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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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91<br />

1.5. L’invention <strong>de</strong> la victimité contemporaine<br />

Cependant, cette légitimité nouvelle <strong>de</strong> la <strong>victimologie</strong> et<br />

l’acception désormais sereine <strong>de</strong>s troubles posttraumatiques<br />

résultent moins d’une révision <strong>de</strong>s théories<br />

psychiatriques et psychanalytiques que <strong>de</strong> la normalisation<br />

<strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s et <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> la<br />

représentation du traumatisme dans le mon<strong>de</strong> profane…<br />

Ce sont les <strong>victime</strong>s qui justifient la <strong>victimologie</strong>, et non<br />

l’inverse. (Fassin et Rechtman, L’empire du traumatisme, p.<br />

190)<br />

PLAN :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

1.5.1. La souffrance <strong>psychique</strong> comme nouveau paradigme<br />

1.5.2. <strong>Le</strong> droit <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s et la <strong>victimologie</strong><br />

1.5.3. <strong>Le</strong> traumatisme dans tous ses états<br />

1.5.4. <strong>Le</strong>s figures toujours renouvelées <strong>de</strong> la victimisation<br />

Auschwitz et Hiroshima ont incontestablement participé à l’effondrement <strong>de</strong> la conception<br />

strictement morale du mal. Partant, la sanction <strong>de</strong>s coupables ne pouvait plus se justifier<br />

uniquement <strong>de</strong> la seule monstruosité <strong>de</strong> leurs actes, mais aussi et peut être surtout du poids <strong>de</strong> leur<br />

responsabilité au regard <strong>de</strong>s autres hommes, et d’abord <strong>de</strong> ceux qui en furent les <strong>victime</strong>s directes. Si<br />

le procès <strong>de</strong> Nuremberg, en 1945 n’a laissé presque aucune place aux survivants et privilégié la<br />

production <strong>de</strong> documents écrits, celui d’Eichmann, en 1960, marque un virage dans la place qu’y<br />

tiennent les <strong>victime</strong>s dans le processus pénal, laissant une large part à leur témoignage, non<br />

seulement aux fins d’établissement <strong>de</strong>s crimes, mais aussi dans l’expression du caractère hors tout<br />

enten<strong>de</strong>ment du sort qui leur avait été fait.<br />

Cette place nouvelle participe et témoigne tout à la fois <strong>de</strong> ce qu’à la souffrance morale, émanation<br />

<strong>de</strong> la centralité <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la faute, était en passe <strong>de</strong> se substituer une toute autre souffrance,<br />

la souffrance <strong>psychique</strong>.<br />

<strong>Le</strong> traumatisme, <strong>de</strong>venu désormais <strong>psycho</strong>logique, va y trouver une importance débordant <strong>de</strong> toutes<br />

parts le seul domaine <strong>de</strong> la <strong>psycho</strong>pathologie et <strong>de</strong>s pratiques expertales et <strong>de</strong> soin, pour <strong>de</strong>venir<br />

une catégorie générale <strong>de</strong> l’expérience commune.<br />

1.5.1. La souffrance <strong>psychique</strong> comme nouveau paradigme<br />

S’il faut en croire Marcel Gauchet (1992), il faut remonter au début du 19 ième siècle pour<br />

trouver les premiers éléments <strong>de</strong> développement d’un processus général <strong>de</strong> transformation radicale<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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