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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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qu’une continuité historique est établie entre ces <strong>de</strong>ux <strong>victimologie</strong>s, tant leur point <strong>de</strong> départ, leurs<br />

enjeux et leurs développements procè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux logiques distinctes. Car il a fallu que la<br />

<strong>victimologie</strong> commence à se concevoir selon d’autres perspectives et d’autres questionnements pour<br />

qu’émerge la secon<strong>de</strong> <strong>victimologie</strong> ou criminologie victimologique dénommée aussi<br />

<strong>victimologie</strong> générale par Men<strong>de</strong>lsohn.<br />

Il n’est pas toujours aisé <strong>de</strong> s’y retrouver dans les différentes terminologies employées qui renvoient,<br />

soit à <strong>de</strong>s sous disciplines <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong>, soit à <strong>de</strong>s conceptions contrastées <strong>de</strong> celle-ci. Ainsi R.<br />

Cario résume-t-il la situation actuelle, témoignant <strong>de</strong> ce l’écriture <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong><br />

(comme <strong>de</strong> toute histoire) tient pour beaucoup à la conception que l’on en a :<br />

Des distinctions plus abouties opposent la première <strong>victimologie</strong> (étiologique) à la secon<strong>de</strong><br />

<strong>victimologie</strong> (ai<strong>de</strong> aux <strong>victime</strong>s), encore reconstruites autour <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong> <strong>de</strong> l’acte et <strong>de</strong> la<br />

<strong>victimologie</strong> <strong>de</strong> l’action. Dans le même souci <strong>de</strong> balisage <strong>de</strong>s champs, la <strong>victimologie</strong> pénale doit<br />

s’accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong> criminologique. La <strong>victimologie</strong> générale (ou criminologie<br />

victimologique) est encore distinguée <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong> clinique (ou appliquée ou empirique). Quant la<br />

<strong>victimologie</strong> humaniste n’est pas opposée à la <strong>victimologie</strong> scientifique ! 1<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Toujours est-il qu’autant la « <strong>victime</strong> » <strong>de</strong> la première <strong>victimologie</strong> n’était qu’un paramètre parmi<br />

d’autres <strong>de</strong> la situation criminogène, autant la <strong>victime</strong> <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> <strong>victimologie</strong> est d’abord et<br />

avant tout un citoyen sujet <strong>de</strong> droits. C’est le déplacement <strong>de</strong> l’enjeu politique du pénal au social qui<br />

permet <strong>de</strong> rendre compte du passage à cette autre <strong>victimologie</strong> pour laquelle la question du<br />

dommage va se substituer à celle <strong>de</strong> la responsabilité.<br />

Cette secon<strong>de</strong> <strong>victimologie</strong> s’est développée à partir <strong>de</strong> 1975-1980 et s’est donnée pour visée<br />

d’étudier les <strong>victime</strong>s pour elles-mêmes. Il en est émergé le concept <strong>de</strong> « victimité » pour désigner la<br />

situation <strong>de</strong> toute <strong>victime</strong> suite au crime dont elle a pu faire l’objet, dans ses multiples dimensions :<br />

juridique, sociale, <strong>psycho</strong>logique… Dans cette perspective nouvelle, elle a progressivement élargi son<br />

champ, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s seules personnes ayant fait l’objet d’actes criminels, à celles <strong>victime</strong>s <strong>de</strong><br />

catastrophes naturelles, d’acci<strong>de</strong>nts et plus globalement <strong>de</strong> faits non délictueux ; extension qui ne va<br />

pas d’ailleurs pas sans débats et qui, si elle est revendiquée par un auteur comme G. Lopez dans le<br />

prolongement <strong>de</strong>s positions <strong>de</strong> Men<strong>de</strong>lsohn qui mettait au cœur <strong>de</strong> la question victimologique la<br />

souffrance subie, est par contre vivement contestée par R. Cario qui prône pour une distinction claire<br />

<strong>de</strong>s champs pénal et social :<br />

Quant au plan <strong>de</strong>s concepts mêmes, l’utilisation du syntagme est parfois considérée comme inadaptée<br />

au regard du risque <strong>de</strong> stigmatisation <strong>de</strong>s personnes concernées et/ou <strong>de</strong> leur consolidation dans un<br />

statut <strong>de</strong> <strong>victime</strong> inapproprié, notamment à l’égard <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s <strong>psychique</strong>s <strong>de</strong> faits non infractionnels. 2<br />

Nous ne ferons que mentionner la branche plus proprement juridique <strong>de</strong> cette <strong>victimologie</strong><br />

générale qui se consacre à une ré interrogation du droit à partir <strong>de</strong> ce qui est affirmé comme<br />

l’indispensable prise en compte <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> dans le processus judiciaire et <strong>de</strong> sa fonction dans la<br />

restauration du lien social, et que la seule dimension pénale centrée sur le crime et sa sanction ne<br />

1 R. Cario (2006) : Victimologie. De l’effraction du lien intersubjectif à la restauration sociale, Paris,<br />

L’harmattan, p. 36.<br />

2 Ibid., p. 37.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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