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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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ultérieure <strong>de</strong> la névrose, l’on trouve déjà <strong>de</strong> façon précise, encore que pas encore formulés comme<br />

tels, les éléments <strong>de</strong> la future théorie au sein même <strong>de</strong> la neurotica.<br />

243<br />

Suivant une thèse presque opposée, Jean G Schimek (2003), dans une « reconsidération<br />

historique » attentive <strong>de</strong>s écrits freudiens, s’attache à démontrer qu’une bonne part <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong><br />

séduction, dont Freud a clairement laissé entendre qu’elles avaient été effectivement remémorées<br />

par ses patients à l’occasion du <strong>travail</strong> d’analyse, n’étaient très probablement en majorité, que <strong>de</strong>s<br />

reconstitutions pour le moins hypothétiques dont l’on ne peut jamais trop déterminer à partir <strong>de</strong><br />

quel matériel elles ont été élaborées. Schimek écrit ainsi :<br />

Nous ne savons pas vraiment ce que ces scènes impliquent ni comment elles sont obtenues. Point plus<br />

important, un examen approfondi <strong>de</strong> ce matériel montre combien la preuve est peu concluante : il est<br />

difficile <strong>de</strong> préciser si ce que les patients apportaient était <strong>de</strong>s souvenirs, <strong>de</strong>s rêves ou <strong>de</strong>s<br />

hallucinations ; il est également difficile <strong>de</strong> séparer les suggestions <strong>de</strong> Freud et les interprétations <strong>de</strong>s<br />

formulations directes et spontanées <strong>de</strong>s patients. 1<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Tout ou presque serait ainsi <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> véritables constructions dont l’attestation par la réalité ne<br />

présenterait au fond qu’un intérêt relatif.<br />

C’est à partir <strong>de</strong> la lecture critique d’un tout autre texte freudien datant <strong>de</strong> la même époque<br />

qu’I. Grubrich-Simitis s’efforce <strong>de</strong> donner sens à ces retours à l’événement traumatique « réel »<br />

postérieurement à l’abandon <strong>de</strong> la neurotica par Freud. Il s’agit d’un texte qualifié par Freud luimême<br />

<strong>de</strong> « fantaisie phylogénétique ». On le trouve dans une lettre adressée à S. Ferenczi datant du<br />

12 juillet 1915 où, en percevant sans doute le caractère trop audacieux et purement spéculatif sur<br />

certains points, il le soumet à la lecture critique <strong>de</strong> son ami. Il s’agit <strong>de</strong> l’ébauche <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vait<br />

constituer le douzième chapitre <strong>de</strong> ses Essais méta<strong>psycho</strong>logiques dont cinq seulement verront le<br />

jour entre 1915 et 1917. <strong>Le</strong> titre prévu par Freud en était : Vue d’ensemble <strong>de</strong>s névroses <strong>de</strong> transfert.<br />

Cette « fantaisie » consiste, d’une part concevoir chaque névrose et pathologie mentale comme la<br />

fixation à l’un <strong>de</strong>s différents sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’ontogenèse, d’autre part, suivant en cela la loi selon laquelle<br />

l’ontogenèse reproduit la phylogenèse, à rendre compte <strong>de</strong> l’ontogenèse comme la traversée par<br />

l’enfant <strong>de</strong>s différentes étapes successives que l’humanité à dû connaître sur plusieurs millénaires<br />

pour <strong>de</strong>venir ce qu’elle est. Par une sorte <strong>de</strong> raisonnement circulaire, l’ontogenèse permet <strong>de</strong><br />

formuler <strong>de</strong>s hypothèses quant à la phylogenèse et réciproquement. Une histoire <strong>de</strong> l’humanité <strong>de</strong><br />

ses débuts à nos jours s’en trouve concevable selon laquelle chaque névrose correspondrait à la<br />

fixation pathologique à une phase d’évolution révolue <strong>de</strong> l’humanité. Lisons Freud :<br />

Il existe chez les mala<strong>de</strong>s une succession chronologique dans les points <strong>de</strong> départ, qui se déroule<br />

ainsi : hystérie d’angoisse-hystérie <strong>de</strong> conversion-névrose obsessionnelle-démence précoce-paranoïamélancolie-manie.<br />

<strong>Le</strong>s dispositions libidinales qui y conduisent vont en général dans la direction opposée, autrement dit<br />

la fixation se situe, pour les premières, dans <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> développement très tardives, pour les<br />

<strong>de</strong>rnières, dans <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> développement très précoce ; ce qui ne va pas sans exceptions.<br />

1 J. G. Schimek (2003) : Réalité et fantasme dans la théorie <strong>de</strong> la séduction. Une reconsidération historique, In<br />

Sur la théorie <strong>de</strong> la séduction, Libres cahiers pour la psychanalyse, Editions In Press, p. 120.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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