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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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Delage, 2004), il se rapproche du <strong>travail</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil, mais en diffère radicalement parce qu’il ne<br />

concerne un sentiment d’injustice et non un vécu <strong>de</strong> perte.<br />

On le voit, la référence au modèle anthropologique du don <strong>de</strong> M. Mauss, auquel M. Vaillant fait<br />

également référence, ne répond que très imparfaitement à ce que semble engager spécifiquement le<br />

pardon et oblige très vite les auteurs à s’en démarquer : le pardon n’est au fond aucunement une<br />

question d’ordre relationnel, à la gran<strong>de</strong> différence <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation qui elle, on le verra, implique<br />

toujours un échange. Affaire entre soi et soi, l’on est bien près <strong>de</strong> penser, avec G. Rubin (2007), que<br />

c’est une réconciliation avec soi-même qui, <strong>de</strong> façon apparemment paradoxale, se cherche dans le<br />

pardon accordé à autrui. Elle écrit ainsi : « <strong>Le</strong> pardon dont il sera ici question n’est pas celui qu’on<br />

<strong>de</strong>vrait ou voudrait octroyer au bourreau, mais le difficile pardon que doit s’accor<strong>de</strong>r un innocent qui<br />

se sent coupable » (2007, p.16).<br />

<strong>Le</strong> pardon apparaît alors comme une question relevant <strong>de</strong> l’économie interne du sujet ; reste<br />

cependant à déterminer <strong>de</strong> quelle culpabilité il s’agirait ici.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Conclusion<br />

Culpabilité, honte, pardon, fonction <strong>psycho</strong>dynamique <strong>de</strong> nombreux symptômes comme<br />

ceux regroupés sous le terme <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> répétition…, nous confirment dans l’hypothèse du<br />

développement chez les sujets d’un <strong>travail</strong> visant à réduire les effets délétères d’un événement<br />

traumatique, ou à tout le moins critique. <strong>Le</strong>s formes singulières, comme les phénomènes <strong>de</strong><br />

répétition, que prend cette clinique <strong>de</strong> l’après-trauma, <strong>de</strong> même que ce qui se <strong>de</strong>ssine comme ses<br />

enjeux propres (non la perte d’un objet d’amour mais l’énigme que constitue un événement<br />

disruptif, dans sa nature et ses causes, ou encore le caractère injuste d’un dommage), nous<br />

confirment également qu’il doit être distingué du <strong>travail</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil.<br />

L’après-trauma y apparaît fondamentalement comme résistance <strong>psychique</strong>.<br />

Trois interrogations ressortent <strong>de</strong> cet examen, trois points théoriques restés en gran<strong>de</strong> partie<br />

en suspens :<br />

a) La surdétermination <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> honte et <strong>de</strong> culpabilité<br />

On l’aura noté dans les chapitres qui leur sont plus haut consacrés, les notions honte et <strong>de</strong><br />

trauma, d’une part ne sont pas toujours clairement différenciées l’une <strong>de</strong> l’autre, d’autre part<br />

recouvrent chacune <strong>de</strong>s registres <strong>psychique</strong>s singulièrement hétérogènes qu’une idée comme celle<br />

<strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> honte ou <strong>de</strong> culpabilité reste insuffisante à expliciter : quelles différences et quels<br />

rapports entre culpabilité inconsciente et affect <strong>de</strong> culpabilité ?, entre honte non éprouvée et affects<br />

<strong>de</strong> honte ?<br />

Il en est ainsi <strong>de</strong> la différenciation faite par D. Cremniter entre culpabilité et faute, qui, pour être tout<br />

à fait pertinente, n’est pas exactement superposable, comme il le fait pourtant, à une opposition<br />

entre culpabilité imaginaire (la culpabilité) et culpabilité réelle (la faute). Car l’on voit qu’à raisonner<br />

ainsi, la notion <strong>de</strong> culpabilité tient en fait <strong>de</strong>ux places : celle <strong>de</strong> manifestations symptomatiques, celle<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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