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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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Wohlforth 17, pour ne nommer que ceux-là, se sont montrés très critiques <strong>de</strong> la politique<br />

étrangère <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong> George W. Bush et une majorité ont préconisé que les<br />

États-Unis <strong>de</strong>vraient plutôt diriger le système international <strong>de</strong> concert avec les<br />

institutions internationales et les autres gran<strong>de</strong>s puissances. Il va sans dire que ces<br />

débats interrogent la possibilité <strong>de</strong> maintenir ou non l'unipolarité systémique reposant<br />

sur la « superpuissance solitaire» américaine (Huntington, 1998). De plus, tous ces<br />

auteurs souscrivent à une vision scientiste, positiviste et empiriste <strong>de</strong>s Relations<br />

internationales. Par conséquent, ils ne sont pas du tout engagés dans la logique<br />

interprétative et constitutive <strong>de</strong> cette thèse et ne sont pas d'un grand secours pour elle.<br />

essentiellement la puissance militaire traditionnelle, et la puissance souple (soft power), qui met l'accent<br />

sur la séduction pour entraîner les autres à vouloir ce que vous voulez. C'est cette <strong>de</strong>rnière facette <strong>de</strong> la<br />

puissance qui intéresse particulièrement Nye. <strong>La</strong> puissance souple préfère la cooptation à la coercition.<br />

Plus que l'art <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r ou <strong>de</strong> convaincre les autres en argumentant, elle insiste sur le pouvoir<br />

d'attraction que l'on exerce sur les autres <strong>de</strong> façon à ce qu'ils en viennent à nous imiter (Nye, 2002­<br />

03 : 552). Une politique étrangère américaine qui veut à la fois utiliser ces <strong>de</strong>ux composantes <strong>de</strong> la<br />

puissance (brute et souple) doit ainsi avoir le plus souvent une approche multilatéraliste. En effet, selon<br />

Nye, c'est l'influence <strong>de</strong>s États-Unis sur les autres acteurs qui importe. Tout <strong>comme</strong> Ikenberry, Nye croit<br />

qu'il serait préférable pour les États-Unis <strong>de</strong> s'auto-restreindre et <strong>de</strong> s'asseoir sur leur puissance<br />

prépondérante pour assurer leur suprématie. Comme l'indique le sous-titre <strong>de</strong> son ouvrage après le Il<br />

septembre 2001, The Paradox of American Power: Why the World's Only Superpower Can't Go It<br />

Alone, les États-Unis ne peuvent agir seuls sur la scène internationale, malgré leur superpuissance (Nye,<br />

2002 : xiv-xvi et 38-39).<br />

16 Selon Walt, on peut croire qu'un mon<strong>de</strong> unipolaire sera viable tant et aussi longtemps que les États­<br />

Unis ne se feront pas plus menaçants. Walt souligne que la primauté <strong>de</strong>s États-Unis <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> [a<br />

guerre froi<strong>de</strong> maximise leur influence et, par conséquent, leur puissance. Les États-Unis jouissent d'une<br />

plus gran<strong>de</strong> liberté d'action et d'une plus gran<strong>de</strong> influence pour gérer l'ordre international, lequel s'avère<br />

plus stable ce faisant (Walt, 2002a: 14). Selon Walt, les États-Unis <strong>de</strong>vraient user <strong>de</strong> la force avec<br />

patience et dans un cadre multilatéral le plus souvent possible. En définitive, puisque l'influence sur les<br />

autres États est fondamentale pour les États-Unis, il voit <strong>comme</strong> négligeable le sacrifice <strong>de</strong>s États-Unis <strong>de</strong><br />

recourir aux institutions internationales dans l'affirmation <strong>de</strong> leur puissance: c'est une façon moins<br />

menaçante pour les autres États et, surtout, plus acceptable. Dans ses propres mots, « if the United States<br />

wants to exercise global lea<strong>de</strong>rship, it cannot simply compel; it must also persua<strong>de</strong> - and sometimes it<br />

will also need to compromise» (Walt, 2002a: 26).<br />

17 Pour William Wohlforth, le maintien <strong>de</strong> l'unipolarité dépend <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong>s dirigeants américains à<br />

gérer cette pax americana et à coopérer avec les autres États du système international (Wohlforth,<br />

1999: 37-39). Dans l'unipolarité, les capacités d'un État sont tellement gran<strong>de</strong>s que l'on ne peut leur<br />

faire contrepoids (Wolhforth, 2002 : 103-04 et 117-118). Selon Wohlforth, pour assurer le maintien <strong>de</strong><br />

leur primauté, les États-Unis doivent jouer selon les règles internationales, c'est-à-dire dans le respect du<br />

droit international et en privilégiant l'action multilatérale. Toutefois, ils doivent se réseJVer une porte <strong>de</strong><br />

sortie pour défendre leurs intérêts nationaux en agissant unilatéralement, même si cela implique d'aller à<br />

l'encontre <strong>de</strong>s institutions internationales. 11 faut, à ce moment, que les dirigeants soient conscients <strong>de</strong>s<br />

conséquences néfastes possibles et qu'ils présentent aux autres États cette situation <strong>comme</strong> une mesure<br />

d'exception.<br />

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