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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Tout part <strong>de</strong> la découverte en 1833 <strong>de</strong> la fonction réflexe <strong>de</strong> la moelle épinière qui <strong>de</strong>vient très<br />

rapi<strong>de</strong>ment une dimension essentielle <strong>de</strong> l’activité nerveuse. D’où un premier décentrement puisque<br />

l’évi<strong>de</strong>nce se fit logiquement que la moelle jouait dans les mouvements un rôle que l’on attribuait<br />

jusqu’alors au cerveau. Un second décentrement vint, en 1845, <strong>de</strong> ce que certains physiologistes en<br />

conçurent qu’il n’y avait aucune raison que le cerveau ne soit pas soumis aux mêmes lois <strong>de</strong><br />

fonctionnement <strong>de</strong> la moelle puisque l’un était le prolongement <strong>de</strong> l’autre : à i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> structure<br />

<strong>de</strong>vait correspondre une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> fonctionnement. Et si tel est le cas, une bonne part <strong>de</strong> son<br />

activité échappe là encore à sa conscience et sa volonté.<br />

Ce modèle du fonctionnement cérébral vient à point nommé au moment où les phénomènes<br />

hystériques, somnambuliques, magnétiques…, <strong>de</strong>viennent centraux dans le champ <strong>de</strong> la pathologie<br />

mentale et représentent une sorte <strong>de</strong> paradigme <strong>de</strong> la folie.<br />

Ellenberger (1994, p. 275) relève que, <strong>de</strong> façon inattendue, Griesinger, en qui l’on a toujours vu l’un<br />

<strong>de</strong>s tenants les forts <strong>de</strong>s « Somatiker », avait développé maints principes autorisant à l’assimiler à un<br />

« Psychiker » puisque pour lui la plupart <strong>de</strong>s processus <strong>psychique</strong>s relevaient d’un inconscient, qu’il<br />

insistait sur le rôle pathogène <strong>de</strong>s émotions et <strong>de</strong>s idées fixes et qu’enfin, selon lui, il ne saurait y<br />

avoir <strong>de</strong> thérapie sans mise au jour <strong>de</strong>s états <strong>psychique</strong>s sous jacents du patient.<br />

Cela confirme s’il en était besoin la lecture <strong>de</strong> M. Gauchet : il y a bien chez W. Griesinger l’idée d’un<br />

inconscient, mais il est conçu sur le modèle somatique du réflexe moteur appliqué à l’activité <strong>de</strong>s<br />

fonctions supérieures. Pas <strong>de</strong> contradiction ici si l’on admet avec lui que le principe <strong>de</strong> l’arc réflexe,<br />

projeté sur le fonctionnement cérébral, en propose une approche où la volonté ne tient plus une<br />

part déterminante dans l’activité et se voit suppléée par une activité réflexe en gran<strong>de</strong> partie<br />

automatique et non consciente.<br />

La névrose traumatique est ainsi conçue par Oppenheim sur le modèle <strong>de</strong> l’activité réflexe, choc<br />

physique périphérique et choc <strong>psychique</strong> central formant un arc réflexe qui peut être dès lors<br />

indifféremment activé soit par une sensation, soit par une émotion.<br />

e. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la névrose traumatique en Allemagne<br />

<strong>Le</strong>s opposants aux conceptions d’Oppenheim seront rapi<strong>de</strong>ment nombreux et leurs critiques<br />

très proches <strong>de</strong> celles adressées en leur temps à Erichsen par ses contradicteurs.<br />

Ainsi le diagnostic <strong>de</strong> névrose traumatique, convainquant les acci<strong>de</strong>ntés qu’ils seraient mala<strong>de</strong>s,<br />

serait à l’origine d’un désir pathologique <strong>de</strong> pension ; quant au pouvoir étiopathogénique <strong>de</strong> certains<br />

événements, il ne tiendrait qu’aux possibilités d’in<strong>de</strong>mnisations ouvertes par la loi et à <strong>de</strong>s<br />

« complexes <strong>de</strong> désirs imaginaires » (Begehrungvorstellungen),<br />

Dans les faits, les craintes exprimées dépassaient <strong>de</strong> très loin le seul enjeu du montant <strong>de</strong>s<br />

in<strong>de</strong>mnisations puisque le nombre <strong>de</strong> pensionnés n’excéda jamais les 2 % <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prime.<br />

Mais c’est leur principe même qui était contesté comme une erreur aux conséquences les plus<br />

funestes sur la santé et le moral <strong>de</strong> la nation toute entière.<br />

Concept encore inconnu voilà vingt ans, aujourd’hui maladie, un cancer dans l’organisme <strong>de</strong> toute la<br />

classe ouvrière, et cause légitime d’une grave inquiétu<strong>de</strong>. Cette épidémie nationale est née non<br />

seulement chronologiquement après la promulgation <strong>de</strong> la législation sur les assurances, mais aussi<br />

dans une relation causale directe. La loi a, cela ne fait aucun doute, produit la maladie… <strong>Le</strong> modèle<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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