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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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suivant la conception schmittienne du Nomos <strong>de</strong> la terre (2001), et la conception <strong>de</strong><br />

<strong>l'espace</strong> produit par la guerre, il n'est pas surprenant que la stratégie militaire spatiale<br />

parte <strong>de</strong> la stratégie militaire maritime, <strong>de</strong> l'influence <strong>de</strong> la pensée stratégique <strong>de</strong><br />

Mahan, qui a servi <strong>de</strong> justification pour la montée en puissance <strong>de</strong>s États-Unis et leur<br />

volonté <strong>de</strong> puissance globale (Mendieta, 2006 : 217).<br />

2.2 De la suprématie maritime à la suprématie spatiale<br />

L'Angleterre avait fixé le nomos <strong>de</strong> la terre à partir <strong>de</strong> la mer - par une prise <strong>de</strong> mer­<br />

et la globalité va prendre forme en filigrane <strong>de</strong> l'opposition entre les espaces terrestres<br />

et maritimes. Pour Schmitt, l'apparition d'un nomos global est liée au <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> la<br />

liberté <strong>de</strong>s mers, car dans le droit <strong>de</strong>s gens européens, « la mer reste en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout<br />

ordre spatial spécifiquement étatique. Elle n'est ni territoire étatique, ni espace colonial,<br />

ni susceptible d'occupation. Elle est libre <strong>de</strong> toute forme d'autorité spatiale étatique»<br />

(Schmitt, 2001 : 171). <strong>La</strong> liberté spatiale <strong>de</strong>s mers établie par l'Angleterre par sa prise<br />

<strong>de</strong> la mer libre est cruciale, car elle est non étatique. Dans un moment fort <strong>de</strong> la<br />

piraterie maritime, entre le XV e et le XVIIe siècles, les marins anglais ont fait en sorte<br />

<strong>de</strong> favoriser une liberté <strong>de</strong>s mers qui effaçaient les distinctions entre public et privé,<br />

entre États et particuliers, qui mettait en place aussi'une liberté du <strong>comme</strong>rce maritime<br />

(Schmitt, 2001 : 173-174). C'est donc avec l'ouverture <strong>de</strong>s océans qu'apparaît une<br />

opposition entre les ordres spatiaux terrestres et maritimes et «que la première vision<br />

globale <strong>de</strong> la terre fut née» (Schmitt, 2001 : 59).<br />

Il faut cependant noter que Schmitt ne suit pas la position d'un bien commun, d'un<br />

res omnium, d'un usage commun à tous, mais une conception hobbésienne <strong>de</strong> la<br />

liberté: la liberté <strong>de</strong>s mers est la liberté qui existe dans l'état <strong>de</strong> nature <strong>de</strong> Hobbes, car<br />

« c'est un signe <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> nature que tout appartienne à tous» et que le plus fort<br />

risque <strong>de</strong> préserver la liberté en disant agir au nom du droit <strong>de</strong> tous. Il parle <strong>de</strong> la<br />

« guerre <strong>de</strong> livres <strong>de</strong> cent ans»Il sur la liberté <strong>de</strong>s mers déclenchée au milieu du XVIe<br />

Il L'expression est d'Ernest Nys et est reprise par Schmitt.<br />

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