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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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nature. Elle aurait donc un but essentiellement préventif et <strong>de</strong> réassurance. Cependant, la question<br />

se pose <strong>de</strong> sa nature thérapeutique ou non (M. De Clercq et al., 1996 ; M. Passamar et al., 2003 ; A.<br />

Marchand et al., 2003)<br />

Voici ses principaux objectifs tels que L. Crocq les a formulés en 1999 (p. 297-302) :<br />

- faire parler <strong>de</strong> l’événement et <strong>de</strong>s émotions qu’il a suscitées afin <strong>de</strong> permettre une maîtrise <strong>de</strong><br />

celles-ci par le langage ;<br />

- faire prendre conscience <strong>de</strong> la normalité <strong>de</strong>s émotions et <strong>de</strong>s réactions ;<br />

- informer et resituer dans le temps et l’espace normaux ;<br />

- atténuer les sentiments négatifs <strong>de</strong> culpabilité d’impuissance d’échec ;<br />

- mettre à plat les tensions <strong>de</strong> groupe, résoudre les conflits ;<br />

- mettre en gar<strong>de</strong> contre la tendance à tenir <strong>de</strong>s propos inconsidérés en présence <strong>de</strong>s médias ;<br />

- informer sur les symptômes pouvant survenir et les dédramatiser à l’avance ;<br />

- repérer les sujets les plus vulnérables à prendre en charge individuellement ;<br />

- mettre un point final à l’événement ;<br />

- orienter positivement vers l’avenir.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Conditions matérielles.<br />

<strong>Le</strong> débriefing doit être conduit dans les trois premiers jours suivant l’événement, avant si possible<br />

que les personnes ne risquent <strong>de</strong> développer un PTSD et dans la pério<strong>de</strong> où, étant encore sous l’effet<br />

immédiat <strong>de</strong> l’événement, elles ressentent un très intense besoin <strong>de</strong> parler et <strong>de</strong> se décharger <strong>de</strong>s<br />

émotions intenses qu’elles ont ressenti. L’idée est ici que si on laisse se développer une phase <strong>de</strong><br />

rumination, les risques sont accrus que la personne ne développe ultérieurement un syndrome<br />

<strong>psycho</strong>traumatique faute d’avoir pu, au moins en partie, liqui<strong>de</strong>r sur un mo<strong>de</strong> cathartique le trop<br />

plein d’émotions ressenties.<br />

Il va dépendre <strong>de</strong>s circonstances et <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> l’événement que le débriefing se déroule<br />

immédiatement ou à une certaine distance <strong>de</strong> l’événement.<br />

Lorsque les conditions matérielles s’y prêtent, il s’effectuera par petits groupe <strong>de</strong> 6 à 8 personnes,<br />

chaque groupe étant pris en charge par un professionnel. Certaines équipes américaines n’hésitent<br />

pas mener <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> 20 à 30 personnes. Cependant, ce type <strong>de</strong> rencontre réunissant un grand<br />

nombre <strong>de</strong> participants, paraît bien peu propice à l’évocation détaillée d’émotions problématiques.<br />

De nombreuses équipes préconisent dans tous les cas <strong>de</strong> <strong>travail</strong>ler en couple : un lea<strong>de</strong>r qui conduit<br />

la séance, un co-débriefeur, plus en retrait et en position d’observateur. Il peut cependant intervenir<br />

à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du débriefeur ou <strong>de</strong> lui-même s’il perçoit une difficulté ou un élément important non<br />

pris en compte. Il peut également être amené à intervenir lorsqu’une personne quitte la salle, ou<br />

encore lorsqu’un participant, par ses manifestations émotionnelles trop intenses, perturbe le<br />

déroulement <strong>de</strong> la séance, et qu’il convient alors <strong>de</strong> le prendre à part.<br />

Tous les spécialistes insistent sur l’importance <strong>de</strong> créer un cadre sécurisant, confortable, calme, à<br />

l’écart <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> l’événement. Des boissons <strong>de</strong>vront être à la disposition <strong>de</strong>s participants, ils<br />

<strong>de</strong>vront pouvoir fumer. Il est bon <strong>de</strong> prévoir <strong>de</strong>s mouchoirs en quantité.<br />

Certains souhaitent cependant mener le débriefing sur les lieux mêmes <strong>de</strong> l’événement, dans la<br />

banque qui a connu le braquage par exemple.<br />

La disposition <strong>de</strong>s participants sera en U ou en cercle, y compris les intervenants.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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