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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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prendre à d’autres fillettes, cela lui montrait d’une part qu’il lui avait menti sur son « amour » et,<br />

bien plus, que ce n’était pas à elle, en tant que personne, qu’il s’en prenait, car ses actes<br />

pouvaient indifféremment viser d’autres <strong>victime</strong>s : ses agressions lui appartenaient en propre<br />

puisqu’elles étaient les mêmes quelque soit celle qu’elles avaient pour cible. Quant à la possible<br />

inconscience du mal qu’il pouvait faire, elle <strong>de</strong>venait pour elle plus que douteuse au regard du<br />

caractère construit <strong>de</strong>s agressions : lorsque l’on répète quelque chose à ce point, c’est que l’on a,<br />

a minima, une certaine conscience <strong>de</strong> ce que l’on fait.<br />

Ainsi, au point où elle en était rendue <strong>de</strong> son <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong>, ces informations nouvelles<br />

s’offraient à elle comme autant d’éléments <strong>de</strong> dégagement possibles <strong>de</strong> sa responsabilité<br />

envahissante : ils lui permettaient <strong>de</strong> constituer ce qui lui échappait sans cesse, et qu’elle ne<br />

c<strong>essai</strong>t dès lors <strong>de</strong> s’auto-imputer, à savoir qu’elle avait personnellement participé aux motifs et<br />

au déroulement <strong>de</strong>s agressions et que, <strong>de</strong> ce fait, elle en était la complice active.<br />

4.2. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> sur l’axe <strong>de</strong>s valeurs et <strong>de</strong> la culpabilité<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Exemple N° 42<br />

Melle Y : un exemple d’étayage par le socio-juridique d’une position<br />

subjective défaillante.<br />

Il s’agit du début d’un premier, et unique, entretien, avec une jeune femme <strong>de</strong> 18 ans.<br />

Cette rencontre, exceptionnellement longue, durera près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures. La raison en est un<br />

long préambule où elle fait montre d’une ambivalence importante, <strong>de</strong>mandant tantôt une<br />

sorte <strong>de</strong> certificat, tantôt une <strong>psycho</strong>thérapie, tout en exprimant une gran<strong>de</strong> réticence à<br />

évoquer l’événement qui l’amène à la consultation. Mais une fois passé ce premier temps, elle<br />

parvient à relater en détails un événement dont l’on peut a posteriori penser qu’il a été<br />

gravement victimisant, ainsi que les multiples péripéties facteurs <strong>de</strong> « traumatisme second »<br />

qui lui ont fait suite. Il est apparu que c’était la première fois qu’elle s’autorisait à relater son<br />

histoire, telle qu’elle l’avait vécue et la vivait encore, et il a semblé qu’il eut été gran<strong>de</strong>ment<br />

dommageable <strong>de</strong> ne pas lui permettre d’aller au bout <strong>de</strong> son récit.<br />

Malgré sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’autres rencontres, elle en ratera plusieurs jusqu’à ce qu’elle se présente<br />

à nouveau pour dire que les choses s’étaient pour elle dénouées, et qu’elle ne voyait plus ce<br />

qu’elle aurait à dire d’autre.<br />

L’on sera particulièrement attentif à sa difficulté à exprimer et encore plus faire valoir, aux<br />

yeux <strong>de</strong>s autres, mais d’abord à ses propres yeux, son vécu personnel <strong>de</strong> ce qui apparaît au fil<br />

<strong>de</strong> l’entretien comme une multiplicité <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> survictimisation à partir d’un événement<br />

initial en lui-même <strong>psycho</strong>traumatique. Afin <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à élaborer et affirmer cette position<br />

personnelle, il est à un moment fait référence à ce qu’elle a vécu relevant d’un ensemble <strong>de</strong><br />

préjudices juridiquement définissables. A ce titre, nous le présentons comme un exemple<br />

d’utilisation <strong>de</strong> la dimension socio-juridique comme étayage d’une position <strong>psycho</strong>-morale à la<br />

recherche d’elle-même.<br />

P : Donc on se voit pour la première fois... Vous pouvez me<br />

dire qui vous a donné mon nom ?<br />

Recherche a minima d’éléments contextuels<br />

relatifs à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> consultation<br />

Melle Y : Monsieur...<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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