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La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

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également sur les « guerres froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'esprit », qui conditionnent les déci<strong>de</strong>urs à une<br />

réponse automatique à la violence politique par la force militaire (Booth, 1998 : 31). Le<br />

<strong>de</strong>rnier usage métaphorique en liste met en relief la construction rhétorique par les<br />

dirigeants étatiques <strong>de</strong>s États-Unis du terrorisme et <strong>de</strong> sa terreur <strong>comme</strong> <strong>de</strong>s défis<br />

militaires. Bien que cette situation conflictuelle les mette aux prises avec un acteur non­<br />

étatique qui puisse difficilement être i<strong>de</strong>ntifié <strong>comme</strong> un agent <strong>de</strong> violence politique,<br />

les élites <strong>de</strong> la sécurité nationale américaines ont décidé d'élaborer <strong>de</strong>s stratégies qui<br />

aspirent malgré tout à une victoire militaire. Ils engagent les ressources militaires <strong>de</strong><br />

l'État afin « to <strong>de</strong>feat a politically organized human enemy in the form of a state or a<br />

collective actor aspiring to control a particular state» (Wilmer, 2003: 221). <strong>La</strong><br />

rhétorique <strong>de</strong> la Guerre contre la terreur entraîne en ce sens à la fois un rejet<br />

catégorique <strong>de</strong> la terreur que <strong>de</strong>s Autres menaçants pourraient infliger aux Américains<br />

et une constante réactivation <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> leur faire la guerre. En effet, <strong>comme</strong><br />

l'expose avec justesse François Debrix, la réponse américaine à la terreur relève plutôt<br />

d'un sentiment d'abjection: les États-Unis rejettent la terreur tout en étant fascinée par<br />

celle-ci (Debrix, 2005 : 1157). L'abjection les amène ainsi à s'aligner sur une menace<br />

ou une terreur qui leur semble impensable ou trop horrible, « as tempting as it is<br />

con<strong>de</strong>mned » (Julia Kristeva, citée dans Debrix, 2005 : 1158).<br />

<strong>La</strong> terminologie <strong>de</strong> la guerre pour traiter du terrorisme laisse aussi paraître « a<br />

certain power structure in the relations among discoursing subjects (as well as silenced<br />

subjects) »(Wilmer, 2003 : 242). Comme l'avance Franke Wilmer:<br />

Our inability to use the language of war, political violence, and use of military force to <strong>de</strong>bate, sort<br />

through, or interpret the events in Bosnia over four years either in terms of interests or ethics, and to<br />

formulate a policy to end an ongoing humanitarian crisis reflects the failure of episteme in IR. The<br />

language of IR discourse has done little more than reproduce narratives that naturalize communal<br />

rivalries and rationalize collective violence as inevitable, even if the names of the communal actors<br />

have changed within a series of successive metanarratives ITom city-states, to empires, to ("mo<strong>de</strong>m,"<br />

or "Westphalia") states, to "nation"-states, and now ethnie groups (Wilmer, 2003 : 233).<br />

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