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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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siècle. Le problème spatial <strong>de</strong> la mer est d'être à la fois un théâtre <strong>de</strong> guerre et un havre<br />

<strong>de</strong> paix, un espace où la guerre et la paix entrent en collision. Schmitt s'intéresse ainsi<br />

au «sens originel et élémentaire <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong>s mers» (Schmitt, 2001 : 179 ; c'est<br />

nous qui soulignons), c'est-à-dire qu'il s'appuie sur « la très ancienne, originelle et<br />

élémentaire conviction que le droit et la paix ne trouvent jamais à se fixer que sur<br />

terre ». Et pour Schmitt, aux origines, la liberté élémentaire signifie l'absence <strong>de</strong><br />

propriété ou <strong>de</strong> droit, et c'est cette liberté élémentaire qu'il accole aux océans<br />

mondiaux (Schmitt, 2001 : 175). Elle stipule que « la mer est inaccessible au droit et à<br />

l'ordre humain et [qu'elle] reste un espace où l'on mesure librement ses forces»<br />

(Schmitt, 2001 : 181). Cette position n'est ni plus ni moins une reconnaissance <strong>de</strong> la<br />

mer <strong>comme</strong> un état <strong>de</strong> nature, <strong>comme</strong> <strong>l'espace</strong> international où on peut voir un <strong>champ</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>bataille</strong> prendre forme et où la loi du plus fort prévaut. Cette position sur la liberté<br />

<strong>de</strong>s mers <strong>de</strong>meurera jusqu'à la paix d'Utrecht <strong>de</strong> 1713, qui va reconnaître une certaine<br />

limitation souveraine, où on verra une appropriation souveraine <strong>de</strong> Ja mer <strong>de</strong> trois<br />

milles marins <strong>de</strong> zone côtière, faisant alors <strong>de</strong> la haute mer une zone exempte <strong>de</strong> J'ordre<br />

spatial étatique <strong>de</strong> la terre ferme (Sclunitt, 2001 : 181). Cette limitation exigera en outre<br />

<strong>de</strong>s États d'avoir un certain contrôle sur les navires <strong>de</strong> leurs sujets (ce qui durera<br />

jusqu'à la guerre sous-marine <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Guerre).<br />

Bien qu'on associe le concept <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong>s mers à Grotius et qu'on ait associé à son<br />

écrit - Mare Liberum, rédigé en 1604 - une nouvelle phase <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong>s mers,<br />

Sclunitt croit qu'il faille plutôt accoler le nom <strong>de</strong> Sir Philipp Meadows lorsqu'on en<br />

veut penser la liberté <strong>de</strong>s mers dans son sens élémentaire et originel servant à la<br />

puissance. Dans son ouvrage Observations Concerning the Dominion and Sovereignty<br />

ofthe Seas paru en 1689, il aurait été le premier à avoir « compris» (selon Sclunitt) que<br />

la puissance britannique passait par une domination <strong>de</strong>s océans mondiaux reposant sur<br />

le principe <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong>s mers (Schmitt, 2001 : 179). Pour Schmitt, si on parle <strong>de</strong> la<br />

liberté <strong>de</strong>s mers, c'est que le vrai problème est celui <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong><br />

pouvoir mener une guerre sur mer. <strong>La</strong> liberté <strong>de</strong> l'Espace reprend cette même logique.<br />

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