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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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remémoration est qu’elle n’est pas durable : très vite le sujet est repris par la répétition, et non<br />

seulement il se remet à douter mais encore sa souffrance s’en trouve réactivée et accrue.<br />

<strong>Le</strong> doute quant à la réalité <strong>de</strong>s abus est donc l’un <strong>de</strong>s obstacles majeurs auxquels se heurte la<br />

remémoration tant il est la résultante <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification à l’agresseur et du désaveu du parent<br />

Et si la conscience peut revenir, c’est en n’ayant « aucune connaissance <strong>de</strong>s événements survenus<br />

<strong>de</strong>puis le traumatisme », du fait <strong>de</strong> « l’auto-clivage narcissique ». S. Korff-Sausse souligne à ce<br />

propos : « <strong>Le</strong> trauma reste cependant en souffrance c’est-à-dire en attente <strong>de</strong> remémoration et <strong>de</strong><br />

représentations auxquelles se relier, mais aussi en attente d’être souffert… » (2004, p. 21)<br />

Ainsi, les manifestations principales <strong>de</strong> la répétition constituent bien une forme <strong>de</strong> duplication <strong>de</strong><br />

certaines <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>s abus et <strong>de</strong> leur contexte.<br />

2.2.3.4. La traumato-analyse<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

En fait, <strong>de</strong>ux choses m’étaient <strong>de</strong>mandées, sans lesquelles aucun changement dans la répétition ne<br />

serait concédé. a) Une sincérité totale au sujet <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong> déplaisir existant chez l’analyste,<br />

l’éclaircissement, par l’analyse mutuelle, <strong>de</strong>s obstacles en moi, obstacles au transfert libidinal en<br />

retour. b) Après avoir dégagé la voie <strong>de</strong> cette difficulté, la paralysie <strong>de</strong> la compréhension intellectuelle<br />

disparut, et les questions justes <strong>de</strong> ma part, étayées sur la conviction intérieure, vinrent d’ellesmêmes.<br />

1<br />

<strong>Le</strong> processus ne s’arrête pas là et l’on trouve dans le Journal Clinique <strong>de</strong>s précisions très précieuses<br />

quant aux effets sur l’analyste <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces que ses propres changements ont eu sur le patient :<br />

libéré lui-même du poids <strong>de</strong> la répétition dans laquelle il se trouvait pris, s’offrent à Ferenczi <strong>de</strong><br />

nouvelles clés sous la forme <strong>de</strong> questions dont il précise quelques unes <strong>de</strong> leurs caractéristiques :<br />

Dans cet état <strong>de</strong> clairvoyance, il me fut dit alors : que ma tâche essentielle serait <strong>de</strong> mettre mes forces<br />

mentales à la disposition <strong>de</strong> la psyché clivée, en l’incitant à l’action, elle qui après avoir été arrachée,<br />

errait sans comprendre dans le lointain, non pas <strong>de</strong>s explications, mais en posant les questions<br />

appropriées. Ce sont <strong>de</strong>s questions formulées <strong>de</strong> la façon la plus simple, auxquelles même un enfant<br />

trouvé à moitié mort <strong>de</strong>vrait pouvoir répondre, que je dois poser à la partie clivée <strong>de</strong> la psyché ; on<br />

attendait <strong>de</strong> moins <strong>de</strong>s questions se rapportant aux sentiments exprimés d’où qu’ils viennent, quelle<br />

qu’en soit l’origine, etc. et elles recevraient une réponse claire. 2<br />

Ce sont alors les principes <strong>de</strong>s analyses d’enfants qu’il faut introduire dans celle <strong>de</strong>s adultes. Il n’en<br />

offre malheureusement qu’une courte illustration clinique ou, comme à chaque fois, c’est le patient<br />

qui est à l’initiative <strong>de</strong> la nouveauté, l’analyste se mettant en position <strong>de</strong> se laisser enseigner par lui :<br />

Voici un exemple : un patient dans la force <strong>de</strong> l’âge se déci<strong>de</strong>, après avoir surmonté <strong>de</strong> fortes<br />

résistances, notamment une méfiance intense, à faire revivre <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> sa prime enfance. Je<br />

sais déjà, grâce à l’élucidation analytique <strong>de</strong> son passé, que dans les scènes revécues il m’i<strong>de</strong>ntifie à<br />

son grand-père. Tout à coup, en plein milieu <strong>de</strong> son récit, il me passe le bras autour du cou et me<br />

chuchote à l’oreille : « Dis, grand-père, je crains que je vais avoir un petit enfant »… J’ai alors eu l’idée<br />

heureuse, me semble-t-il, <strong>de</strong> rien dire tout d’abord du transfert ou d’une chose <strong>de</strong> ce genre, mais <strong>de</strong><br />

lui retourner la question, sur le même ton<strong>de</strong> chuchotement : « oui, pourquoi donc penses-tu cela ? 3<br />

1 Ibi<strong>de</strong>m, p. 118-19<br />

2 <strong>Le</strong> traumatisme, op.cit., p.118.<br />

3 Analyses d’enfants avec <strong>de</strong>s adultes, op.cit., p. 101<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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