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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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3.4. 2. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> d’historiage<br />

500<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Quelque soit leur dénomination, leur raison sociale, leurs lieux et modalités d’exercice ainsi<br />

que les populations auxquelles elles s’adressent, que ces métho<strong>de</strong>s se soient vu ou non accor<strong>de</strong>r une<br />

dénomination précise ou encore aient fait ou non l’objet d’<strong>essai</strong>s <strong>de</strong> codifications, les pratiques <strong>de</strong><br />

récit sont au cœur <strong>de</strong>s approches victimologique et <strong>psycho</strong>traumatologique, au point que l’on peut y<br />

voir un élément caractéristique à l’origine <strong>de</strong> leur style si particulier.<br />

Ainsi, dans la champ <strong>de</strong> la <strong>psycho</strong>traumatologie, nous avons vu que le terme générique <strong>de</strong><br />

« débriefing » a été presque unanimement adopté jusqu’à ce que récemment certains praticiens<br />

français se soient attachés à le redéfinir et le requalifier d’Intervention Psychothérapique Précoce<br />

(IPP) (C. Duchet, 2007).<br />

Dans d’autres domaines, comme celui <strong>de</strong>s pratiques humanitaires à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s survivants <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s catastrophes, <strong>de</strong> guerres ou <strong>de</strong> génoci<strong>de</strong>s, il est plus volontiers évoqué <strong>de</strong>s entretiens <strong>de</strong><br />

témoignage ou encore, tout simplement, <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> récit. Toutes insistent cependant sur<br />

l’importance <strong>de</strong> la narration <strong>de</strong>s expériences traumatiques. Ainsi C. Lachal écrit-il à leur propos :<br />

Pour résumer, la narration d’une expérience traumatique est susceptible <strong>de</strong> produire les<br />

effets suivants :<br />

- Elle permet le passage <strong>de</strong> ce qui est implicite à ce qui est explicite.<br />

- Elle contraint à la mise en forme qui requalifie le vécu et lui donne <strong>de</strong>s significations.<br />

- Cette mise en forme réunifie les éléments dispersés <strong>de</strong> l’expérience traumatique et l’inscrit dans le<br />

temps.<br />

- Elle entraîne <strong>de</strong>s changements, <strong>de</strong>s transformations, aussi bien sur le locuteur et son « implicite » que<br />

chez l’interlocuteur. L’importance <strong>de</strong> ces changements dépend <strong>de</strong> la situation, du contexte <strong>de</strong> la<br />

narration. Ils peuvent affecter plus ou moins profondément l’un et l’autre.<br />

- Elle permet <strong>de</strong> poser avec acuité la question <strong>de</strong> la véracité <strong>de</strong> ce qui a été vécu, sans préjuger <strong>de</strong><br />

l’aboutissement <strong>de</strong> ce processus qui dépend en partie <strong>de</strong> l’interlocuteur. On retrouve ici une<br />

distinction importante établie entre fiction et réel avec sans doute une balance inégale entre réel et<br />

fictionnel selon que l’on considère la narration <strong>de</strong> la personne traumatisée et le scénario émergent du<br />

thérapeute. En tout cas, il n’y a pas répétition à l’i<strong>de</strong>ntique du récit au scénario émergent. 1<br />

3.4.2.1. Questions <strong>de</strong> terminologie<br />

<strong>Le</strong> terme <strong>de</strong> « débriefing », même qualifié d’émotionnel pour bien le distinguer <strong>de</strong> sa version<br />

« technique », outre le fait qu’il constitue un anglicisme dommageable que cache bien mal<br />

l’adjonction récente d’un accent aigu à sa première voyelle, confère une connotation technique à sa<br />

pratique, et semble <strong>de</strong> ce fait mieux convenir à qualifier les pratiques à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> professionnels<br />

<strong>de</strong> retour <strong>de</strong> mission. Car, pendant du « briefing » préparatoire à celle-ci, cette terminologie suppose<br />

une évaluation <strong>de</strong>s comportements individuels et collectifs en termes <strong>de</strong> conformité et d’écart à une<br />

procédure codifiée. Il évoque donc par trop l’idée <strong>de</strong> bilan (et ne rendant en cela pas suffisamment<br />

compte <strong>de</strong> ses dimensions maïeutique et cathartique) ; quant à celle d’ « intervention<br />

<strong>psycho</strong>thérapique précoce » récemment adoptée, elle instaure une confusion à notre sens<br />

1 C. Lachal (2006) : <strong>Le</strong> partage du traumatisme, La pensée sauvage, p. 74.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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