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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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système se trouvant spatialement à l’interface <strong>de</strong> l’intérieur et <strong>de</strong> l’extérieur, tout en étant tournée<br />

vers ce <strong>de</strong>rnier. Quant à sa fonction :<br />

328<br />

Ce que la conscience nous livre consiste essentiellement en perceptions d’excitations venant du<br />

mon<strong>de</strong> extérieur et en sensations <strong>de</strong> plaisir et <strong>de</strong> déplaisir qui ne peuvent provenir que <strong>de</strong> l’intérieur<br />

<strong>de</strong> l’appareil <strong>psychique</strong>… 1<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

De là provient la célèbre image d’un appareil <strong>psychique</strong> semblable à une vésicule vivante et<br />

excitable. Celui-ci, pour se protéger <strong>de</strong>s énergies provenant du mon<strong>de</strong> extérieur qui autrement le<br />

submergeraient, est entouré d’une couche externe faisant fonction <strong>de</strong> « pare-excitations », si bien<br />

qu’il n’est transmis aux couches internes du psychisme qu’une partie <strong>de</strong> l’énergie externe. Il en<br />

résulte une définition nouvelle du traumatisme : « nous appelons traumatiques les excitations<br />

externes assez fortes pour faire effraction dans le pare-excitations » (ibi<strong>de</strong>m, p. 78). Quant à la<br />

névrose traumatique « commune », elle serait « … la conséquence d’une effraction étendue du pareexcitations<br />

».<br />

Dans cette conception économique du traumatisme comme débor<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s protections du<br />

psychisme par un afflux d’énergie provenant <strong>de</strong> l’extérieur, l’effroi tient une place importante car il<br />

est la résultante d’un manque <strong>de</strong> préparation par l’angoisse du psychisme, quoique Freud ajoute<br />

qu’à partir d’un certain <strong>de</strong>gré d’intensité l’impréparation du psychisme « cesse <strong>de</strong> compter ».<br />

En cas d’effraction <strong>de</strong> la couche protectrice, « le principe <strong>de</strong> plaisir est mis hors d’action » car il n’est<br />

plus possible d’empêcher l’afflux d’excitation. L’urgence est alors ailleurs : « c’est bien plutôt une<br />

autre tâche qui apparaît : maîtriser l’excitation, lier <strong>psychique</strong>ment les sommes d’excitation qui ont<br />

pénétré par effraction pour les amener ensuite à la liquidation. », afin qu’ensuite le principe <strong>de</strong><br />

plaisir puisse retrouver toute sa place. De là résulte la fonction si particulière <strong>de</strong>s rêves d’acci<strong>de</strong>nt :<br />

Ces rêves ont pour but la maîtrise rétroactive <strong>de</strong> l’excitation sous développement d’angoisse, cette<br />

angoisse dont l’omission a été la cause <strong>de</strong> la névrose traumatique. Ils nous ouvrent ainsi une<br />

perspective sur une fonction <strong>de</strong> l’appareil <strong>psychique</strong> qui, sans contredire le principe <strong>de</strong> plaisir, est<br />

pourtant indépendante <strong>de</strong> lui et semble plus originaire que la recherche du gain <strong>de</strong> plaisir et<br />

l’évitement du déplaisir. 2<br />

De telles considérations ne pouvaient se prolonger que par un retour à la théorie <strong>de</strong>s pulsions,<br />

notamment celles d’autoconservation, puisque la problématique centrale abordée ici par Freud est<br />

celle d’une mise en péril <strong>de</strong> l’appareil <strong>psychique</strong> par un danger extérieur, hors toutes questions <strong>de</strong><br />

désir et <strong>de</strong> refoulement, problématique mettant en jeu les systèmes <strong>de</strong> protection et <strong>de</strong> défense du<br />

psychisme, moins contre ses mouvements internes que contre une extériorité dont le principe restait<br />

cependant à construire.<br />

Il s’agirait au fond d’une toute autre approche du moi comme processus <strong>de</strong> différenciation d’un<br />

milieu externe et d’un milieu interne, par filtrages et régulation <strong>de</strong>s échanges entre les <strong>de</strong>ux.<br />

1 S. Freud (1920) : Au-<strong>de</strong>là du principe <strong>de</strong> plaisir, In Essais <strong>de</strong> psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, 2001,<br />

Paris, p. 71.<br />

2 Ibi<strong>de</strong>m, p. 82-83.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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