tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

PAUL LAMBOTTE 93
la et n'était pas venu se confondre dans l'immense dépôt
qui constitue le Musée des Uffizi à Florence.
Au cours des séances de travail du III e Congrès International
Artistique réuni à Gand en juillet 1913. (1) M. Jules
Brunfaut, architecte Bruxellois éminent, a développé des
arguments en faveur de la création d'un Musée Idéal qui
serait une sélection, une concentration de chefs-d'œuvre.
L'orateur n'a pas indiqué s'il conviendrait de réunir dans
un Musée unique des chefs-d'œuvre épars, s'il entendait
dépouiller les Musées et les dépôts secondaires de leurs
plus précieux trésors en faveur des Musées principaux des
grandes capitales. Son vœu, peut-être mal compris, a
paru utopique. Il a suscité la critique des adversaires
d'une centralisation excessive.
Je suis porté à abonder dans le même sens et à souhaiter
plutôt l'éparpillement que l'accumulation des objets
d'art.
Il ne me paraît pas désirable de chercher à complaire
aux automobilistes pressés et de grouper à leur intention,
en un seul ensemble, en vue d'un examen sursif le dessus
du panier des divers Musées, de façon à leur éviter toute
perte de temps.
Une œuvre d'art perd bien souvent de son attrait quand
on la change de milieu et, sans rien exagérer, il faut
autant que possible maintenir l'existence des petits dépôts,
des petites collections locales dont un ou deux joyaux
rendent la visite indispensable. Tant pis pour les gens
qui n'ont pas le temps d'explorer un pays à l'aise, d'y
séjourner et d'y flâner. Ils ne sont pas intéressants, leurs
coups d'œil hâtifs sur les chefs-d'œuvre devant lesquels
ils passent ne les émeuvent ni ne les instruisent.
Je voudrais supposer — et cela peut paraître petit à
petit réalisable — que chaque ville arrivera à posséder des
(1) Le premier Congrès eut lieu à Rome en 1911, le second à
Paris en 1912, le troisième, réuni à l'occasion de l'exposition Universelle
de Gand, a tenu des séances à Gand, à Bruxelles, à Bruges,
à Ostente, etc., etc.