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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

laquelle, nous l’avons relevé avec <strong>de</strong> nombreux auteurs, il est implicitement revenu et dont une<br />

bonne part <strong>de</strong> ses écrits montre qu’il savait fort bien les distinguer. Il n’est d’ailleurs pas si difficile <strong>de</strong><br />

faire la différence entre un fantasme et un événement <strong>de</strong> réalité et les apports récents <strong>de</strong> la clinique<br />

<strong>de</strong>s « traumatismes » offrent suffisamment d’éléments fiables pour que l’on soit à même <strong>de</strong><br />

distinguer une construction fantasmatique d’un événement <strong>de</strong> vie, même lacunaire et contenant <strong>de</strong>s<br />

éléments <strong>de</strong> souvenir écran. Pour s’en tenir aux récits traumatiques et à leurs ambiguïtés, ils<br />

présentent <strong>de</strong>s caractéristiques qui permettent <strong>de</strong> les distinguer avec fiabilité <strong>de</strong>s constructions<br />

fabulatrices et plus encore avec <strong>de</strong>s formations délirantes, par exemple. <strong>Le</strong> problème n’est pas celui<br />

<strong>de</strong> l’indécidabilité (pour reprendre une formulation <strong>de</strong> C. Janin, 2005) <strong>de</strong> la réalité : celle-ci procè<strong>de</strong><br />

en psychanalyse d’une option technique et n’interdit pas <strong>de</strong> penser parallèlement, comme le fit<br />

Freud, l’importance au plan étiologique <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> réalité ; elle est à concevoir non comme un<br />

fait objectif ou une certitu<strong>de</strong> théorique définitivement établie, mais comme un parti pris : en<br />

psychanalyse, il ne faut pas s’en occuper, ou s’en occuper dans le strict cadre du <strong>travail</strong> sur les<br />

fantasmes originaires, comme dans l’exemple <strong>de</strong> la psychanalyse <strong>de</strong> L’homme aux loups 1 . Tout<br />

d’ailleurs concourt, dans la structuration <strong>de</strong> la situation analytique, comme par exemple l’attention<br />

flottante, à ne pas différencier ces <strong>de</strong>ux registres, si bien que, n’ayant pas été conçue pour cela, elle<br />

ne peut pas être considérée comme un cadre clinique véritablement pertinent pour distinguer<br />

fantasme et réalité,. Alors la question est <strong>de</strong> savoir si le dispositif, pertinent pour les <strong>psycho</strong>névrosés,<br />

l’est aussi pour les <strong>psycho</strong>-traumatisés et c’est alors celle, peut-on estimer, <strong>de</strong> son<br />

indication pour les seconds qui est soulevée.<br />

Pourtant, si l’on en croit L. De Urtubey, le problème s’y pose également. Elle écrit ainsi :<br />

<strong>Le</strong> rejet par nombre d’analystes <strong>de</strong>s souvenirs ou <strong>de</strong>s traumatismes infantiles <strong>de</strong>s patients constitue, à<br />

mon avis, une erreur technique, surtout s’il est formulé a priori. Ce refus ferme le champ analytique,<br />

humilie le patent, « accusé <strong>de</strong> mentir ». Tout n’est pas fantasme, tout n’est pas réalité, le processus<br />

analytique le montrera. Ou pas et nous gar<strong>de</strong>rons notre incertitu<strong>de</strong> sans la dénier par <strong>de</strong>s affirmations<br />

rassurantes mais peut-être inexactes. 2<br />

Comment alors convient-il <strong>de</strong> se situer par rapport à cette indétermination ? L’issue viendrait <strong>de</strong><br />

s’interroger sur ce qui fait doute chez le patient lui-même car il s’agit bien là d’un problème à penser<br />

en termes contre-transférentiels, c’est-à-dire comme le problème du patient <strong>de</strong>venu celui du<br />

praticien : son doute ne peut être que le doute en miroir <strong>de</strong> celui du patient, et sa tâche sera <strong>de</strong><br />

convertir ce doute en autre chose que celui-ci, puisqu’il fait problème.<br />

C’est semble-t-il la position soutenue par L. De Urtubey quand elle affirme : « <strong>Le</strong> problème est celui<br />

<strong>de</strong> comment saisir l’instrument apte à réussir le <strong>travail</strong> avec cette indécidabilité, qui n’est autre que<br />

le contre-transfert. » (p. 94) Mais à la condition <strong>de</strong> ne pas réduire celui-ci, comme elle le fait plus<br />

loin, à une « opinion », car, écrit-elle, « L’analyste ne peut s’empêcher d’avoir une opinion plus ou<br />

moins fantasmatique, dépendant largement sinon totalement <strong>de</strong> son contre-transfert puis <strong>de</strong> l’autoanalyse<br />

<strong>de</strong> celui-ci » (ibid. p. 94). Formulation surprenante et à tout le moins profondément ambiguë,<br />

1 L’on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si Freud, dans son insistance à rechercher <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réalité à la scène primitive,<br />

n’est pas, à travers cette recherche, en train <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> la constituer là où précisément son absence signerait un<br />

accès défaillant à la structuration œdipienne : en reconstituant la scène primitive, il amènerait l’homme aux loups<br />

à constituer une triangulation.<br />

2 L. <strong>de</strong> Urtubey, op. cit., p; 99.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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