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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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C’est ainsi que la fréquence <strong>de</strong> l’ « hystérie masculine » avait augmenté en France, du moins en tant<br />

que diagnostic, et qu’il y avait maintenant à Paris <strong>de</strong>ux espèces d’hystérie masculine : la forme<br />

« classique » (dans laquelle l’hérédité était considérée comme le facteur étiologique principal), et la<br />

forme « post-traumatique » (où l’hérédité jouait un rôle moindre ou nul). A Vienne, l’existence <strong>de</strong><br />

l’hystérie masculine « classique » n’était mise en doute par personne et il est complètement inexact<br />

que Meynerd en ait nié l’existence. 1<br />

La question se pose alors si, passant <strong>de</strong> « l’hystérie féminine » à « l’hystérie masculine », Charcot n’a<br />

pas changé au moins en partie <strong>de</strong> population <strong>de</strong> référence et s’il n’a pas théorisé sous cette <strong>de</strong>rnière<br />

entité l’exact équivalent clinique <strong>de</strong> la névrose traumatique d’Oppenheim. L’absence <strong>de</strong> tout une<br />

part en effet <strong>de</strong> la symptomatologie classique, comme les gran<strong>de</strong>s crises, la nature et la gravité <strong>de</strong>s<br />

acci<strong>de</strong>nts au point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong>s troubles, le laissent fortement à penser.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

L’on ne saurait refermer ce chapitre consacré à Charcot sans évoquer ne serait-ce que<br />

brièvement, un autre aspect <strong>de</strong> son <strong>travail</strong>, et non <strong>de</strong>s moindres. Parallèlement à ses recherches, il<br />

poursuivait son exercice <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin et la Salpêtrière tenait aussi sa réputation aux soins qui y<br />

étaient prodigués, qui attiraient, par leur qualité, <strong>de</strong>s patients parfois venant <strong>de</strong> très loin. L. Crocq en<br />

a ainsi synthétisé les principes :<br />

Sur le plan thérapeutique, il tente d’arrêter les crises par la pression subite et énergique <strong>de</strong>s « points<br />

hystérogènes » que sont en particulier les ovaires chez la femme et le testicule chez l’homme ; il réduit<br />

les stigmates (les conversions) par l’excitation faradique <strong>de</strong>s membres paralysés ou anesthésiés ; il<br />

combat l’insomnie par la prescription <strong>de</strong> bromure ou <strong>de</strong> chloral ; il prescrit l’isolement et le repos et il<br />

cherche à modifier l’ « état mental » du patient par suggestion (« ce qu’une suggestion a fait, une<br />

autre suggestion peut le défaire »), parfois exercée sous hypnose légère ou profon<strong>de</strong><br />

(somnambulisme). Mais en outre il a recueilli ou fait recueillir l’histoire <strong>de</strong> ces mala<strong>de</strong>s, ce qui<br />

constitue l’amorce même <strong>de</strong> la relation <strong>de</strong> confiance <strong>psycho</strong>thérapique. 2<br />

b) La neurasthénie<br />

Si l’hystérie et, dans une bien moindre mesure la névrose traumatique, se disputaient le<br />

champ <strong>de</strong>s pathologies traumatiques, d’autres névroses furent également souvent invoquées,<br />

comme la neurasthénie et cette entité hybri<strong>de</strong> dénommée « l’hystéro-neurasthénie » par Charcot,<br />

terme justifié par le fait que certains tableaux cliniques présentaient une combinaison <strong>de</strong> symptômes<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux lignées sémiologiques.<br />

Sous le nom <strong>de</strong> neurasthénie, le psychiatre nord-américain Georges Beard décrivit en 1869 un<br />

trouble dont la principale caractéristique est <strong>de</strong> se présenter comme un épuisement physique et<br />

<strong>psychique</strong> accompagné d’une hypersensibilité et <strong>de</strong> multiples troubles fonctionnels.<br />

La notion sera reprise par Charcot en 1885 qui y consacrera une séance spéciale <strong>de</strong> la Société<br />

Médicale <strong>de</strong>s Hôpitaux <strong>de</strong> Paris (Crocq, Sailhan, Barrois, 1983a).<br />

<strong>Le</strong>s principaux symptômes en sont (Crocq et Sailhan, 1983b) :<br />

- une sensation <strong>de</strong> fatigue physique intense ;<br />

- <strong>de</strong>s troubles sensoriels divers ;<br />

1 H.F. Ellenberger, op.cit., p.460.<br />

2 L. Crocq (2005) : Prise en charge <strong>de</strong>s syndromes <strong>psycho</strong>traumatiques dans l’histoire, In Vaiva, <strong>Le</strong>bigot,<br />

Ducrocq, Gou<strong>de</strong>mand, Psychotraumatismes : prise en charge et traitements, Masson, Paris, p. 15-23, p. 16.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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