tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

LA QUESTION WALLONNE
ET LES CATHOLIQUES (1)
La « question wallonne » partage le sort de toutes les
idées dont la cuisante actualité suscite autant de sympathies
que de colères.
En général, la masse, comme quelqu'un qui a bien dîné,
n'aime pas être dérangée. Elle a acquis des habitudes de
penser, sa langue est largement pourvue de poncifs, ses
opinions répugnent à la discussion sur des terrains où son
journal ne l'a point encore menée et pour peu que ses intérêts
soient assurés, elle n'a qu'irritation contre les importuns
qui osent prétendre que tout n'est pas pour le mieux
dans le monde des satisfaits.
Telle fut, peut-être, devant le problème nouveau l'impression
de nombreux compatriotes qui trouvaient que sur
trop de questions déjà, le pays était divisé et que le mouvement
grandissant d'action wallonne devenait menaçant
pour la quiétude publique.
D'autres, Wallons de race, métissés par cette seconde
patrie qu'est pour le' Belge, le parti politique auquel il
appartient, subirent la fâcheuse influence de considérations
étrangères. Les préoccupations électorales agirent autant
sur les enthousiasmes des « Wallons toujours » que sur
l'opposition de leurs adversaires.
Dans l'ensemble, les catholiques refusèrent leur coopération
aux organisations naissantes. Avec une allure déci-
(1) La Belgique Artistique et Littéraire, qui accueille la défense
de toutes les opinions et l'exposé de toutes les thèses, publie cet
article sans prendre parti pour ou contre les idées qui y sont exprimées.
L'auteur en garde l'entière responsabilité.