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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

débuterons ce très bref parcours consacré à ces <strong>de</strong>ux notions clés par l’examen <strong>de</strong> ce que l’on<br />

dénomme le contre-transfert.<br />

Contesté dans son principe même par J. Lacan, le contre-transfert représente aujourd’hui pour<br />

nombre <strong>de</strong> psychanalystes une dimension constitutive du dispositif <strong>de</strong> cure puisqu’il est considéré<br />

comme l’une <strong>de</strong>s conditions même <strong>de</strong> possibilité du transfert. <strong>Le</strong> temps est en effet loin où Freud<br />

répondait à Jung lui ayant confié avoir eu <strong>de</strong>s relations sexuelles avec une patiente que cela faisait en<br />

quelque sorte partie <strong>de</strong>s risques du métier et qu’il était parfois bien difficile <strong>de</strong> résister aux<br />

séductions féminines (P. Denis, 2010).<br />

<strong>Le</strong> phénomène contre-transférentiel a heureusement, <strong>de</strong>puis, bénéficié d’élaborations multiples qui<br />

en ont dégagé le caractère aussi universel que déterminant dans le processus <strong>de</strong> cure. Mais il a pour<br />

cela fallu se départir d’un certain nombre <strong>de</strong>s préjugés négatifs qui y étaient attachés, notamment<br />

celui tenace qu’il contreviendrait à la règle <strong>de</strong> neutralité, serait source <strong>de</strong> distorsions et d’erreurs et<br />

représenterait toujours plus ou moins un obstacle au bon développement du transfert du patient.<br />

Alice et Michael Balint, peu avant la <strong>de</strong>rnière guerre mondiale, décrivaient ainsi l’opinion largement<br />

majoritaire dans le mon<strong>de</strong> analytique à cet égard : « Si, et quand, l’analyste a influencé la situation<br />

transférentielle par quelque autre moyen que l’interprétation, il a commis une lour<strong>de</strong> faute » (cité<br />

par P ; Denis, p. 11)<br />

Il faudra notamment les travaux <strong>de</strong> Paula Hiemann et <strong>de</strong> Margaret Little pour voir formulée l’idée<br />

que le contre-transfert puisse représenter un outil d’investigation <strong>de</strong> l’inconscient du patient, dans<br />

une extension <strong>de</strong> la notion à toutes les impressions qu’éprouve l’analyste en écho à celui-ci.<br />

Mais l’une et l’autre en restaient à l’idée d’un phénomène réactionnel au transfert du patient, et<br />

c’est à M. Neyraut (1974) que l’on doit l’idée qu’il représente la condition même <strong>de</strong> développement<br />

et d’expression <strong>de</strong> celui-ci, et non l’inverse : « Ce qui donne sa valeur <strong>de</strong> transfert aux<br />

investissements du patient dans la situation analytique est la manière dont ils sont reçus, c’est-à-dire<br />

interprétés par le contre-transfert <strong>de</strong> l’analyste, que cette interprétation soit implicite ou explicite »<br />

(Denis, p. 31-31).<br />

A partir <strong>de</strong> là, le contre-transfert en vient presque à se confondre avec ce qui rend possible le<br />

processus même <strong>de</strong> la cure puisqu’il ne peut y avoir <strong>de</strong> transfert qu’à la condition que l’attitu<strong>de</strong><br />

générale <strong>de</strong> l’analyste le permette, et la première et plus essentielle <strong>de</strong> celles-ci en est qu’il se<br />

présente, selon P. Denis, comme un « anti-objet » :<br />

Si l’objet est bien « la métaphore topique <strong>de</strong> l’investissement », selon la formule <strong>de</strong> René Diatkine, on<br />

pourrait considérer comme objet externe, comme objet tangible dirait Michel Neyraut (1974), toute<br />

personne qui laisse s’installer sur elle-même un investissement libidinal organisateur. Nous définirons,<br />

à l’inverse, comme anti-objet toute personne refusant <strong>de</strong> se laisser investir <strong>de</strong> manière continue, dans<br />

une configuration stable, pour un autre sujet et susceptible <strong>de</strong> lui apporter <strong>de</strong>s satisfactions directes. 1<br />

Cette définition tend à avoir été majoritairement adoptée, à certaines nuances près, et ainsi un<br />

auteur comme L. De Urtubey peut affirmer : « Par contre-transfert, j’entends le <strong>travail</strong> <strong>de</strong> l’analyste.<br />

Celui-ci est la contribution <strong>de</strong> l’analyste à la construction, au développement puis à la résolution <strong>de</strong> la<br />

situation analytique. » (1994, p. 1371). Ainsi, l’interprétation « se forge dans le contre-transfert et<br />

constitue l’aboutissement du <strong>travail</strong> <strong>de</strong> celui-ci » (1994, p. 1366).<br />

1 P. Denis (2010) : Rives et dérives du contre-transfert, Paris, PUF, p. 36.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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