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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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ARTHUR DE RUDDER 147<br />

habitée par les petit-fils <strong>de</strong> Goethe, Wolf et Walter —<br />

gens maladifs dont l'un avait le titre <strong>de</strong> conseiller <strong>de</strong> légation<br />

— et qui était restée dans le même état que Goethe<br />

l'avait laissée à sa mort. Par un sentiment exagéré <strong>de</strong> piété<br />

poyr leur grand-père ; ils habitaient les pièces <strong>de</strong>s mansar<strong>de</strong>s<br />

et ce n'était que lorsque venait — <strong>de</strong> Vienne, je<br />

crois — leur mère Ottilie — que s'ouvrait le grand<br />

salon vert du premier étage où Goethe recevait ses hôtes.<br />

» Souvent lorsqu'à la fenêtre je lisais un ouvrage <strong>de</strong><br />

Goethe et que <strong>de</strong> mon livre mes yeux se fixaient sur la<br />

maison située en face <strong>de</strong> la mienne, je croyais voir <strong>de</strong>vant<br />

moi Goethe en chair et en os.<br />

« Tes efforts et ton but constants sont <strong>de</strong> donner à la<br />

vérité une forme poétique, les autres cherchent à réaliser<br />

ce qu'ils appellent <strong>de</strong> la poésie, <strong>de</strong> l'imagination et cela<br />

ne donne qu'un pitoyable instrument. » C'est par ces mots<br />

que dans Vérité et poésie Merck caractérise Goethe et si<br />

l'on va au parc <strong>de</strong> Weimar, ou à Tiefurt, au Belvédère<br />

ou à Ettertburg, partout on reconnaît ]a vérité à laquelle<br />

le poète a donné la forme poétique. Et quand je lis Madame<br />

Bovary ou Balzac, Niels Lyhne ou Dostoiewsky, je vois<br />

se vérifier la parole <strong>de</strong> Goethe : « l'esprit <strong>de</strong> la réalité est<br />

le véritable idéal. »<br />

» Pour Goethe, j'ai oublié Schiller dont le Wallenstein<br />

et la Fiancée <strong>de</strong> Messine m'avaient fort déplu en classe, et<br />

il n'y a que dix ou douze ans que j'y suis revenu. J'avais<br />

trouvé par hasard sur la table <strong>de</strong> ma fille un volume <strong>de</strong><br />

Schiller. Je commençai à lire Cabale et Amour, et je fus<br />

si fortement pris que non seulement je lus la pièce jusqu'à<br />

la fin, mais encore dans la même journée Fiesque et les<br />

Brigands. Puis je lus ses merveilleux traités d'esthétique,<br />

et « ses naïves et sentimentales directions » me parurent<br />

aussi précieuses que les écrits <strong>de</strong> Lessing.<br />

» Mais j'ai encore en moi cette naïve conception que le<br />

vrai poète est le lyrique exprimant ses sentiments en vers,<br />

et les vers que je préfère sont ceux qui sont rimés.<br />

» Naturellement je m'intéresse vivement à la poésie con-

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