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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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- attentes multiples et illusoires que le procès répon<strong>de</strong> « aux questions <strong>de</strong> l’intra<strong>psychique</strong> » (C.<br />

Damiani, 2005, p. 3). Il existe notamment, chez certaines <strong>victime</strong>s, « un besoin « fondamental »<br />

d’un coupable extérieur » (C. Damiani, 2005, p. 4) ;<br />

- les « fonctions pacificatrices et réparatrices » du procès pénal « ne pourront s’exercer si la <strong>victime</strong><br />

fait l’économie d’un cheminement personnel et qu’elle persiste à « externaliser le conflit », au<br />

détriment d’un conflit intra<strong>psychique</strong> » (C. Damiani, 2005, p. 6)… ;<br />

- elle <strong>de</strong>vra également « donner un sens symbolique à la réparation », réparation qui n’est qu’un<br />

« étayage dans la réalité » (C. Damiani, 2003, P. 58).<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Ainsi là où, en théorie, la dualité irréductible <strong>de</strong> l’expérience victimale est affirmée, en pratique, par<br />

contre, elle semble <strong>de</strong>voir faire systématiquement l’objet d’une désintrication que le <strong>travail</strong><br />

d’accompagnement à <strong>de</strong>ux versants, l’un psychanalytique, l’autre d’accompagnement <strong>de</strong> la <strong>victime</strong><br />

dans son parcours judiciaire, menés conjointement par <strong>de</strong>s professionnels différents, tente<br />

d’assurer :<br />

- d’un côté l’accompagnement <strong>psycho</strong>-judiciaire, qui s’attache à contenir les effets problématiques<br />

qu’une réalité <strong>psychique</strong> traversée par <strong>de</strong>s mouvements extrêmes tend à occulter dans sa<br />

cohérence et ses objectifs propres, et dont les effets positifs potentiels ne surviendront qu’à la<br />

condition <strong>de</strong> n’en pas faire une scène <strong>psychique</strong> ;<br />

- <strong>de</strong> l’autre côté un <strong>travail</strong> <strong>psycho</strong>thérapique qui tente lui aussi d’instaurer son cadre et <strong>de</strong> ménager<br />

un espace d’élaboration personnelle qui ne dépen<strong>de</strong> pas que <strong>de</strong>s aléas <strong>de</strong> la procédure.<br />

Il s’agit donc bien, implicitement, <strong>de</strong> soutenir la nécessité d’un dispositif d’accompagnement à <strong>de</strong>ux<br />

niveaux, aussi indispensables que disjoints : <strong>psycho</strong>logique dans une référence au modèle<br />

<strong>psycho</strong>thérapique, judiciaire dans un accompagnement au plus près d’un parcours et <strong>de</strong> son<br />

iatrogénie propre, à savoir les risques <strong>de</strong> survictimisation ou <strong>de</strong> trauma second.<br />

2.1.7. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> du pardon<br />

Ressortissant a priori bien plus d’une catégorie <strong>de</strong> la réflexion stricto sensu morale que <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong> classique <strong>de</strong>s processus <strong>psychique</strong>s, la notion <strong>de</strong> pardon doit ici sa place à ce qu’elle a donné<br />

lieu, ces <strong>de</strong>rnières années, à plusieurs travaux en lien avec la question victimale 1 . Dans cette<br />

perspective, son introduction par les auteurs se justifie <strong>de</strong> ce que le pardon constituerait une issue<br />

possible aux sentiments <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> vengeance susceptibles d’étouffer littéralement le victimé,<br />

enfermé dans ses « ressentiments ».<br />

Ainsi J. Améry 2 pose-t-il comme apaisement <strong>de</strong> ceux-ci la condition suivante :<br />

Il cloue chacun <strong>de</strong> nous à la croix <strong>de</strong> son passé anéanti. Il exige absur<strong>de</strong>ment que l’irréversible soit<br />

inversé, que l’événement n’ait pas eu lieu. <strong>Le</strong> ressentiment bloque l’accès à la dimension humine par<br />

1 Parmi ceux-ci citons : M Vaillant (2001) : Il n’est jamais trop tard pour pardonner à ses parents ; G Rubin<br />

(2007) : Du bon usage <strong>de</strong> la haine et du pardon, Payot, Paris ; M Delage (2004) : <strong>Le</strong> pardon est-il une notion<br />

utile en <strong>psycho</strong>thérapie ?, Synapse, N° 207, p. 17-20.<br />

2 Jean Améry a été arrêté et torturé par la Gestapo, puis déporté à Auschwitz comme résistant.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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