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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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2.3.2.1. De la <strong>victimologie</strong> criminologique à la criminologie victimologique<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la question débattue <strong>de</strong> la paternité du terme <strong>de</strong> <strong>victimologie</strong> –tantôt attribuée à<br />

Benjamin Men<strong>de</strong>lsohn, tantôt à H. Von Hentig ou encore, selon E. Fattah, au psychiatre américain F.<br />

Wertham-, l’on peut considérer qu’elle émerge simultanément en différents lieux dans l’immédiate<br />

après secon<strong>de</strong> guerre mondiale, sur le fond commun d’une centration <strong>de</strong>s intérêts sur les <strong>victime</strong>s et<br />

d’une reconsidération <strong>de</strong> la question criminelle.<br />

C’est dans le cadre d’une criminologie essentiellement préoccupée par la commission <strong>de</strong>s crimes<br />

qu’est née la <strong>victimologie</strong>, autour la question <strong>de</strong> la responsabilité pénale ; et c’est sur les mêmes<br />

bases épistémiques qui permirent <strong>de</strong> construire les premières conceptions <strong>de</strong> l’homme criminel que<br />

la <strong>victime</strong> va d’abord être pensée. Qualifiée par R. GASSIN (2007) <strong>de</strong> première <strong>victimologie</strong>, ou<br />

<strong>de</strong> <strong>victimologie</strong> criminologique, M. Baril en définit ainsi le projet :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Pourrait-on attribuer, du moins partiellement, à certains traits <strong>de</strong> personnalité qui prédisposeraient<br />

certains individus à subir <strong>de</strong>s agressions ? On l’a cru. A la remorque <strong>de</strong> la criminologie, la <strong>victimologie</strong><br />

s’est <strong>de</strong>mandée, longtemps après elle, s’il existait <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s nées, une personnalité victimale ou <strong>de</strong>s<br />

prédispositions victimogènes. En 1941, Von Hentig écrivait ; « s’il y a <strong>de</strong>s criminels nés, il est évi<strong>de</strong>nt<br />

qu’il y a <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s nées qui s’automutilent et se détruisent à l’ai<strong>de</strong> d’une personne complaisante. 1<br />

Cette <strong>victimologie</strong> est à l’origine <strong>de</strong> nombreuses typologies : classifications victimologiques <strong>de</strong>s<br />

crimes en catégories allant <strong>de</strong>s crimes contre <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s réelles à <strong>de</strong>s crimes sans <strong>victime</strong>s, et<br />

surtout classifications <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s selon leur <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> responsabilité dans la commission <strong>de</strong>s faits.<br />

Hans Von Hentig, criminologue nord-américain d’origine germanique, fut, dès 1934, l’initiateur <strong>de</strong> ce<br />

courant <strong>de</strong> recherches, mettant l’accent sur l’importance <strong>de</strong> la connaissance scientifique <strong>de</strong> la<br />

<strong>victime</strong> pour une politique criminelle éclairée.<br />

C’est sur <strong>de</strong>s postulats similaires que Men<strong>de</strong>lsohn va édifier à la même époque sa propre typologie,<br />

puisque celle-ci s’attache pour l’essentiel à déterminer les différents <strong>de</strong>grés possibles <strong>de</strong><br />

responsabilité <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> :<br />

1. la <strong>victime</strong> totalement innocente<br />

2. la <strong>victime</strong> coupable par ignorance<br />

3. la <strong>victime</strong> aussi coupable que l’agresseur<br />

4. la <strong>victime</strong> plus coupable que l’agresseur<br />

5. la <strong>victime</strong> presque entièrement voire uniquement coupable<br />

G. LOPEZ fait état d’une autre typologie, conçue par le criminologue S. SHAFER, dont l’objet est, dans<br />

le cadre <strong>de</strong> ce que l’on dénomme alors le couple pénal, <strong>de</strong> déterminer le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong>s<br />

différents protagonistes <strong>de</strong> tout acte criminel, <strong>victime</strong> incluse. Ceci donnait la classification suivante :<br />

1. La <strong>victime</strong> sans relation avec le criminel : tous les membres du corps social <strong>victime</strong>s potentielles<br />

2. La <strong>victime</strong> provocatrice qui encouragerait l’agresseur, comme dans certaines agressions sexuelles<br />

3. la <strong>victime</strong> incitatrice, provocante par son attitu<strong>de</strong> ou l’étalage <strong>de</strong> ses biens<br />

1 M. Baril (1984) : L’envers du crime, p.66.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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