29.06.2013 Views

La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Richard Hofstadter lorsqu'il écrit que « [i]t has been our fate as a nation not to have<br />

i<strong>de</strong>ologies but to be one» (Richard Hofstadter, cité dans Lipset, 1996 : 18).<br />

Pour sa part, le philosophe politique Jacques Rancière exprime la tension<br />

jeffersonienne du libéralisme américain <strong>comme</strong> la présence d'un double discours sur la<br />

démocratie qui dénote une crise <strong>de</strong> la démocratie, et c'est souvent à travers l'expérience<br />

américaine que ce double discours est exprimé: « Les mêmes critiques qui dénoncent<br />

sans relâche cette Amérique démocratique d'où nous viendrait tout le mal du respect<br />

<strong>de</strong>s différences, du droit <strong>de</strong>s minorités et <strong>de</strong> l'affirmative action sapant notre<br />

universalisme républicain sont les premiers à applaudir quand la même Amérique<br />

entreprend <strong>de</strong> répandre sa démocratie à travers le mon<strong>de</strong> par la force <strong>de</strong>s armes»<br />

(Rancière, 2005 : 9). En effet, critiquant la haine <strong>de</strong> la démocratie, Rancière indique<br />

<strong>comme</strong>nt les<br />

arguments qui soutiennent les campagnes militaires <strong>de</strong>stinées à J'essor mondial <strong>de</strong> la démocratie<br />

révèlent le paradoxe que recèle aujourd'hui "usage dominant <strong>de</strong> ce mot. <strong>La</strong> démocratie y paraît avoir<br />

<strong>de</strong>ux adversaires. D'un côté elle s'oppose à un ennemi clairement i<strong>de</strong>ntifié, le gouvernement <strong>de</strong><br />

l'arbitraire, le gouvernement sans limite que ['on appelle selon les temps tyrannie, dictature ou<br />

totalitarisme. Mais cette opposition évi<strong>de</strong>nte en recouvre une autre, plus intime. Le bon gouvernement<br />

démocratique est celui qui est capable <strong>de</strong> maîtriser un mal qui s'appelle tout simplement vie<br />

démocratique (Rancière, 2005 : 13).<br />

Le rapport étroit entre libéralisme, démocratie et nationalisme a rendu possible la<br />

notion d'américanisme et exprime les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité nationale que le discours<br />

dominant présente <strong>comme</strong> étant le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> chaque Américain <strong>de</strong> non seulement<br />

accepter, mais <strong>de</strong> défendre avec patriotisme. C'est dans ce contexte qu'on doit ainsi<br />

comprendre l'action <strong>de</strong>s néoconservateurs à vouloir se prétendre les dépositaires<br />

authentiques <strong>de</strong> l'américanisme.<br />

Dans notre analyse, en stricte continuité avec ce que nous avons déjà avancé en<br />

rapport à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Robert Kagan sur l'histoire <strong>de</strong>s États-Unis <strong>comme</strong> « nation<br />

dangereuse », nous suivons davantage l'interprétation <strong>de</strong> l'histoire intellectuelle<br />

américaine développée par Joyce Appleby, qui prétend que le libéralisme (lockéen)<br />

rend mieux compte <strong>de</strong> l'évolution idéologique et politique aux États-Unis à partir <strong>de</strong><br />

218

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!