27.12.2013 Views

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

30<br />

Du côté <strong>de</strong>s premières, c’est alors la référence aux émotions qui <strong>de</strong>viendra dominante, mais une<br />

émotion conçue sur le modèle physiologiste l’intoxication qui fait alors référence. <strong>Le</strong> choc initial s’en<br />

trouvera redéfini comme une émotion auto-intoxicante, et le traumatique dès lors intégré dans le<br />

champ clinique <strong>de</strong> la confusion mentale.<br />

Parallèlement à un intérêt naissant pour les réactions confusionnelles en cas <strong>de</strong> catastrophes<br />

naturelles et technologiques, un troisième champ clinique fournira à cette conception l’occasion <strong>de</strong><br />

nombreuses observations, celui <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> guerre présentés par <strong>de</strong> nombreux soldats engagés<br />

dans les combats <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1914-1918. Ceci conduira certains auteurs à différencier clairement<br />

les syndromes émotionnels <strong>de</strong>s syndromes commotionnels.<br />

Nous verrons enfin brièvement comment cette pensée physiologique du traumatique donnera lieu à<br />

<strong>de</strong>s prolongements comme avec la notion d’allergie émotionnelle et surtout celle, très actuelle, <strong>de</strong><br />

stress à partir du Syndrome général d’adaptation <strong>de</strong> Seyle.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Parallèlement à cet approfondissement <strong>de</strong> la sémiologie et à la recherche <strong>de</strong> modèles étiologiques,<br />

nous verrons, durant cette pério<strong>de</strong>, les pratiques d’expertise connaître un développement inégalé.<br />

Pour ce qui concerne la situation française, la loi <strong>de</strong> 1898 sur les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>travail</strong>, en établissant le<br />

principe légal d’une in<strong>de</strong>mnisation indépendamment <strong>de</strong> l’imputation d’une responsabilité, conduira<br />

à <strong>de</strong>voir dissocier <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> causes, jusqu’alors totalement confondues :<br />

- cause au sens médical, c’est-à-dire une étiologie, consistant en l’établissement, sur <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong><br />

scientificité, d’un lien <strong>de</strong> cause à effet entre une atteinte spécifique <strong>de</strong> l’organisme et <strong>de</strong>s troubles<br />

apparents<br />

- cause au sens juridique du terme, c’est-à-dire une imputation <strong>de</strong> l’événement ayant provoqué le<br />

dysfonctionnement comme fait délictuel reprochable à quelqu’un.<br />

La question du traumatique désormais dégagée <strong>de</strong> ses enjeux idéologiques, ce sera à l’expert que<br />

reviendra d’établir ou non ce lien d’imputabilité, l’authenticité <strong>de</strong>s troubles, versus leur simulation,<br />

perdant <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> son acuité, même si elle restera un <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> l’expertise. Car la<br />

sémiologie s’étant considérablement affinée, l’expert pourra s’appuyer sur <strong>de</strong>s données<br />

différentielles <strong>de</strong> plus en plus établies sur lesquelles assoir son examen et ses conclusions. Dans cette<br />

aventure, la névrose traumatique conservera un rôle particulier, celui <strong>de</strong> permettre d’établir un lien<br />

d’imputabilité entre troubles et acci<strong>de</strong>nt, même si aucun véritable statut <strong>psycho</strong>pathologique ne<br />

pourra lui être, pendant encore longtemps, accordé et qu’elle sera conçue comme un « groupement<br />

d’attente » jusque récemment. Nous prendrons comme exemple les travaux <strong>de</strong> Ch. Vibert, l’un <strong>de</strong>s<br />

fondateurs <strong>de</strong> la pratique expertale, le premier en France à s’être intéressé <strong>de</strong> façon approfondie au<br />

domaine <strong>de</strong>s traumatismes et en a développé une doctrine qui fera durablement référence.<br />

C’est également dans ce contexte que nait une notion nouvelle, la sinistrose, « état pathologique<br />

spécial », que son créateur, E. Brissaud, tentera d’expliquer par les malentendus pouvant naître, chez<br />

l’acci<strong>de</strong>nté, <strong>de</strong> sa méconnaissance <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> 1898. Sans toutefois parvenir à lui donner un véritable<br />

statut nosographique, il en récusera l’assimilation à <strong>de</strong>s manifestations d’une forme déjà connue <strong>de</strong><br />

pathologie mentale. Nous verrons ensuite brièvement comment la sinistrose, née <strong>de</strong> la rencontre<br />

obligée par la loi entre acci<strong>de</strong>ntés et mé<strong>de</strong>cins expert, connaitra différentes interprétations allant <strong>de</strong><br />

la <strong>psycho</strong>se passionnelle à un trouble réactionnel consécutif à une minimisation, voire une négation,<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!