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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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Ces fantasmes ont une double fonction : d’une part, atténuer l’impact traumatique du traumatisme (le<br />

sujet <strong>de</strong>venant actif là où il subit passivement, et, d’autre part, rendre possible et rendre compte d’un<br />

mouvement d’appropriation (le sujet <strong>de</strong>venant sujet d’une histoire étrangère qui s’impose à lui). On<br />

peut dire, en effet, que si le sujet est coupable <strong>de</strong> ce qu’il subit, s’il y est pour quelque chose, si<br />

l’événement est justifié, le traumatisme est alors moins traumatique, et il est par ailleurs, maîtrisé,<br />

contrôlé, car approprié par le sujet. 1<br />

C’est en ce sens que pour ces auteurs il faut penser un véritable « <strong>travail</strong> <strong>de</strong> la culpabilité » en ce<br />

qu’elle « impose un <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> » et représente en elle-même « un <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> » (p. 97).<br />

Nous y reviendrons, mais l’on ne peut qu’être frappé, et gêné, <strong>de</strong> la multiplicité <strong>de</strong>s<br />

significations accordées à la notion <strong>de</strong> culpabilité.<br />

2.1.2. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>de</strong> la honte<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Si l’on considère le peu d’intérêt que Freud et la psychanalyse <strong>de</strong> son temps ont porté à la<br />

honte, la publication ces <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> plusieurs ouvrages lui étant spécifiquement consacrés<br />

ainsi que d’un nombre conséquent d’articles y faisant référence, prend alors sens d’un événement<br />

dont il convient d’abord d’esquisser <strong>de</strong> quoi il peut bien être le signe.<br />

Certes tous les auteurs relèvent que Freud s’est très peu intéressé à la honte et qu’il l’a très<br />

clairement située, dans le cadre <strong>de</strong>s Trois <strong>essai</strong>s, du côté <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> formation du sur-moi ;<br />

mais que, parallèlement, il y avait eu recours <strong>de</strong> loin en loin, dans <strong>de</strong>s perspectives sensiblement<br />

différentes et très certainement en lien avec le développement du concept <strong>de</strong> narcissisme, sans pour<br />

autant y consacrer une véritable réflexion.<br />

L’on peut penser que les avancées méta<strong>psycho</strong>logiques qu’a connues la question aujourd’hui<br />

<strong>de</strong>venue centrale du narcissisme ne sont pas sans rapports avec l’importance nouvelle accordée à la<br />

honte, et que celle-ci trouve, dans son cadre, une place et un sens bien plus importants qu’elle ne<br />

pouvait en avoir dans celui <strong>de</strong> la formation du sur-moi, où la culpabilité, en lien avec le refoulement,<br />

tenait, si l’on peut dire, toute la place. Cela a conduit à la distinction du Sur-moi et <strong>de</strong> l’Idéal du moi,<br />

la culpabilité étant par la plupart <strong>de</strong>s auteurs rapportée au premier, la honte au second.<br />

C’est dans cette ligne théorique que se situent clairement <strong>de</strong> nombreux travaux, dont celui récent <strong>de</strong><br />

C. Janin (2007) dont le projet explicite est <strong>de</strong> « proposer les bases d’une véritable méta<strong>psycho</strong>logie<br />

<strong>de</strong> la honte » (p. 25). L’auteur d’ailleurs conteste cette opposition Sur-moi/idéal du moi et argumente<br />

pour celle entre « honte primaire » et « honte secondaire », sur le modèle freudien <strong>de</strong> l’angoisse tel<br />

qu’il est développé dans Inhibition, symptôme et angoisse.<br />

<strong>Le</strong>s champs cliniques <strong>de</strong> la honte<br />

Mais ce n’est pas à proprement parler aux questions méta<strong>psycho</strong>logiques soulevées par la<br />

honte qui nous intéresseront dans ce chapitre que les raisons d’ordre clinique ayant conduit un<br />

nombre croissant <strong>de</strong> praticiens à s’y référer. Quels usages en est-il fait que d’autres notions bien plus<br />

classiques et éprouvées n’autorisaient pas, et quelle(s) place(s) tient-elle par rapport à celles-ci ?<br />

1 A. Ciccone et A. Ferrant (2009) : Honte, culpabilité et traumatisme, Paris, Dunod, p. 98.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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