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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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hystériques femmes aux hystériques hommes, n’était-il pas dans les faits insensiblement passé d’une<br />

pathologie à une autre, non pas d’une forme d’hystérie à une autre, mais <strong>de</strong> l’hystérie à autre<br />

chose ? La même interrogation est venue à A. Green quand, entreprenant une synthèse comparative<br />

entre la clinique <strong>de</strong>s états limites et celle <strong>de</strong> l’hystérie, il écrivit :<br />

Inversement, un regard rétrospectif sur nombre <strong>de</strong> travaux classiques amène à questionner parfois la<br />

validité du diagnostic d’hystérie. Si ça n’est vraiment pas le cas pour la Dora <strong>de</strong> Freud, c’est beaucoup<br />

plus vraisemblablement celui <strong>de</strong>s patients figurant dans les Etu<strong>de</strong>s sur l’hystérie. 1<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Non que cela nous autorise à émettre un doute quant à la validité <strong>de</strong> ces diagnostics : cela<br />

reviendrait à projeter anachroniquement nos références nosographiques actuelles sur un passé qui,<br />

et pour cause, ne les avait pas encore conçues. Car tout diagnostic est par essence différentiel et<br />

procè<strong>de</strong> d’une double opération : l’une positive <strong>de</strong> choix d’une entité au titre du plus grand nombre<br />

<strong>de</strong> similitu<strong>de</strong>s cliniques entre le cas et l’entité, l’autre négative <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> toutes les autres<br />

occurrences possibles. Si bien qu’un diagnostic est toujours à référer au système nosologique<br />

(implicite ou explicite) formé par l’ensemble <strong>de</strong>s entités cliniques faisant référence et se différenciant<br />

les unes <strong>de</strong>s autres <strong>de</strong> par un ensemble cohérent <strong>de</strong> critères sémiologiques (G. Lanteri-Laura, 1982).<br />

L’ajout ou le retrait d’une seule entité redistribue inéluctablement pour partie la population <strong>de</strong>s<br />

patients entre les entités formant le nouvel ensemble.<br />

Aucune comparaison ne serait-elle alors possible entre différents systèmes nosographiques ? La<br />

réponse est pourtant positive mais à la condition <strong>de</strong> comparer non pas les diagnostics en euxmêmes,<br />

mais les données cliniques à partir <strong>de</strong>squelles ils ont été posés. De ce point <strong>de</strong> vue, l’on n’a<br />

sans doute pas suffisamment prêté attention au fait qu’en définissant l’hystérie et son étiologie<br />

sexuelle, Freud procédait simultanément à la mise entre parenthèses <strong>de</strong> tout un ensemble <strong>de</strong><br />

configurations cliniques et que définir l’hystérie revenait à déterminer dans le même temps ce qui<br />

n’en relevait pas. Pour faire exister l’hystérie, puis la névrose obsessionnelle, telles qu’il commençait<br />

à les concevoir, il lui a donc fallu dans un même mouvement procé<strong>de</strong>r à l’exclusion <strong>de</strong> tout un<br />

ensemble <strong>de</strong> données sémiologiques. Ce <strong>travail</strong> en quelque sorte en creux n’apparaît pas toujours<br />

comme tel car les situations cliniques exclues ne se sont pas néc<strong>essai</strong>rement vues accor<strong>de</strong>r un statut<br />

clinique et nosographique. Elles sont souvent restées latentes, en jachère, comme le fond indéfini<br />

duquel, par contraste, la forme « névrose <strong>de</strong> transfert » ressort dans toute sa consistance et sa<br />

valeur positive.<br />

Ce « reste », ou cet arrière-fond <strong>de</strong> l’hystérie, quel est-il, ou encore, quels sont les phénomènes<br />

cliniques qui n’en relèvent pas ? Ils se laissent déduire <strong>de</strong>s éléments positifs définitoires <strong>de</strong>s<br />

névroses, à savoir, au temps <strong>de</strong> la neurotica dans l’article L’hérédité et l’étiologie <strong>de</strong>s névroses <strong>de</strong><br />

1896 :<br />

- la résurgence <strong>de</strong> souvenirs inconscients ;<br />

- souvenirs d’expérience soit d’une passivité sexuelle, soit d’un événement subi brutal ou d’une<br />

séduction moins violente ;<br />

- expérience sexuelle initiée par une personne plus âgée ;<br />

1 A. Green (2002) : La pensée clinique, Paris, Odile Jacob, p. 80.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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