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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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Milner, Sankaran KIishna et Kathy Ferguson ont en ce sens bien raison <strong>de</strong> rétorquer<br />

que les<br />

the Pearl Harbor analogies that were so popular after the initial September Il attack pull our mental<br />

maps toward the reassuring promise of a clear enemy, a workable mi 1itary solution, and, best of ail, a<br />

total victory. The Bush administration's unwillingness to negotiate, to accept anything less than total<br />

victory, suggests that the World War Il mo<strong>de</strong>l of universal triumph vs. complete surren<strong>de</strong>r still<br />

operates in U.S. policy (Milner, Krishna, and Ferguson, 2001).<br />

Cette guerre sera matIicielle pour les États-Unis en tant que puissance stratégique<br />

globale, mais également quant à sa psyché collective et son imaginaire collectir? À ce<br />

7 Il ne fait aucun doute que c'est la nouvelle menace structurante construite par les gestionnaires<br />

américains <strong>de</strong> la peur et du risque qui sert sans réel débat à légitimer les actions d'une puissance<br />

« impériale démocratique» américaine, qui ne fait vraiment, il faut le reconnaître, que pousser à son<br />

paroxysme une logique présente <strong>de</strong>puis longtemps, et notamment dès les len<strong>de</strong>mains <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong><br />

Guerre mondiale. L'appel aux héros <strong>de</strong> la Deuxième Guerre mondiale, qui avaient combattu pour une<br />

cause «juste» et « noble », n'est pas une action innocente et cette rhétorique colore les actions <strong>de</strong><br />

l'administration Bush <strong>de</strong>puis les len<strong>de</strong>mains <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> septembre 2001. Le récit patriotique veut<br />

que ce soit à travers la guerre que les États-Unis se sont regénérés, que la « nation» qui avait « perdu son<br />

innocence» avec l'attaque sur Pearl Harbor allait révéler sa valeur et sa gloire toute puissante. D'ailleurs,<br />

en repensant à cette ban<strong>de</strong> annonce du film Pearl Harbor <strong>de</strong> Jerry Bruckheimer et <strong>de</strong> Michael Bay, qui a<br />

été diffusée au moins un an avant sa sortie en 2001, on est transporté dans l'état d'esprit <strong>de</strong> la marche à la<br />

guerre, on est dans une trame narrative qui nous prépare à la chose guerrière et au sentiment patriotique.<br />

À la fin <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> annonce, apparaît à l'écran, en sous-titres, la phrase: « it was the end of innocence<br />

and the dawn of a nation's greatest glory ». Cela ne saurait être plus clair. En nous intéressant <strong>de</strong> plus<br />

près à cette ban<strong>de</strong> annonce, nous pouvons remarquer à qilel point elle joue un rôle politique <strong>de</strong><br />

mobilisation nationale aux États-Unis dans le début tumultueux <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong> George W. Bush,<br />

élu dans un contexte très contesté. Dans la ban<strong>de</strong> annonce, nous entendons, <strong>de</strong>rrière les images qui nous<br />

montrent la vie quotidienne calme et paisible sur la base <strong>de</strong> Pearl Harbor (<strong>de</strong>s pilotes <strong>de</strong> chasse qui<br />

s'entraînent, <strong>de</strong>s infirmières et <strong>de</strong>s femmes étendant du linge et faisant la lessive), la voix du prési<strong>de</strong>nt<br />

Franklin Delano Roosevelt. Ces images seront brisées par la tragédie qu'est la guerre, « non désirée »,<br />

<strong>comme</strong> le Il septembre 2001 l'a été, une tragédie qui vient ôter à une nation son innocence (mais jamais<br />

sa prétention à cette innocence). FDR dit ainsi: « How long is America going to pretend that the world is<br />

not at war? From Berlin, Rome, and Tokyo, we have been <strong>de</strong>scribed as a nation of weaklings and<br />

playboys, who hire British or Russian or Chinese soldiers to do our fighting for us. We've been trained to<br />

think that we are invincible. But our people think Hitler and his Nazi thugs are Europe's problem. We<br />

have to do more. Does anyone think that victory is possible without facing danger? At times like these we<br />

ail need to be remin<strong>de</strong>d of who we truly are - that we will not give up. December 7th, 1941. A date<br />

which will live in infamy. The United States of America was sud<strong>de</strong>nly and <strong>de</strong>liberately attacked by the<br />

empire of Japan. We are at war. Tell that to the soldiers who today are hitting hard in the far waters of the<br />

Pacific. Tell that to the boys in the flying fort l'esses. Tell that to the Marines» (FDR. 1942). Ces images<br />

mêlées au discours militariste, vibrant et patriotique du prési<strong>de</strong>nt avaient été peaufinées et dédiées à une<br />

audience américaine. Quand on repense au moment <strong>de</strong> sa sortie, le 25 mai 2001 - avant le Il septembre<br />

2001 donc - et qu'on repense à la suite <strong>de</strong>s événements, on ne peut s'empêcher <strong>de</strong> se dire « Quelle<br />

coïnci<strong>de</strong>nce! ». En sachant que le film a ensuite connu un succès bœuf pour sa sortie DVD (un marché<br />

très lucratif désormais) à Noël 2001, on peut certes croire que le climat <strong>de</strong> sacrifice, <strong>de</strong> sens <strong>de</strong> l'honneur<br />

et d'héroïsme que ce film cherche à véhiculer a joué un rôle mobilisateur central au sein <strong>de</strong> la nation<br />

américaine dans la Guerre contre la terreur déclarée par l'Administration Bush.<br />

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