27.12.2013 Views

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

272<br />

L’issue à ce temps <strong>de</strong> latence peut être longue à se <strong>de</strong>ssiner, et notre expérience personnelle montre<br />

certains cas <strong>de</strong> sujet retrouvant, sans ai<strong>de</strong>, leur personnalité antérieure jusque trois ans après<br />

l’événement.<br />

<strong>Le</strong> temps du différé : névroses traumatiques et personnalité traumato-névrotique<br />

L’on entre ici dans les syndromes durables, enkystés, particulièrement handicapants, dont il<br />

est exceptionnel qu’ils puissent s’amen<strong>de</strong>r d’eux-mêmes car ils consistent en une réorganisation <strong>de</strong><br />

l’ensemble du psychisme sur un mo<strong>de</strong> pathologique, dont la névrose traumatique est la forme la plus<br />

caractéristique 1 .<br />

<strong>Le</strong>ur sémiologie est organisée en <strong>de</strong>ux grands ensembles <strong>de</strong> symptômes, selon qu’ils sont exclusifs<br />

<strong>de</strong>s syndromes <strong>psycho</strong>traumatiques ou qu’ils se retrouvent dans d’autres problématiques <strong>psychique</strong>s<br />

(ils sont dits alors non spécifiques), à quoi il faut ajouter la réorganisation <strong>de</strong> la personnalité.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

<strong>Le</strong>s symptômes spécifiques<br />

Ils forment ce qui apparaît comme le cœur <strong>de</strong>s problématiques <strong>psycho</strong>traumatiques et obéissent au<br />

fait que l’événement est resté omniprésent dans le psychisme du sujet et a infiltré sa trame<br />

existentielle.<br />

La principale expression en est le « Syndrome <strong>de</strong> répétition traumatique (SRT) » (Briole et al., 1994),<br />

dont Crocq relève qu’il serait plus juste <strong>de</strong> le nommer « syndrome <strong>de</strong> reviviscence » pour mieux<br />

rendre compte <strong>de</strong> ce que le sujet revit plus qu’il ne se remémore, tout ou partie l’événement. C’est<br />

celui-ci avec ses manifestations particulièrement envahissantes, incoercibles et laissant le sujet en<br />

état <strong>de</strong> détresse, qui a inspiré à C. Barrois le titre <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong> ses articles, « Souvenir <strong>de</strong> l’enfer et enfer<br />

du souvenir » (1992). Ce syndrome doit être considéré comme pathognomonique <strong>de</strong>s<br />

problématiques <strong>psycho</strong>traumatiques.<br />

7 formes principales en sont décrites par L. Crocq en 2004 dans l’article <strong>Le</strong> syndrome <strong>de</strong> répétition.<br />

Formes cliniques et signification. Précisons que l’on ne retrouve pas l’ensemble <strong>de</strong> ces manifestations<br />

chez tous les sujets <strong>psycho</strong>traumatisés, mais au moins plusieurs.<br />

Ce sont :<br />

1. les phénomènes hallucinatoires, très détaillés et réalistes, visuels, auditifs, olfactifs, consistant en<br />

une visualisation brutale <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> l’événement à laquelle le sujet assiste comme lors <strong>de</strong> sa<br />

survenue. Si pendant quelques instants le patient revit véritablement l’événement, il est capable<br />

après quelques secon<strong>de</strong>s d’en critiquer la réalité présente, à la différence <strong>de</strong>s hallucinations<br />

vraies ;<br />

2. les souvenirs forcés, moins visuels et plus mentalisés, qui reviennent sans cesse à l’esprit ;<br />

3. les ruminations mentales sur le drame et ses conséquences, l’absence <strong>de</strong> solidarité… ;<br />

1<br />

Selon les orientations, cette pathologie chronique prend nom <strong>de</strong> névrose traumatique, <strong>de</strong> syndrome<br />

<strong>psycho</strong>traumatique chronique, d’état <strong>de</strong> stress post-traumatique (traduction du PTSD nord-américain). Pour un<br />

tableau comparatif <strong>de</strong> ces différentes notions, voir L. Crocq (2007) : Clinique du syndrome <strong>psycho</strong>traumatique.<br />

Névrose traumatique, état <strong>de</strong> stress post-traumatique et autres séquelles, In L. Crocq et all., Traumatismes<br />

<strong>psychique</strong>s. Prise en charge <strong>psycho</strong>logique <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s, Masson, Paris, p. 35-49. Voir aussi C. Jonas (1996):<br />

<strong>Le</strong>s conséquences <strong>psycho</strong>-biologiques du traumatisme <strong>psychique</strong>.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!