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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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analogue, constaté que la cause <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s symptômes hystériques méritait d’être qualifiée <strong>de</strong><br />

traumatisme <strong>psychique</strong>. Tout inci<strong>de</strong>nt capable <strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s affects pénibles : frayeur, anxiété,<br />

honte, peut agir à la façon d’un choc <strong>psycho</strong>logique et c’est évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> la sensibilité du sujet<br />

considéré (et également d’autres facteurs dont nous parlerons plus tard) que dépen<strong>de</strong>nt les effets du<br />

traumatisme. 1<br />

b) Si c’est bien une émotion, et non une lésion, même fonctionnelle, qui est à l’origine <strong>de</strong>s<br />

symptômes, c’est que cette émotion est restée attachée au souvenir <strong>de</strong> l’événement avec la même<br />

intensité qu’au moment <strong>de</strong> la survenue <strong>de</strong> celui-ci :<br />

Nos observations prouvent que, parmi les souvenirs, ceux qui ont provoqué l’apparition <strong>de</strong><br />

phénomènes hystériques ont conservé une extraordinaire fraîcheur et, pendant longtemps, leur pleine<br />

valeur émotionnelle. 2<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

A l’inverse, un certain nombre <strong>de</strong> facteurs peuvent jouer contre le pouvoir traumatique d’un<br />

événement : - le développement d’une réaction comportementale sur le moment, réaction qui peut<br />

être en elle-même « cathartique », c'est-à-dire libérer le sujet <strong>de</strong>s affects pénibles provoqués ; - la<br />

mise en langage <strong>de</strong> cette réaction, qui peut avoir un même effet « abréactif » ; - l’intégration du<br />

souvenir « dans le grand complexe <strong>de</strong>s associations », où il peut prendre place à côté d’autres<br />

événements et qui en modifient en retour sa représentation problématique.<br />

c) La nature particulière <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt initial, qui joue un rôle déterminant dans la nature <strong>de</strong>s<br />

symptômes et leur développement, même quand il est très ancien et remonte à l’enfance :<br />

Ou encore :<br />

Mais en ce qui concerne la relation causale entre le traumatisme <strong>psychique</strong> motivant et le phénomène<br />

hystérique, il faut se gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> croire que le traumatisme agit à la façon d’un agent provocateur qui<br />

déclencherait le symptôme. Celui-ci, <strong>de</strong>venu indépendant, subsisterait ensuite. Mieux vaut dire que le<br />

traumatisme <strong>psychique</strong> et, par suite, son souvenir agissent à la manière d’un corps étranger qui,<br />

longtemps encore après son irruption, continue à jouer un rôle actif. 3<br />

L’expérience pourtant nous a enseigné que les symptômes les plus différents, qui passent pour être <strong>de</strong>s<br />

productions spontanées et pour ainsi dire, idiopathiques, <strong>de</strong> l’hystérie, ont avec le traumatisme<br />

motivant un rapport aussi étroit que les phénomènes, si clairs à ce point <strong>de</strong> vue dont nous venons <strong>de</strong><br />

parler. Nous avons réussi à retrouver les motivations <strong>de</strong> toutes sortes d’affections : névralgies,<br />

anesthésies les plus diverses et souvent très anciennes, contractures et paralysies, accès hystériques<br />

et convulsions épileptoï<strong>de</strong> que tous les observateurs avaient pris pour <strong>de</strong> l épilepsie vraie, petit mal et<br />

affections à tics, vomissements persistants, anorexie allant jusqu’au refus <strong>de</strong> toute nourriture, troubles<br />

<strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> la vue, hallucinations visuelles toujours répétées… 4<br />

L’on voit ainsi tout le cortège <strong>de</strong>s troubles hystériques réinterprété comme l’expression d’une<br />

expérience subjective d’un événement particulier, et non plus comme une sorte <strong>de</strong> déroulement, à<br />

travers le sujet et sans aucune participation <strong>de</strong> sa part, <strong>de</strong> l’idiopathie hystérique, c’est-à-dire d’un<br />

déterminisme tenant à la seule maladie et héréditairement déterminé par la diathèse. D’où la<br />

1 S. Freud, J Breuer (1892) : Etu<strong>de</strong>s sur l’hystérie, PUF, Paris, 1978, p. 3.<br />

2 Ibi<strong>de</strong>m, p. 6.<br />

3 Ibi<strong>de</strong>m, p. 3-4.<br />

4 Ibi<strong>de</strong>m, p. 2.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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