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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

techniques pour faire taire l'enfant. L'empêcher <strong>de</strong> parler, si<br />

l'enfant parle c'est lui qui est en danger, donc il va se<br />

débrouiller pour faire taire l'enfant. c'est une <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

ce type <strong>de</strong> pratiques car s'il ne fait pas ça, l'enfant va à un<br />

moment ou à un autre exprimer quelque chose <strong>de</strong> ce qu’il subit.<br />

L'agresseur le sait, il sait qu'il est en danger, car il sait que c'est<br />

interdit. Il sait que c'est condamnable, qu'il risque gros, donc il<br />

a <strong>de</strong>s stratégies pour coincer l'enfant dans le secret ? Il n'y en a<br />

pas 36 000, il y en a quelque unes, c'est toujours les même<br />

parce que enfermer un enfant dans ses secrets c'est relativement<br />

simple. Un enfant n'est pas un adulte il a une <strong>psycho</strong>logie<br />

particulière. L'agresseur connait et a appris la <strong>psycho</strong>logie <strong>de</strong>s<br />

enfants.<br />

Melle X : Mais lui il a...<br />

P : Il a appris concrètement, il a su faire, il a trouvé les trucs<br />

qui marchent…<br />

Melle X : Mais je me dis il était jeune, lui, en fait.<br />

P : Alors quand vous dites il est jeune c'est la différence d'âge<br />

qui est importante. 4 ans <strong>de</strong> différence d'âge, à un certain âge<br />

c'est tout un mon<strong>de</strong>, il y en a un qui est adulte l'autre enfant ou<br />

il y en a un qui est ados l'autre enfant. Ça fait une différence<br />

considérable. Je ne sais pas combien il y avait entre vous ?<br />

Melle X : 5 ou 6 ans…<br />

P : Ca peut être énorme entre une fillette <strong>de</strong>...<br />

Melle X : Moi j'avais 9 ans et lui 15 ans…<br />

P : Entre une fillette <strong>de</strong> 9 ans qui n'a pas la moindre idée <strong>de</strong> ce<br />

qu'est la sexualité et un ados qui a peut-être vu <strong>de</strong>s films porno,<br />

qui a peut être déjà eu <strong>de</strong>s relations sexuelles, en parle avec ses<br />

copains, est préoccupé <strong>de</strong> ça, Alors que pour une fillette qui a<br />

10 ans il n'y a pas <strong>de</strong> sexualité au sens sexuel du terme, les<br />

relations sexuelles c'est quelque chose <strong>de</strong> très mystérieux , on<br />

en a une vision si enfantine <strong>de</strong> la chose qu'on ne sait même pas<br />

si ça existe. Il était peut être jeune, mineur, mais la différence<br />

elle est énorme … Et dans toutes les situations d'abus, même<br />

entre mineurs, s'il y en a un plus âgé que l'autre, forcément il y<br />

a <strong>de</strong>s techniques. Il ya <strong>de</strong>s stratégies très précises, alors la<br />

<strong>victime</strong> elle se dit après « comment je ne me suis pas<br />

défendue? ». Sauf qu'elle n'a pas compris parce qu’elle n'a pas<br />

les moyens <strong>de</strong> les analyser à cet âge là.<br />

Melle X : Déjà moi je n'arrive pas à me rappeler comment s'est<br />

arrivé exactement…<br />

P : Voilà un truc : il n'y a pas <strong>de</strong> début ! C'est-à-dire que l'une<br />

<strong>de</strong>s techniques est que cela se fait très progressivement. Il y a<br />

l'attaque violente brutale où on saute sur la <strong>victime</strong>, mais dans<br />

les cas comme le vôtre, c'est souvent une technique très<br />

progressive ; et au fond l'agression ne représente qu’un petit<br />

changement à peine perceptible. Cela veut dire qu'il y a <strong>de</strong>s tas<br />

<strong>de</strong> trucs avant les agressions qui ont habitué la <strong>victime</strong> sans<br />

qu'elle s'en ren<strong>de</strong> compte, à une proximité physique.<br />

Melle X : Donc si vous dites il n'y a pas eu <strong>de</strong> début, je ne me<br />

souviens pas du début, c'est que ça c'est peut être passé comme<br />

stratégies <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ce type d’agresseur.<br />

C’est aussi une façon <strong>de</strong> normaliser ses<br />

comportements en les resituant comme <strong>de</strong>s<br />

réponses à un contexte et <strong>de</strong>s stratégies<br />

d’enfermement dont elle ne pouvait avoir<br />

conscience comme telles. Cela revient à<br />

<strong>travail</strong>ler l’imputation en lui proposant <strong>de</strong>s<br />

éléments nouveaux <strong>de</strong> compréhension du<br />

contexte rendant possible les agressions et<br />

leur répétition. C’est le « scénario <strong>de</strong>s faits »<br />

qui est complexifié, dans l’objectif <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à<br />

abor<strong>de</strong>r différemment la question <strong>de</strong><br />

l’imputation sur laquelle elle ne cesse <strong>de</strong><br />

buter. C’est un exemple d’étayage par la<br />

« qualification », puisque cela consiste à<br />

rechercher <strong>de</strong>s comportements<br />

« infractionnels » chez l’agresseur, non perçus<br />

comme tels par elle.<br />

Trouve un nouvel argument le<br />

déresponsabilisant mais l’intérêt est qu’elle<br />

commence à discuter donc s’approprier les<br />

questions.<br />

La réponse qui lui est donnée est conçue <strong>de</strong> la<br />

même façon : ce n’est pas l’âge qu’il faut<br />

prendre en compte mais la différence d’âges,<br />

et c’est dans celle-ci que rési<strong>de</strong> le caractère<br />

anormal <strong>de</strong> la situation.<br />

Renforcement <strong>de</strong> l’idée que c’est la différence<br />

d’âge qui fait l’anormalité, et non le fait qu’il<br />

était mineur.<br />

<strong>Le</strong> <strong>travail</strong> se poursuit sur la constitution <strong>de</strong>s<br />

écarts aux normes (sociales, juridiques) en<br />

étayage <strong>de</strong> la question problématique <strong>de</strong><br />

l’imputation.<br />

Elle s’auto-invali<strong>de</strong> comme témoin <strong>de</strong> ses<br />

propres abus.<br />

La réponse qui lui est donnée fait <strong>de</strong> l’absence<br />

<strong>de</strong> souvenirs un nouveau signe d’écart, un<br />

élément nouveau à prendre en compte dans la<br />

reconstitution <strong>de</strong>s faits.<br />

Nouvel élément proposé d’analyse du mo<strong>de</strong><br />

opératoire auquel elle a été soumise.<br />

Semble s’approprier l’analyse proposée.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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