqué à l’un au moins <strong>de</strong> ses axes constitutifs et le sujet ne peut alors que reproduire, sur le mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la répétition, ses tentatives <strong>de</strong> dépassement qui en <strong>de</strong>viennent symptomatiques donnera lieu à<br />

<strong>de</strong>s issues en forme d’impasses. Nous parlerons ici <strong>de</strong> véritables problématiques victimales quand<br />

cette fixation consiste en une phase d’aménagement ou <strong>de</strong> récupération transitoirement<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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