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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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notions <strong>de</strong> traumatisme et <strong>de</strong> névrose traumatique, gardant pour la partie suivante leur analyse<br />

épistémologique et critique au regard du projet qui anime ce <strong>travail</strong>, celui <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r en raison une<br />

<strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong>.<br />

2.2.2.1. De l’hystéro-traumatisme au traumatisme névrogène<br />

a) <strong>Le</strong>s premières étu<strong>de</strong>s sur l’hystérie<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

L’on a vu comment Charcot, parti <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s troubles moteurs dans l’hystérie, en était<br />

venu à concevoir l’importance d’un choc émotionnel initial dans leur survenue. Cependant ce choc<br />

ne faisait que révéler l’existence d’une diathèse sous-jacente qui seule pouvait donner un tel pouvoir<br />

traumatisant et désorganisateur à un événement. La preuve en était le caractère extrêmement<br />

variable <strong>de</strong> ceux-ci, tant dans leur nature que leur violence, avec toujours <strong>de</strong>s effets parfaitement<br />

similaires, à savoir la survenue du syndrome hystérique.<br />

Fort <strong>de</strong> ce modèle, Charcot a toujours récusé un quelconque intérêt à la notion <strong>de</strong> « névrose<br />

traumatique » inventée par Oppenheim, à qui il reconnaissait cependant le mérite d’observations<br />

cliniques rigoureuses mais faisait le grief d’une erreur <strong>de</strong> diagnostic : sa névrose spéciale n’était ni<br />

plus ni moins que la névrose hystérique ou neurasthénique telle que lui-même en avait montré la<br />

double étiologie, traumatique pour les circonstances déclenchantes, héréditaire pour ce qui<br />

concernait la maladie à proprement parler.<br />

Tel est le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> Freud et l’on trouve dans <strong>de</strong> nombreux passages <strong>de</strong> la<br />

Communication préliminaire datée <strong>de</strong> décembre 1892 intitulée « <strong>Le</strong> mécanisme <strong>psychique</strong> <strong>de</strong><br />

phénomènes hystériques », chapitre introductif aux Etu<strong>de</strong>s sur l’hystérie, <strong>de</strong>s positions que n’aurait<br />

pas certainement pas désavouées le maître <strong>de</strong> la Salpêtrière. Il y a là une filiation toujours vivante et<br />

il n’est pas étonnant que l’écrit se donne comme point <strong>de</strong> départ la question <strong>de</strong> la névrose<br />

traumatique pour, tout comme Charcot, immédiatement en récuser l’intérêt. Certes une différence<br />

d’ordre clinique existe, que Freud et Breuer relèvent à plusieurs reprises, entre l’hystérie dite banale<br />

ou encore simple, et l’hystérie traumatique. Cette différence n’a pourtant <strong>de</strong> raison qu’au plan<br />

clinique puisqu’au plan étiopathogénique il convient <strong>de</strong> les réduire à une seule et même entité,<br />

l’hystérie traumatique. Mais l’on a malgré tout décrits <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> déclenchement : l’un dû à <strong>de</strong>s<br />

traumatismes « partiels et concomitants », l’autre à un « grand traumatisme unique ».<br />

Si donc, comme pour Charcot, il n’y a pas lieu d’autonomiser une quelconque névrose traumatique,<br />

la rupture avec l’approche neurologique <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier se fait d’emblée nette sur plusieurs points :<br />

a) certes un traumatisme initial joue un rôle déterminant dans l’éclosion <strong>de</strong> toute hystérie, mais sa<br />

nature en est émotionnelle, et non pas commotionnelle :<br />

Dans la névrose traumatique, la maladie n’est pas vraiment déterminée par une passagère blessure du<br />

corps, mais bien par une émotion : la frayeur, par un traumatisme <strong>psychique</strong>. Nous avons, <strong>de</strong> façon<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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