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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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En revanche, cette succession semble répéter phylogénétiquement un développement historique. <strong>Le</strong>s<br />

névroses d’aujourd’hui sont <strong>de</strong>s phases d’évolution révolues <strong>de</strong> l’humanité.<br />

A la phase <strong>de</strong>s privations <strong>de</strong> l’époque glaciaire, les hommes <strong>de</strong>vinrent anxieux ; ils avaient toutes les<br />

raisons <strong>de</strong> transformer leur libido en angoisse.<br />

Une fois qu’ils eurent appris que la reproduction était à présent l’ennemi <strong>de</strong> la conservation et qu’elle<br />

dût être limitée, ils <strong>de</strong>vinrent hystériques, sans être encore doués <strong>de</strong> la parole.<br />

Lorsqu’ils eurent développé leur langage et leur intelligence –surtout les hommes- à la dure école <strong>de</strong>s<br />

âges glaciaires, la hor<strong>de</strong> originaire se forma, avec les <strong>de</strong>ux interdits du père primitif, tandis que la vie<br />

amoureuse <strong>de</strong>vait <strong>de</strong>meurer égoïste et agressive. C’est contre ce retour que se défend la névrose<br />

obsessionnelle. <strong>Le</strong>s névroses suivantes appartiennent à l’ère nouvelle et ont été acquises par les fils.<br />

Ceux-ci furent contraints à renoncer absolument à l’objet sexuel, peut-être furent-ils dépouillés <strong>de</strong><br />

toute libido par la castration : démence précoce.<br />

Chassés par le père ils apprirent alors à s’organiser sur une base homosexuelle. C’et là contre que se<br />

défend la paranoïa… 1<br />

La thèse défendue par Grubrich-Simitis est la suivante : « Freud, par sa fantaisie phylogénétique, a<br />

renouvelé, en vue d’une meilleure compréhension <strong>de</strong> la pathogenèse, l’effort théorique <strong>de</strong><br />

complexifier le modèle <strong>de</strong> la pulsion en y intégrant le facteur traumatique. Une tâche à laquelle nous<br />

sommes, aujourd’hui encore, confrontés » (p. 24)<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Mais la question n’est pas qu’essentiellement épistémologique et méta<strong>psycho</strong>logique : elle<br />

soulève également <strong>de</strong>s enjeux que l’on peut qualifier <strong>de</strong> plus « techniques », celui notamment <strong>de</strong><br />

savoir s’il y a lieu <strong>de</strong> différencier ou non les problématiques pour lesquelles une agression sexuelle<br />

infantile aurait bien été subie et celle où elle semble relever d’une construction fantasmatique<br />

Dans cette perspective, C. Janin (1996), quant à lui, fait du désaccord qui opposa Freud et Ferenczi<br />

une question à l’actualité toujours brûlante et l’on peut comprendre son <strong>travail</strong> comme une tentative<br />

d’intégration en un modèle cohérent du trauma les apports <strong>de</strong> l’un et <strong>de</strong> l’autre. Ainsi sa réflexion le<br />

conduit à dégager la formation d’un traumatisme en trois temps et <strong>de</strong>ux noyaux, le « noyau chaud »<br />

et le « noyau froid » ;<br />

- le premier temps, caractérisé par le non respect <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> l’enfant, est cause d’une atteinte<br />

narcissique : « c’est le noyau froid du traumatisme, non assimilé par le moi » (C. Janin, 1996, p. 39)<br />

- le <strong>de</strong>uxième temps est celui « d’une sexualisation du premier temps », sexualisation directe, active,<br />

ou négative, comme <strong>de</strong>s zones du corps faisant <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la mère objet d’évitement mais qui <strong>de</strong><br />

ce fait les « érogènéise » C’est ce que Janin dénomme le noyau chaud ;<br />

- le troisième temps, intervenant après la puberté, « constitue le noyau paradoxal constitué par ces<br />

<strong>de</strong>ux noyaux » (p. 40) ;<br />

Cette théorie l’amène à concevoir le <strong>travail</strong> analytique comme un <strong>travail</strong>, proche d’une construction,<br />

<strong>de</strong> qualification du noyau froid, afin <strong>de</strong> rendre possible une « historicisation » du traumatisme par le<br />

patient. Il affirme :<br />

Tel me paraît être en effet dans ces cas <strong>de</strong> patients traumatisés une <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> l’analyse que <strong>de</strong><br />

reconstruire patiemment le « noyau froid » et le « noyau chaud » <strong>de</strong> la situation traumatique : avec <strong>de</strong><br />

tels patients, nous sommes toujours sur la ligne <strong>de</strong> crête <strong>de</strong>s clivages (<strong>de</strong> l’imago, <strong>de</strong> l’objet, du Moi),<br />

et c’est ce en quoi nous sommes fondés à parler du traumatisme comme étant, dans son essence,<br />

paradoxal ; énoncer le paradoxe, interpréter le clivage, qualifier les vécus subjectifs du traumatisme,<br />

1 I. Grubrich-Simitis (2003) : Trauma ou pulsion - pulsion ou trauma, In Sur la théorie <strong>de</strong> la séduction, Libres<br />

cahiers pour la psychanalyse, Editions In Press, p. 21.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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