tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

132 GUSTAVE VANZYPE
l'industriel troublé se demande soudain s'il n'a pas méconnu
son devoir, si c'est par l'avilissante aumône qu'il
faut secourir le malheureux, s'il n'y a pas, de ce côté,
quelque chose à faire...
Je ne connais l'Aumône que par les compte-rendus des
critiques et ne puis qu'enregistrer ce que disait l'un deux,
M. Lucien Solvay, au lendemain de la première :
« Par la seule vigueur de sa pensée, par la seule
éloquence de sa parole, disant nettement en termes qui
précisent et colorent les idées, par la seule simplicité de
son art, très sincère, très franc et très rude, M. Vanzype
a fait entendre au public des choses étranges, nouvelles,
émouvantes, des choses auxquelles sans doute il n'avait
pas songé, et qui le feront réfléchir ; il l'a forcé à prendre
intérêt quand même aux pires misérables, aux vagabonds
les plus loqueteux, aux faméliques les plus repoussants,
et à écouter une voix, la voix d'une vague conscience,
éveillant en nous des responsabilités inconnues.
« Ce résultat doit faire oublier — ou faire accepter —
les maladresses, les duretés, le volontaire mépris de toutes
les conventions scéniques que l'auteur accumule à plaisir,
ne poursuivant qu'un but, celui de s'exprimer dans la
forme la plus adéquate, la plus fidèle à sa pensée ; et il
est certain que cette forme, à peine scénique, s'impose,
par l'accent même de sa franchise toute personnelle. On
peut dire que, dans les œuvres de M. Vanzype, et dans
celle-ci particulièrement, le moment, la vie, qui constituent
l'essence même du théâtre, sont bien moins dans
l'action apparente que dans le langage; et la vie ainsi
rendue, est asurément plus haute que la banale agitation
de fantoches qui trop souvent remplit le cadre des pièces
de théâtre habituelles. »
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Les Etapes, pièce en trois actes représentée pour la
première fois au théâtre du Parc le 29 janvier 1907, y
fut reprise au cours de la saison belge de 1910. Invité