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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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Dire et écrire la sécurité n'est ainsi jamais un acte innocent mais un acte éminemment<br />

politique (Huysman, 1998: 177-202); c'est pourquoi les étu<strong>de</strong>s traditiolUlelles <strong>de</strong><br />

sécurité sont loin d'être une évaluation objective <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> sécurité et constituent<br />

plutôt un geste politique à la défense <strong>de</strong> l'État. D'un point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong> la<br />

connaissance, les étu<strong>de</strong>s traditiolUlelles <strong>de</strong> la sécurité (aussi connues <strong>comme</strong> les étu<strong>de</strong>s<br />

stratégiques) fOUDÙssent une sorte <strong>de</strong> répertoire interprétatif qui permet aux acteurs les<br />

plus influents <strong>de</strong> ce système <strong>de</strong> pouvoir s'arroger <strong>de</strong>s responsabilités « pour le bien du<br />

système international» (Klein, 1997: 363). L'analyste poststructuraliste Bradley Klein<br />

va même dire que l'ordre mondial d'après-Deuxième Guerre mondiale a été construit à<br />

travers le prisme <strong>de</strong> la sécurité: elle est <strong>de</strong>venue une stratégie <strong>de</strong> puissance pour les<br />

sociétés libérales pour mener à bien à la fois la décolonisation et une hégémonie<br />

néolibérale occi<strong>de</strong>ntale, sous lea<strong>de</strong>rship américain, pour assurer un ordre mondial<br />

stable, sécurisé et plus interdépendant (Klein, 1997 : 362). Les étu<strong>de</strong>s traditionnelles <strong>de</strong><br />

sécurité ne sont donc pas <strong>de</strong>s dispositions neutres sur l'équilibre <strong>de</strong>s puissances et les<br />

rapports <strong>de</strong> force dans la politique mondiale, mais une prise <strong>de</strong> position sur le mon<strong>de</strong><br />

qui fait partie <strong>de</strong> la politique mondiale (Behnke, 1999 : 89-105). Pour ces « intellectuels<br />

<strong>de</strong> la défense », l'ordre mondial repose sur la puissance militaire et sur les interactions<br />

entre les unités politiques jugées les plus importantes que sont les États et les gran<strong>de</strong>s<br />

puissances. Les considérations sécuritaires <strong>de</strong>s États constituent, selon eux, les forces<br />

motrices et immuables <strong>de</strong> la politique mondiale (Klein, 1994 : 17-19), d'où l'allusion à<br />

une onto-théologie <strong>de</strong> la sécurité chez certains poststructuralistes (Der Derian,<br />

1993 : 99). Ken Booth fait d'ailleurs remarquer combien «Realist-driven security<br />

studies continues to survive and flourish » (Booth, 2005 : 9), parce que ceux qui les<br />

pratiquent en retirent souvent un accès plus direct au pouvoir politique et leur savoir<br />

centré sur une vision mondiale militarisée <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong>vient ipso facto ainsi plus<br />

important que d'autres.<br />

En parlant du langage <strong>de</strong>s stratégies sécuritaires et militaires et <strong>de</strong>s discours<br />

théoriques qui les ont traditionnellement analysés, on en vient à voir les étu<strong>de</strong>s<br />

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