29.06.2013 Views

La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

La généalogie de l'espace comme "champ de bataille ... - Archipel

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

À prime abord, il peut paraître surprenant que la protection du territoire national<br />

américain n'ait jamais été la priolité <strong>de</strong>s forces armées américaines. Il convient ici<br />

d'expliquer cette particularité américaine. En théorie, ce qu'on conçoit <strong>comme</strong> étant la<br />

« sécurité intérieure» correspond à la vision traditionnelle <strong>de</strong> la sécurité nationale, qui a<br />

été définie <strong>comme</strong> la protection contre <strong>de</strong>s attaques extérieures 10. Si la protection du<br />

territoire national -1 a sécurité nationale traditionnelle - a toujours été considérée<br />

<strong>comme</strong> étant <strong>de</strong> la plus haute importance (Sarkesian, 1995: 7), la nouveauté<br />

qu'introduit la pério<strong>de</strong> post-Il septembre rési<strong>de</strong> dans la façon <strong>de</strong> l'assurer et <strong>de</strong> la<br />

concevoir. <strong>La</strong> stratégie <strong>de</strong> sécurité nationale <strong>de</strong>meure associée à une défense avancée<br />

(jorward <strong>de</strong>fense) <strong>de</strong>s intérêts nationaux américains: la sécurité nationale continue<br />

d'être d'abord assurée <strong>de</strong> l'extérieur. Une stratégie pour la sécurité intérieure est donc<br />

apparue nécessaire pour l'administration du prési<strong>de</strong>nt George W. Bush. Si la priorité à<br />

la sécwité intérieure est désormais donnée aux forces américaines, leurs missions en<br />

cette matière restent toutefois à préciser, ainsi que les implications <strong>de</strong> cette nouvelle<br />

préoccupation sm la politique <strong>de</strong> sécurité nationale (Grondin, 2003). L'une <strong>de</strong>s idées<br />

maîtresses sous-tendant la nouvelle orientation sécmitaire <strong>de</strong>s États-Unis stipule que<br />

10 Les visions traditionnelles définissent la sécurité nationale <strong>de</strong> façon étroite, la limitant à la protection<br />

d'intérêts politiques et économiques pour éviter que soit menacées les valeurs fondamentales et la vitalité<br />

<strong>de</strong> l'État et <strong>de</strong> sa population. Cette définition est toutefois insuffisante, car elle évacue complètement les<br />

dimensions psychologiques, sociales et diplomatiques. On doit au politologue Arnold Wolfers d'avoir<br />

mis en exergue les <strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong> la sécurité nationale: le côté objectif, dont la composante est dite<br />

physique et le côté subjectif, qui concerne la composante psychologique (Wolfers, 1962: 147-165). <strong>La</strong><br />

dimension objective renvoie à « the absence of threat to acquired values », ce qui comprend la<br />

continuation <strong>de</strong> l'indépendance nationale, la préservation du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie américain, <strong>de</strong>s processus et<br />

libertés démocratiques et <strong>de</strong>s autres principes chers aux Américains. <strong>La</strong> dimension subjective concerne<br />

« the absence of fear that the values will be attacked» (Crabb, lr. et Mulcahy, 1991 : 4-5). Ces <strong>de</strong>ux<br />

dimensions sont présentes dans la compréhension réaliste du concept <strong>de</strong> sécurité nationale. Or, cette<br />

conception ne considère pas du tout la dialectique sécurité/insécurité, laquelle est cruciale pour<br />

comprendre la sécurité <strong>comme</strong> un processus relationnel plutôt qu'un état et pour revoir la sécurité pensée<br />

à travers ('État. Ce n'est qu'avec Barry Buzan, en 1983, qu'un questionnement se fera sur le fait que la<br />

population ne doive pas vivre dans un état d'insécurité. Il sera le premier mettre en cause l'État <strong>comme</strong><br />

source <strong>de</strong> sécurité et <strong>comme</strong> production d'insécurité pour l'individu en le présentant <strong>comme</strong> étant à la<br />

fois le protecteur et une menace aux valeurs personnelles et politiques d'une société libérale (Buzan<br />

1983 : 20-21). Le sempiternel problème du concept <strong>de</strong> la sécurité nationale s'avère alors <strong>de</strong> renvoyer à<br />

cette dualité <strong>de</strong> sens, ce qui signifie qu'il faille que les citoyens <strong>de</strong> ces sociétés apprennent à vivre avec<br />

cette contradiction dans les termes: avec la sécurité nationale, la menace à l'État est à sa souveraineté<br />

alors que la menace à la société est à son i<strong>de</strong>ntité.<br />

273

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!