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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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Il va donc s’attacher à décrire les principales formes <strong>de</strong> manifestations observables dans les tableaux<br />

<strong>de</strong> « névroses post-traumatiques » : hystériques, neurasthéniques, <strong>de</strong> névrose émotive 1 ,<br />

psychasthéniques, les associations <strong>de</strong> ces symptômes chez un même mala<strong>de</strong>, sinistrosiques.<br />

La discussion porte également les liens entre le traumatisme et les différentes névroses : l’hystérotraumatisme,<br />

la neurasthénie post-traumatique, la psychasthénie et la sinistrose.<br />

Concernant la première, la référence reste la définition qu’en a donnée Babinski selon laquelle ne<br />

sont <strong>de</strong> nature hystérique que les troubles reproductibles par suggestion et susceptibles <strong>de</strong><br />

disparaître suivant le même mécanisme ; <strong>de</strong> même pour leur éclosion. Partant, le rôle <strong>de</strong> l’émotion<br />

et <strong>de</strong> la constitution sont discuté mais c’est la question <strong>de</strong> la sincérité versus simulation qui se pose<br />

avec insistance et conduit l’auteur à la conclusion mitigée suivante :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

<strong>Le</strong>s faits sont assurément très divers et, entre ces <strong>de</strong>ux extrêmes, le simulateur conscient et<br />

l’hystérique débile, émotif et têtu, mais apparemment <strong>de</strong> bonne foi, se place la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s<br />

hystériques et <strong>de</strong> ceux qui sont provisoirement considérés comme tels, sujets qui, plutôt qu’ils<br />

subissent moins la suggestion étrangère à leur corps défendant qu’ils ne l’acceptent plus ou moins<br />

consciemment, parce qu’elle satisfait leur tendance intime ou leur intérêt du moment… On se trouve<br />

ainsi à peu près impuissant à distinguer un hystérique d’un simulateur, surtout lorsque les<br />

manifestations observées sont <strong>de</strong>s troubles fonctionnels, paralysies, contractures, etc. 2<br />

Quant à la neurasthénie, l’auteur constate que, selon les thèses, elle peut être considérée comme<br />

toujours préexistante à l’acci<strong>de</strong>nt ou, à l’inverse, être engendrée par lui. Dans ce second cas, soit l’on<br />

a affaire à l’existence <strong>de</strong> lésions anatomiques provoquées par le choc au système nerveux ; soit à une<br />

émotion dont le force est telle qu’elle peut, chez <strong>de</strong>s sujets prédisposés « déterminer un brusque<br />

fléchissement <strong>de</strong> l’énergie à la faveur duquel s’établit l’état neurasthénique ».<br />

La sinistrose donne lieu au même découpage :<br />

On est ainsi amené à dissocier la sinistrose et à séparer <strong>de</strong>s états différents.<br />

a) Il n’existait aucun délire et le règlement du litige a entraîné la disparition rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous les<br />

troubles : la bonne foi <strong>de</strong> l’intéressé est certainement suspecte, si du moins il n’est pas un hystérique<br />

b) Avant l’acci<strong>de</strong>nt la <strong>victime</strong> présentait déjà <strong>de</strong>s préoccupations hypocondriaques, une<br />

hyperémotivité ou <strong>de</strong>s obsessions, ou encore <strong>de</strong>s tendances revendicatrices : l’acci<strong>de</strong>nt n’a fait que les<br />

révéler, il ne les a pas crées.<br />

c) L’expert s’est trompé et a pris pour <strong>de</strong>s plaintes imaginaires ce qui était une souffrance réelle due à<br />

<strong>de</strong>s lésions organiques qu’il n’a pas reconnues. Rien d’étonnant à ce que le blessé ait été ar<strong>de</strong>nt dans<br />

ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. 3<br />

Enfin, concernant tant la névrose émotive que la psychasthénie, l’auteur se rallie à l’opinion<br />

dominante selon laquelle ces <strong>de</strong>ux affections supposent une prédisposition pour la première, un<br />

terrain constitutionnel pour la secon<strong>de</strong>.<br />

La démarche adoptée est finalement similaire à celle qu’en son temps Babinski appliqua à<br />

l’hystérie : un démembrement <strong>de</strong> la névrose post-traumatique en autant d’entités par ailleurs<br />

1 Qu’il caractérise par l’existence d’émotions normales dans leur nature, mais exacerbées dans leur intensité et<br />

leur durée, notamment la peur, au décours <strong>de</strong> moments paroxystiques : « susceptible d’être imitée par l’hystérie,<br />

cette crise émotive se distingue pourtant <strong>de</strong> la crise hystérique par sa spontanéité et son apparente sincérité.»<br />

2 Ibi<strong>de</strong>m, p. 513.<br />

3 Ibi<strong>de</strong>m, p. 528.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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