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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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L'antagonisme politique est le plus fOlt <strong>de</strong> tous, il est l'antagonisme supreme, et tout conflit concret<br />

est d'autant plus politique qu'il se rapproche advantage <strong>de</strong> son point extrême, <strong>de</strong> la configuration<br />

opposant l'ami et l'ennemi (Schmitt, 1992 : 67-68).<br />

Schmitt explique qu'il n'y a pas <strong>de</strong> guerres d'humanité, car « l'humanité n'est pas<br />

un concept politique, aussi n'existe-t-il nulle unité ou communauté politique, nul status<br />

qui lui correspon<strong>de</strong>» (Schmitt, 1992: 97; en italiques dans l'original). Dans cette<br />

conception <strong>de</strong> l'humanité, à laquelle le droit international libéral réfère, le concept<br />

d'humanité met en cause que « ne soit éliminée l'éventualité effective du combat et que<br />

ne soit rendu impossible tout regroupement en amis et ennemis» (Schmitt, 1992 : 97).<br />

Carl Schmitt souligne ainsi que l'universalisme était l'un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la puissance<br />

impériale américaine que « les déclarations américaines <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme sont<br />

[...] conçues <strong>comme</strong> une sorte <strong>de</strong> nouvel1e naissance <strong>de</strong> l'humanité» (Schmitt,<br />

2001 : 285-286).<br />

L'humanité en tant que telle ne peut pas faire la guerre, car elle n'a pas d'ennemi, du moins sur cette<br />

planète. Le concept d'humanité exclut le concept d'ennemi parce que l'ennemi lui-même ne laisse 'o<br />

[sic] pas d'être un homme et qu'il n'y a là aucune distinction spécifique. [...] Quand un État combat<br />

son ennemi politique au nom <strong>de</strong> l'humanité, ce n'est pas une guerre <strong>de</strong> l'humanité mais bien plutôt<br />

une <strong>de</strong> celles où un État donné affrontant J'adversaire cherche à accaparer un concept universel pour<br />

s'i<strong>de</strong>ntifier à celui-ci (aux dépens <strong>de</strong> l'adversaire), <strong>comme</strong> on abuse d'autre part <strong>de</strong> la paix, <strong>de</strong> la<br />

justice, du progrès et <strong>de</strong> la civilisation en les revendiquant pour soi tout en les déniant à l'ennemi<br />

(Schmitt, 1992 : 96).<br />

Comme l'explique Schmitt, en ce sens, il n'est pas faux <strong>de</strong> dire que les États-Unis,<br />

en disant agir pour le bien-être <strong>de</strong> l'humanité dans l'Espace dans la promotion d'un<br />

discours pour la préparation au contrôle global <strong>de</strong> l'Espace, instrumentalisent le<br />

concept d'humanité dans un projet d'« expansion impérialiste» (Schmitt, 1992: 96).<br />

D'également ajouter Schmitt,<br />

On peut appliquer à ce cas, avec la modification qui s'impose, un mot <strong>de</strong> Proudhon: "Qui dit<br />

humanité veut tromper". Étant donné qu'un nom aussi sublime entraîne certaines conséquences pour<br />

celui qui le porte, le fait <strong>de</strong> s'attribuer ce nom d'humanité, <strong>de</strong> l'invoquer et <strong>de</strong> le monopoliser, ne<br />

saurait manifester une prétention effrayante à faire refuser à l'ennemi sa qualité d'être humain, à le<br />

faire déclarer hors la loi et hors l'humanité et partant à pousser la guerre jusqu'aux limites extrêmes<br />

10 Dans la traduction française, il y a clairement une erreur. En anglais (nous nous excusons pour la<br />

version alleman<strong>de</strong>, que nous ne pouvons pas traduire nous-mêmes), il est dit, dans la version traduite par<br />

George Schwabb, « because the enemy does not cease to be a human being »(Schmitt, 1932 [1996] : 54).<br />

<strong>La</strong> version française <strong>de</strong>vrait plutôt se lire <strong>comme</strong> suit: « parce que l'ennemi lui-même ne cesse pas d'être<br />

un homme» au lieu <strong>de</strong> « laisse ».<br />

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