27.12.2013 Views

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

292<br />

L’on pourrait alors penser que la « catastrophologie » ait atteint ses limites et qu’elle n’ait<br />

plus qu’à prévenir et assurer les configurations toujours nouvelles qui lui sont soumises en jouant à<br />

l’i<strong>de</strong>ntique <strong>de</strong> ces mêmes modalités opératoires.<br />

Mais un nouveau domaine s’est plus récemment inventé, qui en transforme profondément les<br />

principes puisqu’il n’a plus directement trait à la survenue même <strong>de</strong> la catastrophe ni à la gestion et<br />

l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong> ses conséquences, mais aux modalités mêmes d’y faire face et <strong>de</strong> la gérer. Il ne<br />

s’agit alors plus seulement d’anticiper ou <strong>de</strong> prévenir sa survenue, mais <strong>de</strong> se préparer à<br />

l’imprévisibilité <strong>de</strong> son irruption toujours possible et à ses effets potentiels d’autant plus<br />

désorganisateurs qu’elle frappera le plus fort là où précisément nous nous sommes le moins<br />

préparés à y faire face ; dans les trous noirs <strong>de</strong> nos systèmes prévisionnels, préventifs et<br />

d’intervention.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

La catastrophe se fait alors essentiellement crise, c’est-à-dire désorganisation <strong>de</strong> notre ordre<br />

social, et sa gestion « gestion <strong>de</strong> crise », au point c’est sur elle que se centre l’intervention.<br />

Sa nature (naturelle, technologique, politique…) en <strong>de</strong>vient presque secondaire et n’est plus qu’un<br />

facteur parmi d’autres. La dimension humaine y <strong>de</strong>vient par contre première et c’est elle qui fait<br />

l’objet d’anticipation, anticipation <strong>de</strong> son caractère potentiellement imprévisible dans la<br />

désorganisation que sa désorganisation risque d’engendrer.<br />

Cette révolution s’est opérée en <strong>de</strong>ux temps :<br />

-celui <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> protocoles d’intervention spécifiques. Elle s’incarne dans la notion <strong>de</strong><br />

plan : plan rouge, plan blanc, plan Orsec…, Ces différents plans consistent en la mise en place d’une<br />

organisation, d’une logistique et d’une technicité adaptés au caractère exceptionnel <strong>de</strong>s<br />

circonstances (mobilisation et organisation <strong>de</strong> moyens matériels et humains hors normes<br />

habituelles), par exemple pour une catastrophe naturelle : activer les secours d’urgence aux<br />

survivants (sauvetage, mé<strong>de</strong>cine d’urgence et <strong>de</strong> catastrophe), pourvoir aux besoins élémentaires<br />

(approvisionnement en eau, nourriture, abris transitoires…), sécuriser le milieu (anticipation <strong>de</strong><br />

certaines conséquences <strong>de</strong> la catastrophe comme les épidémies…), restaurer progressivement les<br />

structures matérielles et politiques antérieures (réseaux <strong>de</strong> transports, hôpitaux, police…), etc.<br />

- celui <strong>de</strong> protocoles <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la crise où c’est le rapport inéluctablement inadéquat entre les<br />

conditions créées par la catastrophe et les réponses à disposition qui fait l’objet sinon d’une<br />

planification du moins d’une « culture <strong>de</strong> crise » :<br />

La culture <strong>de</strong> crise, c’est connaître ce qu’est une crise, savoir qu’une crise peut se produire dans un<br />

avenir plus ou moins proche, s’y attendre, y être préparé. La culture <strong>de</strong> crise doit être présente dans<br />

les mentalités ; elle se traduit par le fait <strong>de</strong> penser, par moments ou en permanence, à l’éventualité <strong>de</strong><br />

la survenue d’une crise ; et <strong>de</strong> se référer à l’expérience issue <strong>de</strong>s crises passées en ayant réfléchi aux<br />

enseignements pratiques à en tirer. 1<br />

Cette culture suppose d’être déjà en capacité <strong>de</strong> savoir reconnaître une crise, ce qui exige une juste<br />

évaluation <strong>de</strong> la situation et savoir notamment ni en sous-estimer, ni en surestimer, la gravité.<br />

1 L. Crocq et all (2009), Gérer les gran<strong>de</strong>s crises, p 34.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!