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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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retours du lit à la porte. Apparemment il a même tiré<br />

un coup <strong>de</strong> feu à vi<strong>de</strong> dans la rue, la police nous a dit,<br />

et à un moment donné il s’est enfui… C’est là qu’au<br />

bout d’un moment on est allées à la réception et qu’ils<br />

ont appelé la police… <strong>Le</strong> plus fou c’est qu’il avait<br />

l’air inoffensif tout petit tout maigre, avec un tee-shirt<br />

trop grand pour lui… … Je suis vidée…<br />

P : Bien, ça fait déjà beaucoup <strong>de</strong> choses… On va en<br />

rester là pour aujourd’hui… Ce que vous avez vécu<br />

est quelque chose d’extrêmement violent et<br />

compliqué… Ce n’est donc pas étonnant que vous<br />

ayez besoin d’un peu <strong>de</strong> temps pour vous en remettre.<br />

Ce que je vous propose c’est <strong>de</strong> laisser tout cela<br />

reposer et qu’on se revoie dans une semaine pour faire<br />

le point et voir où ça en est… Vous avez <strong>de</strong>s<br />

questions ?<br />

La remarque laisse à penser qu’il est temps <strong>de</strong><br />

conclure sinon à risquer <strong>de</strong> perdre tous les effets que<br />

l’on peut espérer bénéfiques d’un entretien très riche<br />

et très intense.<br />

Aller au-<strong>de</strong>là eut été un forçage nocif. La conclusion<br />

est volontairement courte afin <strong>de</strong> ne pas relancer une<br />

autre séquence.<br />

La question vise à amener le sujet à prendre une<br />

distance réflexive sur l’entretien afin <strong>de</strong> préparer la<br />

transition entre celui-ci et son après.<br />

Melle A. : Non, je ne vois pas…<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Entretien 2<br />

Une semaine après le 1 ier entretien elle se présente<br />

souriante, manifestement plus détendue, disant<br />

spontanément que tout allait bien. Elle continue à<br />

prendre un peu d’anxiolytiques que lui avait prescrits<br />

son mé<strong>de</strong>cin et va lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si elle peut<br />

maintenant les baisser. Elle pense néanmoins qu’elle<br />

en a encore besoin, surtout par rapport au sommeil : la<br />

nuit elle se réveille tout le temps (2-3 fois précise-telle),<br />

soit à cause <strong>de</strong> cauchemars (au moins une fois<br />

par nuit), soit à cause <strong>de</strong>s bruits. Elle a dormi une fois<br />

chez une amie et, tous les bruits <strong>de</strong> la maison ne lui<br />

étant pas familiers, elle est restée « aux aguets » toute<br />

la nuit ; « je m’empêchais <strong>de</strong> dormir en fait »<br />

P : ce n’est pas étonnant que vous soyez à ce point<br />

sensible aux bruits puisque c’est par <strong>de</strong>s bruits<br />

bizarres que tout a commencé…<br />

Melle A. : Oui c’est quand j’ai entendu un gros boom.<br />

J’étais à moitié endormie et le boom m’a réveillée et<br />

j’ai vu qu’il y avait quelqu’un <strong>de</strong>rrière le ri<strong>de</strong>au…<br />

P : C’est là que vous avez cru à une blague…<br />

Melle A. : Oui mais pas longtemps en fait, parce que<br />

comme ça prenait du temps je me suis dit que si ça<br />

avait été une plaisanterie ça aurait été plus vite. Ils<br />

seraient surgis en criant juste pour nous faire peur…<br />

C’est en fait quant j’ai vu que ma collègue ne<br />

comprenait pas que j’ai eu peur. Elle, elle avait la tête<br />

sous son oreiller et elle n’a pas du entendre les bruits<br />

mais à ce moment là elle a regardé vers moi et j’ai vu<br />

qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait et que donc<br />

ça pouvait pas être une blague parce que elle, elle<br />

<strong>Le</strong> mieux être est très relatif au regard <strong>de</strong> son hyper<br />

vigilance nocturne.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> continuer à explorer les liens entre<br />

l’événement et ses « symptômes ».<br />

Reprend son <strong>travail</strong> d’historiage.<br />

Renforcement <strong>de</strong>s liens déjà évoqués au premier<br />

entretien. Une façon également <strong>de</strong> lui signifier que<br />

tout ce qu’elle a relaté a été écouté et retenu.<br />

Cela a un effet <strong>de</strong> relance et elle poursuit dans une<br />

reconstitution <strong>de</strong> plus en plus affinée <strong>de</strong> l’événement.<br />

C’est la chronologie qui fait le fil directeur, là où le<br />

récit était fragmenté, signe d’une reconstitution <strong>de</strong> ses<br />

repères internes.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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