27.12.2013 Views

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

155<br />

2° Evénement vécu par le sujet comme un danger grave et provoquant une émotion qui est souvent<br />

surmontée en apparence et minimisée, voire scotomisée par la suite<br />

3° Phase <strong>de</strong> latence allant <strong>de</strong> quelques mois à plusieurs années, au cours <strong>de</strong> laquelle on note à peu<br />

près constamment une pério<strong>de</strong> d’hypersomnie (sommeil lourd et abondant, somnolence diurne,<br />

abattement) et <strong>de</strong>s céphalées intenses, gravatives, occipitales ou sub-orbitaires, plus rarement<br />

bitemporales<br />

4° rappel émotionnel minime évoquant <strong>de</strong> façon directe ou plus souvent symbolique l’événement<br />

initial<br />

5° près une latence <strong>de</strong> quelques heures à quelques jours, explosion brutale <strong>de</strong>s troubles sous forme<br />

soit d’angoisse, soit d’agitation, soit <strong>de</strong> confusion, soit <strong>de</strong> délire, soit même d’épilepsie. 1<br />

L’article reste cependant relativement ambigu car tantôt c’est un terrain allergique ou une allergie<br />

antérieure qui favorise la sensibilité à l’événement traumatisant, tantôt l’allergie fait suite à<br />

l’événement. Dans un autre texte, Sivadon précise cependant sa position concernant le rôle du<br />

temps <strong>de</strong> latence :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

L’angoisse n’apparaît que si le sujet est « mûr » pour la faire. Cette maturation, dont nous avons vu<br />

plus haut les étapes symptomatologiques, nous parait correspondre à l’élaboration d’une allergie. A<br />

une phase d’épuisement nerveux (asthénie, hypersomnie) succè<strong>de</strong> une sensibilisation progressive,<br />

tout d’abord élective (intolérance à ce qui rappelle l’émotion primitive). Puis l’allergie perd sa<br />

spécificité et élargit son champ (intolérance à <strong>de</strong>s émotions variées, puis intolérance sociale <strong>de</strong> plus en<br />

plus généralisée). Enfin, réactions allergiques <strong>de</strong> l’encéphale (céphalées). 2<br />

M. Porot, dans une logique i<strong>de</strong>ntique rapportera tout un ensemble <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> névroses <strong>de</strong> guerre<br />

survenus lors <strong>de</strong> la guerre d’Algérie à la même dynamique « psychallergique ». Il en distingue en<br />

cependant <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s formes :<br />

Dans le premier cas (forme intense), la sensibilisation antérieure par les événements ne semble guère<br />

importante, même si le sujet y a été mêlé <strong>de</strong> façon active pendant un certain temps ; un traumatisme<br />

<strong>psychique</strong> violent, du fait <strong>de</strong>s événements, sidère le mala<strong>de</strong> ; après un temps <strong>de</strong> latence silencieux <strong>de</strong><br />

quelques semaines (un mois en général), à l’occasion d’un choc à la fois minime et violent, rappel<br />

symbolique ou réel, mais non actuellement dangereux, <strong>de</strong> l’événement sensibilisant, apparaissent et<br />

s’installent brusquement et massivement les phénomènes <strong>de</strong> psychallergie.<br />

Dans le <strong>de</strong>uxième cas (forme progressive), la sensibilisation se fait peu à peu, insensiblement pourraiton<br />

dire, pour atteindre finalement le même état psychallergique paroxystique durable que dans la<br />

forme latente. 3<br />

<strong>Le</strong> stress et le syndrome général d’adaptation <strong>de</strong> H. Seyle<br />

La notion <strong>de</strong> stress, au <strong>de</strong>stin social peut-être encore plus frappant que celle <strong>de</strong> trauma 4 , se<br />

situe dans le prolongement <strong>de</strong> ces approches, dont elle constitue la version la plus contemporaine et<br />

la plus élaborée.<br />

De par ses usages actuels dans le champ <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong> et <strong>de</strong> la <strong>psycho</strong>traumatologie, l’on peut<br />

dire qu’elle représente la version ou le pendant physio-biologique du trauma conçu, lui, dans une<br />

perspective exclusivement <strong>psycho</strong>gène.<br />

1 P. Sivadon : La notion d’allergie émotionnelle, AMP, 1953, 111, p. 239-40.<br />

2 P. Sivadon, H. Markich : <strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> latence dans les névroses post-émotionnelles, AMP., 1953, 111, p. 245..<br />

3 M. Porot : La psychallergie aux événements d’Algérie, Ann. Méd.-Psych., 116, T.1, 1958.<br />

4 Voir par exemple aujourd’hui son usage dans le mon<strong>de</strong> du <strong>travail</strong>.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!