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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

ce soit d’emblée la totalité <strong>de</strong> l’événement traumatique qui se présentifie, entraînant le sujet à y<br />

rejouer les mêmes comportement et à y éprouver les mêmes émotions.<br />

<strong>Le</strong>s « souvenirs forcés », quant à eux, s’apparentent plus à une sorte <strong>de</strong> réminiscence qu’à une<br />

reviviscence proprement dite, au sens où le sujet y revoit les scènes passées sans véritablement les<br />

revivre. Il en est le spectateur passif et ce qui semble dominer, c’est la détresse <strong>de</strong> se voir avoir été<br />

en situation <strong>de</strong> détresse. Ces souvenirs forcés s’apparentent donc plus aux ruminations qu’aux<br />

reviviscences proprement dites.<br />

Enfin, évoquons « l’agir comme si l’événement se reproduisait », qui peut être un « agir élémentaire<br />

telle une réaction <strong>de</strong> sursaut », phénomène que l’on peut rapprocher <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> tics<br />

traumatiques décrits par Ferenczi, en ce qu’ils engagent une réaction comportementale partielle que<br />

l’on ne retrouve pas dans la précé<strong>de</strong>nte forme. De plus, cet agir n’est pas assimilable aux formes<br />

hallucinatoires dans la mesure où ce n’est pas la scène que visuellement le sujet revit comme dans<br />

un film.<br />

On le voit, le syndrome regroupe <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> répétition, différenciables dans leur dynamique, qui<br />

justifieraient notamment une comparaison systématique avec certaines <strong>de</strong>s modalités pathologiques<br />

<strong>de</strong> réponses décrites empiriquement par H. Rorschach à son Epreuve d’élaboration <strong>de</strong> formes<br />

fortuites, comme la contamination et la confabulation (L.M. Villerbu, 1993). Rorschach d’ailleurs,<br />

dans sa thèse <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine qui préfigure ses travaux ultérieurs sur l’interprétation <strong>de</strong> tâches d’encre,<br />

s’était particulièrement intéressé aux travaux <strong>de</strong> Kahlbaum sur les « hallucinations réflexes » et<br />

nombre <strong>de</strong>s exemples qu’il en donne ne vont pas sans évoquer certaines <strong>de</strong>s formes cliniques du<br />

SRT.<br />

Quant aux symptômes dits « non caractéristiques », formant le troisième volet du syndrome,<br />

nous verrons plus loin comment ils peuvent être réinterprétés dans une perspective i<strong>de</strong>ntique. Mais<br />

l’on peut mentionner à l’appui <strong>de</strong> notre propos qu’il a déjà été relevé leurs fonctions défensives en<br />

tant que modalités <strong>de</strong> lutte contre l’envahissement par le syndrome <strong>de</strong> répétition. Cela semble tout<br />

particulièrement évi<strong>de</strong>nt pour les symptômes dits phobiques, l’anxiété…<br />

2.1.6. La <strong>victime</strong> et le processus judiciaire<br />

Nous allons poursuivre cette revue <strong>de</strong> la littérature évocatrice d’un <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> en lien<br />

avec un événement ou une situation « traumatique » par l’examen <strong>de</strong>s relations complexes qui<br />

peuvent s’instaurer entre les « <strong>victime</strong>s » et le dispositif social supposé ai<strong>de</strong>r activement à leur<br />

reconnaissance et leur restauration, à savoir la justice. Ce sont ici les travaux <strong>de</strong> C. Damiani qui feront<br />

référence 1 .<br />

Ils mettent l’accent sur ce qui apparaît comme un double <strong>travail</strong> néc<strong>essai</strong>re <strong>de</strong> la part du victimé, ou<br />

du moins un <strong>travail</strong> sur <strong>de</strong>ux « réalités » qui semblent se recouper et interférer sans cesse : la<br />

1 C Damiani (2001) Psychothérapie post-traumatique et réparation. In F. Marty (Dir.), Figures et traitements du<br />

traumatisme, Dunod, Paris, p. 103-134 ; (2003) Comment concilier réalité <strong>psychique</strong> et réalité judiciaire ? Stress<br />

et Trauma, 3(1), p. 55-58 ; (2005) <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> psychanalytique et la réparation. La relation <strong>victime</strong>/agresseur,<br />

Colloque Victimes et agresseurs, Rennes, 14-15 Mai 2005 ; (2008) L’accompagnement <strong>psycho</strong>logique durant le<br />

parcours judiciaire, PsychoMédia, n° 16, p. 71-77.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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